L’association luxembourgeoise ASTI appelle le gouvernement à faire preuve de plus de «bienveillance», alors que les demandes d’asile des réfugiés syriens sont toujours en suspens.
Respecter les droits humains et la dignité de toutes les personnes migrantes. Voilà en une phrase la position émise ce lundi 23 décembre par l’Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés (ASTI), face à la situation actuelle en Syrie.
Une position partagée par de nombreuses associations luxembourgeoises, qui ont pris la parole ces dernières semaines suite à l’effondrement du gouvernement du président Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier. En effet, les pays européens, dont le Luxembourg, ont tous stoppé les examens des demandes d’asile des réfugiés syriens, «le temps d’effectuer une analyse approfondie de la nouvelle situation géopolitique».
Cette suspension est censée permettre aux Européens de se concerter, se mettre au diapason et «observer comment évolue la situation en termes de droits de l’homme», justifiait à l’époque le ministère des Affaires étrangères.
Mais près de deux semaines après les faits, force est de constater que rien ne change. Une situation qui n’a que trop durer pour l’ASTI, qui appelle ce lundi les autorités luxembourgeoises à «garantir un accueil digne et respectueux des réfugiés syriens». «La suspension des procédures d’asile pour les Syriennes et les Syriens est un signal qui va dans la mauvaise direction et qui oblige à nous poser des questions sur notre réelle vision de l’accueil et sur l’efficacité de la politique d’accueil au Luxembourg», appuie l’association.
L’ASTI souhaite en effet que les autorités luxembourgeoises fassent preuve de plus de «bienveillance», tout en maintenant une certaine rigueur dans l’appréciation des demandes de protection internationale. De façon à «protéger les victimes et à éviter que des agents et tortionnaires du régime criminel d’Assad trouvent impunément refuge au Luxembourg.»
«Des personnes porteuses de richesse»
Malgré la chute du dictateur Bachar El-Assad, la prudence reste de mise. La Syrie demeure un pays marqué par l’instabilité, des «violences récurrentes» et des «violations graves des droits fondamentaux». L’ASTI donne l’exemple notamment de la situation des femmes, qui laisse présager le retour à des restrictions.
«Le retour à des pouvoirs autoritaires ou islamistes quelques mois après les Printemps arabes ou en Afghanistan nous oblige à la prudence». Dans ce contexte, les initiatives visant à contraindre les réfugiés syriens à retourner dans leur pays d’origine sont jugées par l’association luxembourgeoises de «précipitées et dangereuses». Un retour forcé ou insuffisamment préparé pourrait en effet exposer ces individus à des risques sérieux pour leur vie et leur sécurité.
L’ASTI appelle donc le gouvernement à «refuser toute forme de pression pour un retour forcé» : «le respect du principe de non-refoulement, inscrit dans le droit international et dans la législation luxembourgeoise doit être une priorité absolue», affirme l’asbl.
Depuis la chute du régime, nombreux sont les réfugiés à vouloir aussi retourner en Syrie. L’ASTI souhaite que le gouvernement leur permette de visiter la Syrie, «sans perte automatique de leur statut», de façon à «pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause quant à leur retour définitif».
Et de rappeler que les réfugiés «sont à considérer non comme une charge, mais comme des personnes porteuses de potentiel et de richesse pour nos sociétés.» Une approche «empreinte de bienveillance et de justice sociale est indispensable pour construire un avenir commun fondé sur le respect des droits humains et la solidarité.»