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Le collectif Richtung 22 défie frEsch


Il y a un an, le collectif Richtung 22 réclamait la démission de Pim Knaff, président de frEsch et échevin d’Esch, pour fraude fiscale. 

Le collectif artistique a décidé de ne pas quitter le Bâtiment 4, comme le lui impose l’ASBL frEsch, responsable des lieux. L’affaire va se poursuivre en justice. Riichtung 22 parle de censure.

C’est donc la justice qui tranchera. Le collectif artistique Richtung 22 qui occupe depuis 2021 des locaux dans le Bâtiment 4 à Esch, a décidé de ne pas se plier aux désirs de frEsch de les voir partir. Richtung22 est un collectif artistique engagé. «Avec nos projets, nous essayons de formuler des critiques créatives et de lancer des discussions importantes. Nous voulons polariser pour rendre les problèmes visibles et arracher l’art à son cadre élitiste», se décrit-il sur son site.

C’est sans doute ce qui gêne l’ASBL frEsch, responsable du Bâtiment 4, de la Konschthal et du Bridderhaus, mais aussi organisatrice des principaux événements culturels d’Esch-sur-Alzette. Elle a résilié le contrat début avril avec le collectif Richtung 22, lui reprochant de mal entretenir les locaux. La bataille est engagée depuis un an. «Une année de stress, de pression, de mensonges et d’hostilité», écrit le collectif.

En décidant de ne pas quitter les lieux, Richtung 22 s’expose à des poursuites judiciaires. Dans leur communiqué, ils parlent de menaces de poursuites, elles ont été confirmées par le directeur de l’ASBL, Loïc Clairet, qui s’est exprimé sur les ondes de 100.7.

«Notre position, elle est là. Donc maintenant, j’ai envie de dire, c’est à eux de montrer leur bonne volonté et qu’ils ont un souhait de trouver une solution qui est convenable pour nous. Aujourd’hui, nous, on repartira pas en arrière, mais ce n’est pas à moi, j’ai de toute façon aucune possibilité en tant que directeur de frEsch, de leur proposer un autre lieu, puisque nous, le seul lieu dont on dispose pour faire des ateliers, c’est le Bâtiment 4. Donc, je n’ai pas de solution autre à leur proposer que de trouver une date de sortie très convenable et dans les plus brefs délais», déclare-t-il à nos confrères.

Pour le collectif, le responsable de cette situation s’appelle Pim Knaff, le président de l’ASBL frEsch et échevin à la Culture de la Métropole du Fer. Le collectif l’accuse d’utiliser son pouvoir politique pour faire taire les critiques exprimées à travers les projets artistiques qui font la réputation de Richtung 22. Ce dernier n’est pas plus tendre avec Loïc Clairet, (ce n’est pas le genre de la maison) quand il affirme avoir démontré la manière dont le directeur de frEsch «détourne une partie du budget», de l’ASBL culturelle «au profit de son entourage à Lille».

Le collectif ne veut pas de procès, il insiste sur ce point. D’ailleurs, il ne se voit pas comparaître contre certains membres du conseil d’administration comme le directeur de KuFa, le directeur du Théâtre d’Esch, ou même la fondatrice de CUEVA, Daisy Wagner. Le collectif ne comprend pas très bien les motivations du CA de le voir disparaître «alors que des forces d’extrême droite et ouvertement fascistes s’attaquent à la scène culturelle à travers l’Europe».  Riichtung 22 en conclut qu’il s’agit là d’une censure, ni plus ni moins, pour empêcher «les opinions de gauche» de s’exprimer.

Histoire de vaisselle

Le collectif regrette amèrement qu’à ce jour, la plupart des membres du conseil d’administration n’aient pas discuté avec les artistes membres, ne leur aient pas rendu visite au Bâtiment 4 et ne se soient pas fait une idée précise de la situation. «Ils ne nous connaissent pas ni ne connaissent notre travail», leur reproche le collectif. Pour lui, les membres du CA sont seulement convaincus que Richtung 22 doit partir.

«On peut critiquer nos paroles, nos actions et nos valeurs, les mépriser, les trouver ridicules, les détester et s’en offusquer – de tels sentiments sont normaux et importants lorsqu’il s’agit d’art qui représente une opinion», admet le collectif, mais de là à vouloir la disparition d’artistes, c’est se diriger vers une censure, estime les artistes qui s’en disent victimes.

«Knaff et Clairet ne poursuivent pas Richtung 22 en justice parce que nous n’aurions pas fait la vaisselle au B4, mais parce qu’ils veulent avoir les mains libres», juge le collectif. Il estime enfin que «d’autres solutions sont possibles et meilleures pour tous». Parce qu’il ne veut pas se laisser «intimider», ni «évincer», le collectif a décidé de rester dans le Bâtiment 4.

En parallèle à son conflit avec frEsch, le collectif a saisi l’ALIA de 16 dossiers visant les activités du fournisseur de service luxembourgeois RTL Lëtzebuerg à qui il reproche, entre autres, des communications commerciales cachées, des plagiats de communiqués et des articles de presse en violation des règles liées aux missions de service public confiées à RTL définies dans la Convention conclue avec l’État luxembourgeois.

Le Conseil de l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel a décidé, dans sa réunion du 29 avril 2024, de charger le directeur de l’Autorité d’instruire les dossiers. Richtung 22 va faire encore parler de lui.