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Le CGDIS aux Caraïbes : «Il faut avoir la peau dure»


Volontaire pour les missions humanitaires du CGDIS, Jérôme Jaeger (à gauche) a été déployé pendant trois semaines aux Caraïbes après le passage de l’ouragan Beryl.

Déployé aux Caraïbes après l’ouragan Beryl, Jérome Jäeger, volontaire pour le CGDIS, revient sur sa mission de support logistique et l’organisation de son groupe d’intervention hors du commun.

Apprendre que l’on part aux Caraïbes la veille de son vol, beaucoup rêveraient d’une telle surprise. C’est plus ou moins ce qu’a vécu Jérôme Jaeger, mais sans baignade ni bronzage au programme. Fonctionnaire d’État, ce Luxembourgeois est aussi un membre volontaire du groupe d’intervention chargé de missions humanitaires (HIT) du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS).

Et c’est cet engagement bénévole qui l’a conduit à s’envoler pour les Caraïbes du 5 au 28 juillet dernier. Forcément, le cadre est idyllique, mais le contexte bien plus morose puisque les États des Caraïbes viennent d’être sinistrés par l’ouragan Beryl, l’un des cyclones tropicaux les plus violents jamais recensés.

De toute façon, «quand on est sur place, on travaille 7 jours sur 7, donc on n’a pas le temps de profiter de la région. Et puis à ce moment-là, ce n’est pas le lieu où l’on veut aller en vacances», confie Jérôme Jaeger, dont le groupe d’intervention spécialisée intervient régulièrement à travers le globe.

Depuis 2014, le Luxembourg est membre du IHP, une plateforme de coopération d’aide humanitaire avec sept autres pays : Danemark, Estonie, Finlande, Norvège, Suède, Grande-Bretagne et Allemagne. Ces derniers, unis sous la même bannière, sont des partenaires opérationnels des Nations unies, qui les sollicitent en cas de catastrophe naturelle ou de crise humanitaire.

Déployé en 48 heures

Pour les Caraïbes, c’est le OCHA (Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires) qui, le 3 juillet, formule à l’IHP une demande de soutien logistique sur place. Puis, tout s’enchaîne très vite. Le lendemain, le déploiement de Jérôme Jaeger et d’un autre luxembourgeois est confirmé. «Et le 5 juillet, on reçoit un appel à 10 h du matin pour dire que l’on prend l’avion le soir à 21h.»

En 48 heures, l’agenda des deux volontaires est chamboulé. «Il faut voir avec l’employeur pour être libéré, mais aussi avec la famille, s’il n’y a pas quelque chose de prévu», raconte l’intéressé. Du point de vue pratique, «mes affaires sont toujours prêtes pour prendre l’avion». Chez lui, le fonctionnaire a donc un sac de couchage, ses tenues, un imperméable et d’autres effets personnels prêts dans un coin en attendant d’être déployé ou non, puisqu’un roulement est effectué entre les volontaires.

Un fonctionnement qui rappelle celui de l’armée, que Jérôme Jaeger a bien connue en effectuant un an de service militaire et dont son engagement au CGDIS découle. «J’ai un background militaire et c’est le cas de la plupart des personnes qui sont dans ce groupe. Je le fais tout simplement pour faire quelque chose de bien et les autres aussi» explique-t-il. En revanche, rien n’oblige les volontaires à accepter la mission. «On peut dire que l’on n’est pas disponible, il y en a d’autres qui le seront. Mais, en général, lorsqu’on intègre le groupe, on est disponible. On veut le faire et on le fait avec honneur.»

Aux Caraïbes, le CGDIS était représenté par deux membres du HIT chargés du support logistique et un troisième pour la télécommunication. Photo : cgdis

C’est donc dévoué et motivé que le fonctionnaire décolle en direction de Londres, puis de l’île de la Barbade où il arrive le 6 juillet à 15 h. Le voyage est loin d’être terminé puisqu’il embarque le soir même, à minuit, sur un bateau qui le mène sur l’île de Carriacou après 11 heures de traversée.

«Pas des superhéros»

Arrivé sur place deux jours après l’annonce de son départ, le Grand-Duché est déjà loin. L’ouragan a éventré les maisons, déraciné les arbres, inondé les voitures et deux personnes sont même décédées. La mission des deux Luxembourgeois et de deux homologues norvégiens du IHP est de s’occuper du support logistique pour les Nations unies.

«Concernant les logements, il n’y avait plus grand-chose pour le personnel des Nations unies, c’est pour cela que nous les avons supportés pour qu’ils aient un lieu pour dormir.» Sur un champ, le quatuor installe donc des tentes avec des lits de camp, des sacs de couchage, de l’électricité et un petit bureau. «En moins de 24 heures, c’était opérationnel», se félicite le Luxembourgeois.

Dans leur trentaine de kilos de bagages, les membres du CGDIS avaient également apporté deux antennes mobiles d’emergency.lu, une plateforme mobile de télécommunication par satellite (lire ci-contre) qui a permis de rétablir internet et la télécommunication sur l’île de Carriacou et celle d’Union. Un troisième membre du CGDIS a d’ailleurs été déployé pour le volet télécommunication cette fois.

Après trois semaines de déploiement, retour au bercail dimanche 28 juillet avec «une mission accomplie». Et des heures de sommeil à rattraper. «Il y a le décalage horaire et puis la chaleur, on dormait deux à trois heures par nuit, le tout sur un lit de camp pendant trois semaines.» «Il faut avoir la peau dure», sourit l’ancien conscrit. Pas de quoi se vanter pour autant : «Nous ne sommes pas des superhéros, nous sommes juste des volontaires comme des pompiers ou des infirmiers.»

Un bon accueil, pas toujours évident

Malgré le contexte tragique, Jérôme Jaeger repart des Caraïbes avec des souvenirs chaleureux de la population locale. «On a été accueilli avec les bras grands ouverts, les gens étaient très sympas et hyper contents de nous voir», raconte-t-il. Un accueil qui n’est pas le même partout où le IHP intervient : «Parfois, pour des crises politiques, on doit aussi s’attendre à ne pas être les bienvenus.» Le membre du groupe d’intervention spécialisée depuis 2014 évoque notamment des missions des Nations unies afin de soutenir des réfugiés «qui ne sont pas du pays même, ce qui peut provoquer des tensions». Afin de ne pas être surpris, les volontaires reçoivent en amont une formation de trois jours pour se préparer à toute éventualité sur place. «Toutes les missions sont différentes» témoigne celui qui a notamment été au Tchad ou au Soudan.

Emergency.lu déployée dans 30 pays

Née d’un partenariat public-privé du ministère des Affaires étrangères du Luxembourg avec le CGDIS, et d’un consortium d’entreprises et d’organisations luxembourgeoises (SES, HITEC, Luxembourg Air Rescue, DB Schenker), emergency.lu est une plateforme de télécommunications par satellite. Son but : rétablir les communications (internet, téléphone) après une catastrophe ou une crise. Déployée pour la première fois en 2012 avec un terminal au Soudan du Sud à la suite de la crise humanitaire provoquée par la guerre civile, emergency.lu, via ses antennes, est actuellement active dans cinq pays : Caraïbes, Venezuela, Tchad, Niger, Syrie. Depuis sa mise en place, 30 pays ont été supportés et 14,3 térabytes ont été transmis depuis 2022.

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