Accueil | A la Une | L’avenir de l’automobile en réflexion à Bissen

L’avenir de l’automobile en réflexion à Bissen


Inauguré hier à Bissen sur l’Automotive Campus, l’Automobility Incubator a pour mission de regrouper les idées pour l’automobile de demain, ainsi que de faire du pays un pionnier en Europe.

Et si l’avenir de l’automobile en Europe se construisait au Grand-Duché, à Bissen? Voilà toute l’ambition placée dans l’Automobility Incubator, inauguré hier sur l’un des 14 hectares de la commune où se trouve l’Automobility Campus. Ce dernier a été lancé en 2017 afin d’en faire le cœur de l’écosystème luxembourgeois de technologie automobile et de mobilité. Avec l’arrivée de l’Automobility Incubator, destiné à accueillir les entreprises innovantes et les PME du secteur, le projet du campus vient donc gagner en épaisseur et en crédibilité. Enfin.

Annoncé en 2019, l’incubateur a pris cinq ans de retard avant de se doter d’un bâtiment de 2 100 m2 de bureaux, de 400 m2 d’ateliers pour la R&D, d’une multitude de salles de réunion et d’une cantine. La gérance du lieu – financé à hauteur de 21 millions d’euros par l’État – a été confiée à Technoport, incubateur d’entreprises au Grand-Duché depuis 1998, avec deux antennes, à Foetz et Belval. Pour son CEO Diego De Biasio, l’objectif est clair : «Si je prends l’exemple du spatial, le Grand-Duché s’est fait une renommée dans ce secteur et nous espérons faire la même chose dans l’automobilité dans les années qui viennent».

«Entre 120 et 150 personnes»

Afin d’y parvenir, Technoport s’attèle à la recherche d’entrepreneurs motivés pour imaginer le futur de l’automobilité, en termes de technologie, de matériaux ou de consommation énergétique. «Nous sommes en discussion avec 70 entreprises, dont une grosse douzaine avec qui la discussion s’est poursuivie de façon proactive, et trois qui ont déjà un précontrat commercial : Pony.ai, Voltcore et Right Energy», annonce Diego De Biasio. Ces trois entreprises doivent occuper les lieux dès le premier trimestre 2025, ce qui marquera le coup d’envoi de l’incubateur.

À terme, d’autres arrivées sont attendues puisque le lieu peut accueillir «entre 120 et 150 personnes» qui, une fois sur place, pourront travailler plus ou moins étroitement ensemble afin d’accélérer la progression de leurs travaux. Des organismes de recherche publique, tels que l’Université du Luxembourg ou le LIST, entreront également dans la boucle et pourront être accueillis.

Pour Lex Delles, ministre de l’Economie, nul doute que l’Automobility Incubator trouvera preneurs : «Le plus important c’est la collaboration, et les entreprises dans ce secteur verront la nécessité et les bienfaits de collaborer». Comme un aimant, l’incubateur a attiré auprès de lui le géant Goodyear, qui a annoncé hier la construction d’un bâtiment sur le campus afin de regrouper, d’ici 2026, ses 350 collaborateurs, répartis dans le pays. «Notre présence a pour but de participer à l’écosystème et de participer à la collaboration» explique Xavier Fraipont, vice-président EMEA de Goodyear.

Top départ pour la voiture autonome

Grâce à sa présence près de ce vivier d’idées pour le futur de la voiture, le constructeur de pneumatiques va, notamment, pouvoir travailler afin de «connecter le pneu et la route avec la voiture autonome pour rendre ces véhicules plus sûrs», fait savoir Xavier Fraipont. Ce dernier n’est pas le seul à parler des voitures autonomes, puisqu’elles promettent d’être le principal sujet d’étude au sein de l’incubateur.

«Une priorité du gouvernement, prévu dans l’accord de coalition, c’est la conduite autonome. Pour nous, ici, c’est très loin mais à San Francisco où j’étais en début d’année, ou en Chine dont je reviens, les taxis roulent sans conducteur» raconte Lex Delles. Les voitures autonomes étant encore loin d’être autorisées en Europe (lire ci-contre), le ministre est alors certain qu’en prenant de l’avance, «le Luxembourg a une carte à jouer avec la conduite autonome». Avant de s’installer comme un pionnier, il a monté un groupe de travail interministériel qui travaille actuellement «pour répondre à l’une des questions cruciales : est-ce que l’on peut conduire sans conducteur ?».

Toujours est-il que, même sans loi, la machine est déjà lancée à Bissen, ce qui laisse ainsi présager une future législation permettant la circulation de ces véhicules-robots. «Notre intérêt est de sélectionner des sociétés qui ont un lien direct avec la stratégie du gouvernement, parce que l’on sait que, derrière, il y aura un cadre favorable pour ce genre d’entreprise» confirme Diego De Biasio. Au Grand-Duché, tous les feux semblent donc au vert pour le développement de la voiture autonome.

Pas avant 2030 pour l’UE

Bien que le Luxembourg mette les bouchées doubles pour faire rouler des voitures sans conducteur, l’Union européenne n’est, elle, pas si pressée. La Commission européenne stipule que les véhicules autonomes sont «en phase de test et devraient entrer sur le marché entre 2020 et 2030, alors que les véhicules entièrement automatisés arriveront à partir de 2030». Bien loin de la Chine ou des Etats-Unis.