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Le Collectif réfugiés craint le pire


Sergio Ferreira, membre du Collectif réfugiés (LFR), constate l’échec de la politique d’asile du Luxembourg et condamne son durcissement.  

Les réfugiés ne trouvent plus à se loger dans les structures d’accueil. Le Collectif réfugiés veut une réelle stratégie avec un dialogue entre l’État, les communes et la société civile.

Le Collectif réfugiés (Lëtzebuerger Flüchtlingsrot, LFR) n’est pas étonné de la situation actuelle en ce qui concerne l’accueil des demandeurs d’asile. La mine fermée et le cœur lourd du ministre des Affaires étrangères et de l’immigration, Jean Asselborn, n’y changeront rien. «C’est avant qu’il aurait fallu agir, car ce qui arrive aujourd’hui n’est pas seulement un problème de logement», déclare Sergio Ferreira, membre du collectif et porte-parole de l’Asti.

Le ministre a en effet prévenu que, désormais, les hommes voyageant seuls ne seraient plus admis dans les structures d’accueil, les familles avec enfants étant prioritaires. Les structures sont saturées, il n’y a plus de place pour les nouveaux réfugiés qui continuent d’affluer au Grand-Duché.

«Depuis des années, nous disons qu’il faut faciliter l’accès au travail et faire un véritable travail d’intégration proactif en évitant de laisser les demandeurs végéter dans les structures de l’ONA», poursuit-il. En effet, l’Office national de l’accueil ne sait plus où loger les réfugiés, d’autant que de nombreux bénéficiaires de protection internationale (les BPI) y séjournent encore, faute de pouvoir accéder à un logement.

Le manque de solidarité au niveau européen et le manque d’action contre les passeurs qui s’enrichissent sont des explications, mais ce ne sont pas les seules. «Cela fait des années que LFR rencontre les ministres pour demander que l’intégration soit abordée d’une façon holistique, comme cela s’est passé pour les réfugiés ukrainiens», cite en exemple Sergio Ferreira. Pour les Ukrainiens, il y a eu, en effet, un guichet unique où toutes les administrations étaient présentes.

Le Collectif réfugiés constate amèrement que l’Europe forteresse ne fonctionne pas, qu’elle génère des morts en Méditerranée et des filières criminelles de passeurs qui s’enrichissent. «Elle génère surtout des personnes qui, en arrivant en Europe, sont dans une situation d’absolue précarité et d’insécurité juridique», ajoute Sergio Ferreira. Selon lui, le gouvernement laisse des gens à la rue pour décourager d’autres réfugiés de venir au Luxembourg car le pays serait devenu trop attractif, comme l’observe Jean Asselborn.

«Les gens ne viennent pas au Luxembourg parce que les conditions d’accueil sont bonnes, ils partent de leur pays parce qu’ils vivent des situations terribles», rectifie le porte-parole de l’Asti.

Un réfugié syrien qui témoignait a raconté qu’il avait traversé des situations affreuses pour arriver jusqu’ici et croire que le laisser à la rue quelques jours au Luxembourg va le faire partir, c’est irréaliste. «Il faut arrêter de travailler avec des mythes et des fantasmes, pour travailler avec des faits», avertit Sergio Ferreira.

Il sait aussi que ceux qui pensent que les réfugiés ukrainiens vont tous repartir quand la guerre sera finie, tout comme les Syriens et tous les autres réfugiés, se trompent. «Beaucoup vont rester et il faut que la société s’y prépare», assure-t-il. Il faut non seulement investir dans des logements, mais aussi dans la formation. Les gens essaieront toujours d’avoir une chance en Europe, estime-t-il et d’ailleurs, l’Europe en a besoin, démographiquement et économiquement. «La situation actuelle est un aveu d’échec de notre politique d’asile», conclut-il.

Les quelque 2 200 réfugiés qui arrivent chaque année au Luxembourg doivent être répartis sur tout le territoire pour faciliter leur intégration car les énormes structures qui les hébergent entre eux, sans contact avec la population locale, ne sont pas l’idéal, constate aussi le Collectif réfugiés.

À la rue

En attendant, le collectif affirme que des centaines de personnes sont mises à la rue et cette nouvelle politique «bafoue les droits fondamentaux des demandeurs de protection internationale», selon les acteurs de terrain.

Le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot constate aussi que plusieurs familles bénéficiaires de la protection internationale et qui résident encore dans les structures de l’ONA en échange d’une allocation mensuelle – faute de trouver un logement adéquat sur le marché privé – ont reçu ces derniers mois des décisions «d’interdiction d’accès» aux centres d’hébergement.

La Constitution luxembourgeoise, comme la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, consacre l’inviolabilité de la dignité humaine. La directive sur l’accueil des demandeurs de protection internationale (article 17) impose aux États membres de garantir leur subsistance et de protéger leur intégrité physique et mentale, ce qui comprend notamment l’accès à un hébergement.

Au regard de la situation actuelle, le LFR craint que des centaines de personnes se retrouvent livrées à elles-mêmes dans les prochaines semaines. Selon le ministre Jean Asselborn, 27 hommes sont en attente d’un lit au 31 octobre. De son côté, il a mis sur pied un groupe de travail constitué par l’administration des Bâtiments publics, le Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) et l’ONA afin d’étudier la faisabilité d’une nouvelle structure d’hébergement en reconvertissant des bâtiments existants dans les plus brefs délais

Un commentaire

  1. Une très grande majorité de demandeurs d’asile sont déboutés. Cela prouve qu’ils n’étaient pas des réfugiés mais des clandestins venant en Eufrope pour raisons purement économqiues, ce qui ne donne aucun droit, sinon ceui de reneir d’où ils viennent.