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Le Brésil balance entre extrême droite et gauche


Jair Bolsonaro, candidat de l'extrême droite, salue ses partisans après avoir voté à la présidentielle, le 7 octobre 2018 à Rio de Janeiro, au Brésil. (Photo : AFP)

La direction qu’allait prendre le Brésil reste imprévisible ce lundi, le plus grand pays d’Amérique latine s’acheminant vers un second tour de la présidentielle pouvant lui donner un chef d’Etat d’extrême droite comme de gauche.

Jair Bolsonaro, le député nostalgique de la dictature militaire, s’est qualifié dimanche avec un score très élevé de plus de 46%. Une performance à la mesure du phénomène électoral qu’il est devenu ces dernières semaines après avoir été victime d’un attentat. Mais il n’a pas été élu président au premier tour comme il l’espérait.

Il se retrouvera le 28 octobre face à Fernando Haddad (29%), du Parti des travailleurs (PT, gauche), dans un duel incertain et symptomatique de l’extrême polarisation que cette campagne a mise au jour.

Les deux candidats ont fait la course en tête dans les sondages ces dernières semaines en semant leurs 11 autres concurrents, pour se retrouver dans un face à face des extrêmes.

Fernando Haddad aux côtés de sa femme Ana Estela Haddad. Le candidat de la gauche a été récemment adoubé par l'ancien président Lula.

Fernando Haddad aux côtés de sa femme Ana Estela Haddad. Le candidat de la gauche a été récemment adoubé par l’ancien président Lula.

 Séduire le centre

Dès lundi, l’un et l’autre vont justement essayer d’être plus consensuels en nouant des alliances vers le centre, très convoité. Dans sa campagne, « Haddad a beaucoup oublié le centre », dit André César, des consultants Hold à Brasilia.

Ils devront aussi tenter de limiter le fort rejet qu’ils inspirent l’un comme l’autre dans l’électorat de 147 millions d’habitants.

Interrogé dimanche soir sur sa volonté de nouer des alliances, Ciro Gomes, du PDT de centre gauche, arrivé 3e avec 12,5% des voix, s’est borné à dire qu’il continuerait de « lutter pour la démocratie et contre le fascisme ».

M. Haddad doit faire aujourd’hui le voyage de Curitiba (sud) où il verra son mentor, l’ex-président Lula, dans la prison où il purge depuis avril une peine de 12 ans et un mois pour corruption. Lula, figure historique de la gauche brésilienne, avait adoubé il y a seulement quatre semaines Haddad pour le remplacer dans la course à la présidence alors qu’il avait été déclaré définitivement inéligible.

Duel incertain

Avant que ne tombent les résultats définitifs, Bolsonaro a évoqué des « problèmes avec les urnes électroniques ».

« Je suis certain que si ça n’avait pas eu lieu, nous aurions eu dès ce soir le nom du président de la République », a lancé le candidat de 63 ans dans une vidéo sur Facebook.

Sans aller jusqu’à évoquer une « fraude », comme ses partisans, l’ex-capitaine de l’armée a déclaré: « Nous devons rester mobilisés. Il reste trois semaines avant le second tour ».

Le duel Bolsonaro-Haddad s’annonce très incertain et bien des choses peuvent se passer d’ici au 28 octobre, dans une campagne qui a déjà réservé d’énormes surprises entre la disqualification choc de Lula et l’attentat qui a failli coûter la vie à Jair Bolsonaro le 6 septembre.

C’est un Brésil très divisé qui est allé dimanche aux urnes, entre les électeurs anxieux pour l’avenir de la démocratie dans ce pays éprouvé par une dictature (1964-85) et ceux qui rejettent de manière viscérale tout retour aux affaires du PT.

Le grand parti de gauche qui a remporté les quatre dernières élections et a été au pouvoir 13 ans est jugé par beaucoup comme le responsable des maux multiples de ce pays déboussolé: chômage, crise économique, corruption et insécurité.

Le Quotidien / AFP