Un ancien militaire marocain, devenu toxicomane, avait soi-disant raté son train. Il s’est introduit dans deux maisons habitées avec un complice pour y dormir. Pas pour les cambrioler.
À son actif, une série de vols. Pour survivre dans la rue et financer sa consommation de stupéfiants, Tarek s’est spécialisé dans les effractions à l’intérieur de voitures et de maisons. Mais le déserteur d’origine marocaine a le défaut de laisser traîner son ADN partout où il passe, facilitant au passage le travail des forces de l’ordre.
Entre 2021, année de son arrivée au Luxembourg, et le 29 novembre 2024, il passe à l’acte à de nombreuses reprises, à Luxembourg majoritairement, mais aussi à Pétange. «Ma femme m’a réveillé vers 2 h du matin. Elle avait entendu du bruit dans le couloir», explique Almedin. «Je me suis levé. Il y avait de la lumière dans le salon et deux hommes. Le prévenu regardait autour de lui et l’autre fouillait dans un tiroir.»
En voyant l’occupant des lieux leur faire face, les deux cambrioleurs prennent leurs jambes à leur cou et fuient par la fenêtre de la cave. Le frère du témoin les poursuit dans la rue et prend un coup sur le nez. «Ils sont tout de suite entrés dans une autre maison.» Cela n’a pas refroidi Tarek et son complice. Ils ont tenté leur chance dans une autre maison dans la foulée.
Chez Antonio. «Je dormais, j’ai entendu du bruit dans la maison. Je suis descendu à la cave, j’ai allumé la lumière et j’ai vu deux hommes en train de sortir dans le jardin. Ils avaient défoncé la porte», a témoigné le sexagénaire hier après-midi. Les deux hommes n’ont pas eu le temps de voler quoi que ce soit. Le sexagénaire les a chassés en leur donnant des coups de râteau.
À la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, le prévenu prétend avoir cherché un endroit où passer la nuit. Il n’aurait pas eu l’intention de cambrioler les maisons. «Ce n’étaient pas des squats, pas des maisons abandonnées et vous êtes ici pour de nombreux dossiers pour vol», réagit la présidente. «Ne me faites pas croire que vous êtes entrés dans des maisons habitées pour y dormir!»
Un des habitants est parvenu à retenir Tarek jusqu’à l’arrivée des policiers. «Il m’a agressé, Madame!», soutient le jeune homme, qui conteste lui avoir asséné un coup sur le nez. «Vous voulez nous faire croire que vous êtes entrés par effraction dans les maisons et que vous avez vérifié s’il y avait des vêtements pour vous assurer qu’elles étaient occupées. Pourquoi ne pas avoir sonné à la porte avant?», lui demande la juge. «Entrer sans sonner était une erreur», reconnaît Tarek.
«Le droit de mentir»
Les vols dans les voitures, il ne s’en souvient pas. Il consommait des stupéfiants à l’époque, note-t-il. «J’imagine qu’il n’est pas évident quand on commet autant de vols de se souvenir de chacun», constate la présidente. Pour l’un d’eux, il est pris en flagrant délit puis relâché. Il venait de voler dans une camionnette de chantier des sacs appartenant à des ouvriers.
«Les explications du prévenu ne tiennent pas la route, même s’il a le droit de mentir», constate le substitut. «Il me paraît évident qu’il n’avait aucune raison autre que le vol pour s’introduire dans les maisons.» Des «attaques dans la vie privée la plus intime» des victimes, selon le magistrat, qui rappelle le «casier judiciaire pas anodin» du prévenu déjà condamné pour des faits similaires. Face au manque d’introspection du prévenu et à la gravité des faits, il retient la circonstance aggravante de violences pour assurer sa fuite et requiert à son encontre une peine de trois ans de prison ferme.
Me El Handouz s’est démenée pour tenter de convaincre le tribunal de prononcer une peine allégée contre son client. Elle plaide en faveur de l’acquittement de son client pour recel, blanchiment et violences. Le propriétaire aurait «saigné tout seul» sous le coup de l’adrénaline. En ce qui concerne la tentative de vol, «ils avaient raté leur train» et il ne s’agirait que d’une «intrusion dans une maison habitée». Elle plaide en faveur d’un sursis pour les faits les plus anciens.
Le prononcé est fixé au 26 juin.