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LCGB : pas de réconciliation en vue avec le gouvernement


Les ministres Georges Mischo (à g.) et Lex Delles (2e de d.) avaient mauvaise mine après avoir été attaqués de front par Patrick Dury (3e de g.), le président du LCGB. (photo Julien Garroy)

La tentative de trois ministres d’apaiser le camp syndical est restée sans résultat, samedi, lors du congrès du LCGB. La perspective d’une grève générale n’est toujours pas écartée.

Le LCGB était de retour, samedi matin, dans la salle des fêtes d’un hôtel de la capitale où le front syndical avec l’OGBL s’était formé début décembre pour se défendre contre la politique du gouvernement. «Le Premier ministre et son ministre du Travail sont en train de détruire la cohésion sociale. Et ils le font délibérément», fustige d’emblée Patrick Dury, réélu pour un nouveau mandat de cinq ans comme président national.

Le 61e congrès du LCGB était inédit à plus d’un titre. Une des «plus grandes attaques sur les acquis sociaux, sur le modèle social depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale» a fait qu’un président de l’OGBL, en l’occurrence Nora Back, a assisté à la grand-messe du syndicat concurrent. Une résolution rédigée en commun a été adoptée à l’unanimité.

Les militants du syndicat chrétien-social ont aussi chaudement accueilli, et même fêté, un ancien Premier ministre libéral, en la personne de Xavier Bettel. Patrick Dury l’a même tutoyé pour le remercier. «Tu as fait preuve au cours de ton mandat de 10 ans d’un fort engagement pour le modèle social. On n’était pas toujours d’accord et ce ne fut pas toujours une partie de plaisir, mais nous avons réussi ensemble à atténuer les lourdes conséquences de la crise sanitaire et de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine», a tenu à souligner le président.

À la droite et à la gauche de l’actuel vice-Premier ministre étaient assis le ministre chrétien-social du Travail, Georges Mischo, et le ministre libéral de l’Économie, Lex Delles. Le premier a subi plus largement la colère du LCGB, malgré une tentative d’amadouer le camp syndical. «Je veux répéter très clairement qu’il n’a jamais été dans mon intention de détruire ou d’écarter les syndicats, surtout pas celui dont je suis, tout comme mon père, membre depuis de longues années», a-t-il martelé, tout en insistant à plusieurs reprises sur un dialogue «respectueux et constructif» : «Allons ensemble de l’avant afin de trouver les bonnes solutions pour nos salariés et entreprises, et ainsi pour l’ensemble du pays». Il espère qu’il sera possible «surmonter les divergences» et «dégager des consensus».

«Une alliance inédite avec le patronat»

Trouver de tels consensus semble pour l’instant exclu. Georges Mischo a dû constater avec stupéfaction que ses mots n’ont en rien permis de calmer les ardeurs. Lex Delles et Xavier Bettel avaient aussi mauvaise mine pendant le règlement de compte très acerbe de Patrick Dury, venu lister toute une série d’acquis sociaux qui seraient aujourd’hui menacés : les conditions de travail et les salariés, la sécurité sociale, les pensions ou encore les soins de santé.

«Le Premier ministre et ses collègues en charge du Travail et de la Sécurité sociale ne se soucient guère de l’équité sociale et ne peuvent pas non plus comprendre comment se sentent les gens qui ne font pas partie des “happy few“ assis dans les bureaux de direction ou les ministères», fustige le président, tout en martelant que «gouvernement et patronat forment une alliance inédite».

«Une alliance formée avec le manitou de l’UEL et le pyromane de la Fédération des artisans. Ils ont tous perdu le respect envers les travailleurs qui créent au jour le jour la richesse de ce pays.» La véritable intention serait «de flexibiliser à outrance les heures de travail, de remettre en question les salaires et d’abaisser les pensions».

Il faudrait se poser la question de savoir pourquoi le gouvernement a ce «changement de paradigme», sachant que les syndicats ont toujours contribué à trouver des solutions «dans l’intérêt des salariés et des entreprises». Désormais, l’heure est à la mobilisation. «Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous allons aller au-delà d’actions syndicales et de la grande manifestation nationale du 28 juin. Si cela s’avère nécessaire, il y aura une grève générale», menace Patrick Dury, longuement acclamé par les 236 délégués présents samedi.