Après cinq mois d’hibernation, le parc de Bettembourg se réveille pour accueillir à nouveau le public dès samedi. En coulisses, les travailleurs handicapés de l’APEMH sont à pied d’œuvre.
Étalé sur 25 hectares à cinq kilomètres de la frontière française, il s’impose année après année comme le site touristique le plus visité du pays : le Parc Merveilleux de Bettembourg, qui fêtera ses 70 ans l’an prochain, s’apprête à rouvrir ses tourniquets ce samedi pour une nouvelle saison!
Seul zoo du Luxembourg, il a attiré 284 000 visiteurs en 2024, venus profiter des vastes aires de jeux, se détendre en pleine nature, sans oublier d’admirer les 2 000 animaux des cinq continents qui y sont hébergés.
Ce qu’on sait moins, c’est que le parc chouchou des familles fonctionne grâce aux travailleurs de l’atelier d’inclusion professionnelle géré par l’APEMH depuis plus de 25 ans.

Rendez-vous samedi : jusqu’à 2 500 personnes sont attendues. (Photo : Julien Garroy)
En 1997, l’Association de parents d’enfants mentalement handicapés, qui cherche un moyen de développer des formations et des emplois adaptés, acquiert en effet la majorité des parts du Parc Merveilleux et en fait l’un des 32 ateliers protégés agréés par le ministère de la Famille.
Actuellement, le site compte deux apprentis et une petite centaine de salariés handicapés qui assurent un nombre impressionnant de missions aux quatre coins du parc.
Les collaborateurs affectés au gardiennage d’animaux s’occupent de la préparation et de la distribution de nourriture, de l’entretien des enclos et volières, ou encore de l’hygiène et des soins.
Sans eux, il n’y aurait pas
de Parc Merveilleux
D’autres choisissent le paysagisme ou le jardinage, la restauration, et s’ajoutent encore toutes les tâches liées aux travaux de construction et de maintenance, la gestion de la buanderie, le service de nettoyage, et enfin la vente à la boutique de souvenirs.
«C’est simple, sans eux, il n’y aurait pas de Parc Merveilleux», sourit Lindsay Brockly, pédagogue et responsable du centre de formation. «Les saisonniers nous le disent : ils remarquent tout de suite quand les collègues de l’atelier protégé sont en congés.»

Pour autant, par choix, l’APEMH se fait très discrète sur le parc, avec des équipes qui savent se rendre totalement invisibles. «On est attachés à la qualité de l’offre qu’on propose et on veut que les gens fréquentent le parc pour ça, pas pour faire une bonne action.»
Alors, dès le mois de janvier, les petites mains du parc s’activent pour recevoir leurs hôtes dans les meilleures conditions, et durant les dernières semaines avant l’ouverture, le stress monte pour de bon : «Ils ont peur de ne pas finir à temps, ils veulent tellement bien faire qu’ils se mettent la pression.»
C’est le travail qui s’adapte, pas l’inverse
Ici, le rythme et les capacités de chacun sont respectés, explique Lindsay Brokly : «Nous sommes très attentifs à l’arrivée de nouveaux collaborateurs, car c’est un bouleversement pour eux qui sortent à peine de l’école et découvrent le monde du travail.»
Lors de cette période, les employés testent différentes activités lors de stages de six semaines, afin de déterminer laquelle leur convient le mieux.

«Une fois qu’ils ont trouvé leur place, ils suivent alors une formation plus approfondie. Dans tous les cas, c’est toujours le travail qui va s’adapter à eux, et pas l’inverse. C’est l’une de nos valeurs fondamentales.»
Si un peu plus de 60 noms figurent sur la liste d’attente de l’APEMH, ce sont en grande partie des jeunes qui sont encore à l’école et prévoient d’intégrer l’atelier par la suite.
En réalité, le parc de Bettembourg rencontre certaines difficultés à recruter depuis trois ans. Selon la direction, l’obligation scolaire portée de 16 à 18 ans semble jouer un rôle dans cette baisse des demandes, tout comme l’orientation de davantage de personnes handicapées sur le marché de l’emploi ordinaire.
«On a remis en état le pont»
À 35 ans, Olivier, de l’atelier nettoyage, va entamer sa dixième saison au Parc Merveilleux. Un environnement qu’il apprécie particulièrement : «Je m’entends bien avec mes collègues», confie-t-il.
Ces jours-ci, il n’a pas ménagé ses efforts : «On a remis en état le pont de bois qui traverse les enclos. À l’huile de coude!», lance le jeune homme en riant. S’il se réjouit de l’ouverture imminente et du retour des enfants, il ne cache pas que le calme de l’hiver lui va bien aussi.

Cinq bébés à l’enclos des chèvres
Penché sur une chèvre, William, l’un des gardiens des animaux du bois, s’applique de son côté à poser des bagues d’identification : «On pince ça sur leurs oreilles pour reconnaître les petites nouvelles qui viennent d’arriver. On a eu cinq bébés!»
À 26 ans, il s’épanouit auprès des bêtes et aime partager sa passion. «Je suis impatient de revoir les gens dans le parc.»
«Partout où on a besoin de moi»
Du côté du restaurant, Mélanie et ses collègues poursuivent la mise en place en vue de ce week-end. L’établissement fonctionne toute l’année et sert 140 couverts tous les midis pour le personnel. L’équipe se charge aussi de cuisiner les menus dégustés par les 80 enfants de la crèche Kokopelli voisine.

La jeune femme de 31 ans, elle, alterne les missions : «Quand le parc est ouvert, je travaille ici au self, et en hiver, j’aide au gardiennage, au nettoyage, partout où on a besoin de moi.»
Engagée il y a 11 ans, elle aime le contact avec les clients en salle, «même si les enfants ont tendance à tout salir», plaisante-t-elle.
Dehors, des jardiniers terminent d’installer un énième parterre de fleurs : «On a fait que ça cette semaine, planter, planter, planter!», lance joyeusement Isabelle, 27 ans. «On a mis des narcisses, des pensées, des primevères… On travaille dur pour que ce soit joli.»
En fonction de la météo, jusqu’à 2 500 personnes sont attendues samedi pour vivre cette journée de réouverture.
Nouveau cette saison
- Un labyrinthe pour enfants, dans la forêt, à côté de l’aire de jeux Raiffeisen
- Une nouvelle aire de jeux dans la zone de la maison Madagascar
- Un couple de loups ibériques
- Des aquariums marins rénovés dans la maison Amazonie
- La réservation en ligne pour le restaurant
- Le week-end et les jours fériés, un rétrobus gratuit entre le parc et le P&R Krackelshaff
Ouverture du 29 mars au 12 octobre, tous les jours de 9h30 à 19 h (fermeture de la caisse à 18 h). Entrée adulte à 15 euros, enfants (3-14 ans) 10 euros, gratuit pour les moins de 3 ans. Billetterie en ligne conseillée.