Le Premier ministre, Luc Frieden, ne veut pas se laisser impressionner par la démonstration des syndicats. Le 28 juin, il ira sans doute se promener dans la nature, déclare-t-il.
L’avis du Conseil d’État sur les projets de loi concernant le travail dominical et l’élargissement des heures d’ouverture des commerces ne semble pas émouvoir le gouvernement? Hier, Luc Frieden, qui répondait aux questions des journalistes à l’issue du Conseil de gouvernement, a déclaré qu’il revenait à la Chambre des députés de prendre les décisions. Le gouvernement «tend la main» aux syndicats dans le respect du dialogue social, selon lui, mais il répète que l’accord de coalition sera transposé.
Il répète qu’il est toujours disponible pour les syndicats, mais que ce gouvernement a été élu pour réaliser des objectifs clairs. Quand on lui demande ce qu’il fera le 28 juin, jour de la manifestation organisée par le front syndical pour dénoncer ces projets de loi et la réforme des pensions, il répond avec le sourire qu’il ira certainement «se promener dans la nature», qu’il dit affectionner tout particulièrement.
Luc Frieden a essentiellement évoqué l’actualité internationale. Le Premier ministre a donc démarré le briefing par le quarantième anniversaire de l’Accord de Schengen, «qui, avec la création de l’euro, reste un des symboles tangibles de la construction européenne», selon lui. «Si on introduit des contrôles aux frontières, ce que l’on peut comprendre, cela doit rester temporaire», ajoute-t-il.
Luc Frieden se dit confiant. «Nos excellents contacts vont déboucher sur des accords bilatéraux et nous parviendrons à maintenir l’acquis Schengen», prédit le Premier ministre. En attendant, les bouchons continuent à se former pour les frontaliers allemands alors que les contrôles sont toujours d’actualité.
Le ministre Léon Gloden a rappelé, de son côté, à l’issue d’un Conseil Justice et Affaires intérieures, que «le Luxembourg, berceau de Schengen, porte une responsabilité particulière pour en faire vivre l’esprit». Avant l’été, Luc Frieden sera en déplacement à Berlin, sur une invitation du chancelier Merz, «pour des entretiens politiques». Le Premier ministre lui rappellera combien l’économie luxembourgeoise «dépend beaucoup de l’économie allemande».
L’événement attendu de longue date aura lieu à New York la semaine prochaine. La conférence sur la transposition de la solution à deux États pourrait déboucher sur une reconnaissance de la Palestine. «En raison de l’importance que le gouvernement attache à cette solution, j’accompagnerai le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, à ce rendez-vous.» Il rappelle que le Luxembourg «est un grand ami d’Israël», et dit comprendre «les soucis des Palestiniens». Mais il est important de garantir la sécurité d’Israël et de donner en même temps un pays à la Palestine où il pourra vivre en paix, précise-t-il en substance.
«Le gouvernement tiendra compte du débat qui s’est déroulé à la Chambre cette semaine et nous verrons si le moment opportun est venu pour une reconnaissance d’un État palestinien», conclut-il sur ce point. Pour l’heure, il y a un risque que la région s’embrase avec l’attaque d’Israël en Iran. «Cela pourrait avoir des répercussions sur le reste du monde», prévient-il.
Le sommet de l’OTAN, un défi
Un autre grand rendez-vous sera celui de La Haye le 25 juin pour le sommet de l’OTAN. «Nous avons conclu que si les autres 31 états membres de l’OTAN peuvent se mettre d’accord sur un certain pourcentage dédié aux dépenses militaires, alors le Luxembourg devra se rallier à ce compromis.» Mais l’augmentation «est très élevée» – non seulement pour le Grand-Duché –, puisque l’on parle 3 à 5 % du PIB, ce qui représente «un énorme défi pour le Luxembourg comme pour d’autres pays». Il précise que si cette augmentation doit avoir lieu (à la place des 2 %) elle devra se faire progressivement. «Nous attendons un grand retour sur investissement pour l’économie luxembourgeoise, c’est un travail que de nombreux ministères vont faire les mois prochains.»
Création de la zone verte bis
Hier, le Conseil a adopté une aide financière pour des installations de bornes de charge privées permettant la recharge de véhicules. Ce projet de loi et le projet de règlement grand-ducal visent à prolonger et adapter ponctuellement le régime d’aides financières et il est proposé d’instaurer une nouvelle aide financière pour l’installation de systèmes collectifs de gestion intelligente de charge afin de faciliter l’installation de bornes de charge dans les résidences.
Un autre projet de loi a encore été adopté, celui portant sur l’élaboration d’une zone verte bis. L’objectif de la création d’une telle zone est de permettre une simplification administrative pour les parties du territoire national séparées des zones urbanisées, aussi appelées «îlots déconnectés», qui accueillent une ou plusieurs constructions existantes et se situent actuellement en zone verte, et ce, tout en garantissant un haut niveau de protection de la nature. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du catalogue de mesures de simplification administrative «Méi, a méi séier bauen», explique le Conseil dans un communiqué.