Depuis plusieurs mois, le taux de chômage ne cesse de remonter au Luxembourg, alors que de nombreuses branches de l’économie pâtissent actuellement d’une pénurie de main d’œuvre. Comment expliquer cette situation ? Quels sont les métiers les plus touchés par cette remontée du chômage ? Explications.
Le chômage ne cesse d’augmenter en ce début d’année au Luxembourg. Statuant à 5,2% pour le mois de juin, il touche plusieurs secteurs phares de l’économie luxembourgeoise : l’Horeca, l’IT ou encore la construction. En réponse à une question parlementaire des députés DP Carole Hartmann et André Bauler, le ministre du Travail, Georges Engel (LSAP), a dressé la liste des dix corps de métiers les plus touchés par le chômage ces derniers mois dans le pays.
Avec un nombre de demandeurs d’emploi en hausse de 77% (!), l’immobilier prend la tête de ce classement. Le député Marc Spautz (CSV) l’avait prédit en mars dernier : «la situation sur le marché du logement est – compte tenu du contexte énergétique et inflationniste – plus tendue que jamais, tant au niveau du secteur de la construction qu’au niveau des agences immobilières». En témoigne encore la récente faillite de la société de construction Manuel Cardoso, présente dans le pays depuis 42 ans et qui va devoir licencier plus de 100 salariés.
Explosion depuis la crise sanitaire
Une situation «problématique» aux yeux du ministère du Travail, puisque ce secteur n’est absolument pas concerné par la pénurie de main d’œuvre. Mais depuis la crise sanitaire, et alors que les taux et prix immobiliers ne cessent d’augmenter dans le pays (et en Europe), le secteur est particulièrement bousculé. En comparaison avec les chiffres de 2019, le secteur de l’immobilier a vu son nombre de demandeurs d’emploi exploser de plus de 120%, selon les chiffres fournis par le ministère du Travail. Du jamais vu.
Autre secteur touché par la hausse du chômage : celui de la «conception et études en bâtiment», avec une hausse de 42% depuis mai 2022. Contrairement à l’immobilier, ce secteur-ci est bien déclaré par le ministère du Travail comme étant en pénurie de main d’œuvre. Se classe en troisième position le secteur de l’IT (système d’information et de télécommunication), jugé «très en pénurie» par Georges Engel, aux côtés du secteur «comptabilité et gestion».
Dans la construction, ce sont surtout les maçons qui viennent à manquer, tandis que l’Horeca cherche principalement des serveurs et cuisiniers.
Les banques souffrent aussi
Si le taux de chômage a bondi de 120% dans le secteur de l’immobilier, il semblerait que les banques éprouvent également des difficultés à recruter du personnel. Le secteur est actuellement «très en pénurie» selon les données du ministère et a vu son nombre de demandeurs d’emploi augmenter de 34% par rapport à l’année 2019.
Même chose pour les ressources humaines, qui peinent à recruter dans le secteur «recrutement et développement des RH», ainsi que le secteur «formation initiale et continue». Par ailleurs, les jeunes de moins de 30 ans seraient particulièrement touchés par cette hausse du chômage : ils représentent 19% des demandeurs d’emploi résidents disponibles au 31 mai dernier, soit 17% de plus qu’il y a tout juste un an.
L’Adem a mis en place un nouveau programme de formation (Skills4Job – actuellement en phase pilote) qui vise les demandeurs d’emploi qui ont besoin d’une reconversion (reskilling) ou un renforcement des compétences (upskilling) pour réintégrer le marché de l’emploi.
Les participants ont accès à un coach individuel qui les aide à réaliser un bilan de compétences, à élaborer leur projet professionnel et à définir leurs besoins en upskilling/reskilling et leur plan de formation. Une durée de formation de six mois en cas de reskilling et de trois mois en cas de upskilling est possible dans le cadre du programme et est financée par le Fonds pour l’emploi.
Parmi les participants au premier groupe pilote, 6 ont réalisé un reskilling et 28 un upskilling. «Le nouveau projet de loi sur la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences («Skillsplang») a pour but de pouvoir accompagner et financer des reconversions professionnelles de manière préventive pendant que les personnes sont encore en emploi», précise Georges Engel.