Le sommet du Benelux organisé hier soir au château de Bourglinster a notamment porté sur les synergies possibles, aussi avec des alliés régionaux, dans les domaines industriel et énergétique.
Malgré la fermeture à sens unique des frontières par l’Allemagne en début de crise sanitaire ou les restrictions de voyage imposées par la Belgique, le Premier ministre luxembourgeois n’est pas rancunier.
«La pandémie de covid est venue rappeler ô combien il est important d’avoir des voisins, de travailler avec eux et de faire preuve de solidarité», a-t-il clamé hier soir lors de la conférence de presse de clôture du sommet du Benelux, organisée dans le cadre idyllique du château de Bourglinster.
Et pour cause, il n’y a pas lieu de tergiverser : «Nous vivons une période de crises multiples. La réponse ne peut être que commune.» Dans cet ordre d’idées, le sommet qui a réuni les Premiers ministres de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg s’est ouvert à deux alliés régionaux : la région Grand Est et son président, Jean Rottner, ainsi que la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et son ministre-président, Hendrik Wüst.
«Cela démontre que le modèle du Benelux, lancé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en inspire d’autres», souligne Alexander De Croo, le Premier ministre belge. «Le Benelux a toujours été un moteur pour l’Europe. Nous voulons tout faire pour y contribuer un tant soit peu en tant que régions voisines», complète Hendrik Wüst.
Voilà donc le grand contexte dans lequel les cinq dirigeants politiques ont longuement échangé sur de multiples points. L’ordre du jour n’a pas fait l’impasse sur la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, d’autant plus qu’Alexander De Croo a séjourné le week-end écoulé à Kiev.
«Nous devons tout mettre en œuvre pour que l’Ukraine puisse être libérée», déclare le Premier ministre belge. À l’échelle du Benelux, la crise énergétique, avec à la clé une menace qui pèse sur l’industrie européenne, a toutefois plus largement dominé les échanges.
«Il faut assurer l’attractivité du Benelux»
«Il nous faut assurer l’attractivité du Benelux et de la Grande Région. On ne peut pas se permettre que des industries quittent nos régions parce qu’il deviendrait trop cher de maintenir la production», insiste Xavier Bettel. Le Benelux, en format élargi, cherche notamment à tenir tête aux États-Unis, décidés à rapatrier des industries sur ses terres.
«Nous devons tout faire pour travailler ensemble dans le domaine de l’industrie, que ce soit l’automobile, la chimie ou nos ports», lance Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais. «Nous sommes un tout petit peu des concurrents, mais surtout complémentaires», ajoute Alexander De Croo.
Un enjeu porte sur le fait que les différents pays et les régions associées ont des modes de production divergents, entre le nucléaire, le charbon ou le renouvelable. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, terre d’industries énergivores et fortement dépendantes de l’énergie fossile, se réjouit que «toutes les capacités» pour être fournie en gaz depuis l’Ouest «sont pleinement utilisées». Un raccordement du réseau allemand au réseau belge et néerlandais pour importer du gaz liquéfié reste à concrétiser.
«Nous disposons de toutes les qualités, de toutes les industries et de la volonté pour être au cœur de l’Europe une terre d’excellence et de réussite, qui est capable d’innover. Cela nous permettra de construire un avenir serein dans un monde compliqué», résume Jean Rottner, en clôture de ce premier sommet du Benelux postcovid.
Le vélo s’invite aussi au sommet
Ce n’est pas à Bourglinster, mais à Luxembourg qu’une autre avancée de coopération a été signée, hier. Les pays du Benelux ont, en effet, lancé avec la Rhénanie-du-Nord-Westphalie une «feuille de route vélo». L’objectif est de mettre en œuvre de nouvelles initiatives visant à stimuler l’utilisation du vélo, tout en servant de modèle à l’UE.
Une analyse coûts-avantages établit que chaque kilomètre parcouru à vélo représente un bénéfice net pour toute la région, avec notamment un effet positif sur la santé et la réduction des embouteillages. Les 100 000 personnes qui se rendent déjà au travail à vélo sur une distance de 5 km génèrent un bénéfice total de 196 millions d’euros par an.
Ces navetteurs sont moins malades et plus productifs au travail. Le même trajet parcouru en voiture entraîne, par contre, un coût total de 203 millions d’euros par an (entretien, embouteillages, CO2, accidents…).
Si 1 % de tous les kilomètres parcourus en voiture dans la région étaient remplacés par la même distance parcourue à vélo, un gain net de 13,6 milliards d’euros pourrait être réalisé. C’est en partie ce que vise cette feuille de route.