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Le club de pêche de Wasserbillig entre rêve mondial et dure réalité


Les 26 et 27 juillet, les membres du club de pêche de Wasserbillig participeront au Championnat du monde en Irlande. (Photo : julien garroy)

Sa participation au Championnat du monde en Irlande, les 26 et 27 juillet prochains, offre au club de pêche de Wasserbillig une belle bouffée d’oxygène, tant l’avenir de la discipline est mis à mal.

Wasserbillig au Championnat du monde, ce n’est plus qu’une question de jours. Les samedi 26 et dimanche 27 juillet, le club de pêche de la commune sera en Irlande au bord du lac Inniscarra, dans le comté de Cork, en compétition avec une trentaine de clubs. «Ce lac, c’est l’un des grands spots de la pêche de compétition, et puis l’Irlande, c’est une destination de rêve pour aller à la pêche», présente Marc Weber, le vice-président du club, pressé de participer au 44e Championnat du monde des clubs de la Fédération internationale de la pêche sportive en eau douce (FIPSed).

Parmi la vingtaine de pêcheurs du club qui ont remporté le championnat luxembourgeois, synonyme de billet d’entrée pour l’Irlande, ils ne seront que six chanceux, dont un réserviste, à se mesurer aux plus hauts standards mondiaux de la pêche au coup ou à l’anglaise. Mais avant cela, un long voyage les attend. «Nous allons partir en voiture neuf jours avant, ce vendredi, et faire 1 000 bornes jusqu’à la Bretagne, en France, où nous allons prendre le ferry à Roscoff», raconte le responsable. Le déplacement en voiture est obligatoire afin de pouvoir transporter «entre 250 et 300 kg d’amorces, quatre ou cinq cannes à l’anglaise, deux cannes au coup et huit kits complets».

Faire bonne figure face aux favoris

À leur local au pied du camping Schützwiese, les pêcheurs et la délégation qui les accompagne terminent leurs derniers préparatifs avec le sourire. Le stress lié à l’enjeu n’est pas encore visible, mais «nous serons nerveux sur place», avoue Raymond Fux, du voyage vers le lac d’Inniscarra. Et quelles seront leurs ambitions là-bas? «Il ne faudrait pas que l’on finisse dans les derniers», répond Daniel Krecké, loin d’être défaitiste, mais conscient du niveau de la compétition. Et pour cause, l’épreuve irlandaise sera la deuxième de ce type pour le club après la Croatie en 2019, où les Luxembourgeois avaient décroché une honorable 12e place sur 32.

«Il y aura dans certaines équipes des professionnels qui pêchent tous les jours pour de grandes marques de matériel, donc il sera difficile de rivaliser avec eux», ajoute Marc Weber, tandis qu’à Wasserbillig le rythme de pêche est plutôt d’une fois par semaine. Face aux favoris anglais, français, belges ou hongrois, les Luxembourgeois souhaitent s’inspirer de leur compatriote Fernand Schmitt. Ce Pétangeois est devenu, le 21 juin, vice-champion du monde en catégorie Master au Portugal. «On peut rêver», glisse donc le vice-président.

Hormis le jeune Maik (ci-contre) à Wasserbillig, les clubs de pêche luxembourgeois n’attirent plus les jeunes.

Afin de viser les premières places et, pourquoi pas, dépoussiérer le palmarès du Grand-Duché (lire ci-contre), le club pourra compter sur l’expérience de ceux qui étaient en Croatie il y a six ans, ainsi que sur leurs habitudes de pêche. Dans les eaux irlandaises se trouveront quasiment les mêmes poissons que dans la Moselle ou la Sûre, à savoir des gardons et des brèmes.

«La pêche de compétition régresse»

Impossible néanmoins d’évoquer leur motivation sans mentionner le coût derrière le Championnat du monde. «Nous n’y allons pas en tant que touristes, vu le prix que cela coûte», glisse l’un des pêcheurs. Le coût financier d’un tel voyage se compte en milliers d’euros pour le club, sans compter les congés exceptionnels pris et la préparation des lignes ou hameçons depuis des mois. En cas de qualification pour la prochaine édition en Finlande, Marc Siegler prévient : «Je ne sais pas si nous irons là-bas, car c’est loin et cher.»

En pêche de compétition, les contraintes financière et temporelle sont difficilement supportables pour les amateurs et cela explique en partie le désintérêt et le déclin du nombre de licenciés. «Malheureusement, il y a de moins en moins de clubs. La pêche en tant que loisir reste intéressante, mais la pêche de compétition régresse, nous cherchons des licenciés», témoigne le vice-président.

Afin de participer à la coupe du monde, cela fait des mois que les membres du club préparent les lignes et hameçons.

Ce dernier cite notamment comme frein l’investissement personnel que requiert cette discipline : «Pour les concours, il faut se lever vers 4 h ou 5 h le dimanche et le matériel est quand même coûteux.» De quoi décourager les plus jeunes. Wasserbillig est donc l’un des rares clubs du Grand-Duché à compter un jeune champion comme Maik Raach, 16 ans, qui participera d’ailleurs au Championnat du monde.

«Il n’y a que des vieux sinon», plaisante, à moitié, Marc Siegler, qui constate un désintérêt même parmi les licenciés. «Sur les 1 600 licenciés dans le pays, il n’y en a que 200 qui pêchent encore vraiment», déplore-t-il. Une belle performance en Irlande pourrait donc mettre du baume au cœur à cette génération de pêcheurs qui s’inquiète de l’absence de successeurs.

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Déjà 41 ans d’attente

Les pêcheurs de Wasserbillig parlent d’un exploit s’ils arrivent à remporter le titre en Irlande. Pour se donner le droit d’y rêver, ils peuvent se tourner vers leurs glorieux prédécesseurs qui ont réussi à inscrire le nom du Grand-Duché dans un palmarès international. Par trois fois, une équipe luxembourgeoise a remporté le titre de Championnat du monde de pêche sportive au coup en eau douce décernée par la FIPSed.

La première fois, c’était en 1955, à Reading, en Angleterre. Un an plus tard, une troisième place est obtenue, suivie d’une seconde place en 1957 et d’une nouvelle médaille de bronze en 1958. Ce n’est que 19 années plus tard, en 1977, que survient le deuxième titre mondial lors d’une compétition organisée à la maison, à Ehnen. Le troisième et dernier titre a, lui, été remporté en 1984 à Yverdon-les-Bains, en Suisse. Toutes compétitions confondues, par équipes ou individuelles, le Grand-Duché se place à un très honorable 8e rang au classement mondial de la FIPSed, avec 13 médailles.