Le burn-out, syndrome lié au stress chronique au travail, peut être diagnostiqué et faire l’objet d’un arrêt maladie sous le code 78, comme les dépressions. Un tiers des salariés sont à risque.
L’Inspection du travail et des mines (ITM) définit le burn-out comme un état d’épuisement mental, physique et émotionnel grave qui touche l’être humain et qui survient après de longs mois, ou années, d’exposition à des situations de stress intense. Il y a des signes à prendre au sérieux et il est alors temps de s’arrêter, «de laisser s’installer le silence et le doute, reprendre du souffle, prendre soin de soi dans la bienveillance, faire le point et renouer avec l’enthousiasme». Cela exige des semaines, voire des mois.
Un burn-out nécessite finalement une visite chez le médecin. Il est impossible pour le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale de livrer des chiffres sur cette maladie, qui d’ailleurs n’est pas reconnue comme telle dans les classifications médicales internationales. On parlera d’un syndrome lié au stress chronique au travail, défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un phénomène lié au travail, et non une maladie.
En 2022, l’OMS a défini le burn-out dans la 11e version de la «Classification internationale des maladies» comme un syndrome causé par un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès. Il est caractérisé par différents facteurs : sentiment d’épuisement et de manque d’énergie, une distance mentale accrue par rapport à son travail ou un sentiment de négativité ou de cynisme à l’égard de son travail. «Le burn-out fait spécifiquement référence à des phénomènes liés à la profession et ne doit pas être interprété comme décrivant des expériences dans d’autres domaines de la vie», indique encore le ministère dans sa réponse à la députée.
33,7 % des salariés en risque de burn-out
Dans l’édition 2024 du «Quality of Work Index» livrée par la Chambre des salariés en collaboration avec l’université du Luxembourg, il est précisé que 51 % des salariés indiquent un niveau de souffrance psychique accru ou élevé, 26 % des employés souffrent de troubles du sommeil importants, 60 % des cadres et dirigeants ressentent une forte pression à être joignables hors des heures de travail et enfin, 33,7 % des salariés sont en risque de burn-out, un taux en baisse, mais toujours préoccupant.
Impossible de savoir combien d’arrêts maladie sont liés à un burn-out. Il n’existe pas de code diagnostique spécifique pour le burn-out, pas plus pour le «phénomène professionnel» que les médecins pourraient indiquer sur l’arrêt maladie, précise le ministère de la Santé à la députée CSV Nathalie Morgenthaler. En revanche, diverses maladies mentales peuvent être classées sous le code 78 qui révèle une dépression.
Dans la liste des «troubles de longue durée», le point 23 qui correspond aux «troubles dépressifs récurrents ou persistants chez l’adulte» permet au médecin traitant d’enregistrer divers «troubles dépressifs», sans toutefois pouvoir déterminer avec certitude s’il s’agit d’un burn-out. Par conséquent, même sans code diagnostique pour le burn-out, il est pris en charge par la caisse d’assurance maladie (CNS).
Pas d’étude prévue
Le burn-out exclut les troubles de l’adaptation, ceux spécifiquement liés au stress, les troubles anxieux et les troubles affectifs. Actuellement, aucune mesure n’est prise pour reconnaître le burn-out comme une maladie professionnelle. «Il est important que le diagnostic de burn-out ne soit pas posé à la légère, mais par un spécialiste (psychologue/psychiatre) ayant également envisagé les diagnostics différentiels», souligne le ministère.
«Le gouvernement est-il prêt à réaliser une étude spécifique sur le burn-out afin d’obtenir des données plus précises?», questionne Nathalie Morgenthaler. La réponse est non. Aucune étude de ce type n’est actuellement prévue. Le ministère indique simplement que plusieurs initiatives visant à soutenir les personnes touchées par le burn-out sont menées par des entreprises, des associations et d’autres acteurs. Il cite comme exemple une initiative de l’Association pour la santé au travail des secteurs tertiaire et financier (ASTF) qui a permis à 35 personnes touchées par le burn-out d’être accompagnées en 2024 grâce à un programme pilote spécifique (Lighthouse), soutenu financièrement par le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale. Durant ce programme, d’une durée de plus de 3 mois, les personnes concernées peuvent bénéficier d’un bilan de santé, d’un soutien psychologique, de séances de sophrologie et de groupes de parole.