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L’ASTI aide les sans-papiers et s’insurge contre leur sort


«Pourquoi ne pas profiter du moment pour régulariser les personnes sans papiers», plaide l'association présidée par Laura Zuccoli. (Photo : archives LQ/Julien Garroy)

Brésiliens, Cap-Verdiens, Sénégalais… L’arrêt des activités économiques dû à la crise sanitaire a durement frappé les sans-papiers. L’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) n’a cependant pas manqué de soutenir ceux qu’elle appelle les «oubliés de la crise».

Pour ces sans-papiers, l’ASTI, nous dit-elle dans un communiqué, a mis en place des permanences de distribution de bons alimentaires aux épiceries sociales grâce au soutien de nombreux donateurs et à un secours exceptionnel de l’Œuvre Grande-Duchesse Charlotte de 10 000 euros. Depuis le 10 avril, les mardis et vendredis, des permanences de remise de bons alimentaires permettant à ces personnes de faire leurs achats aux épiceries sociales se tiennent au siège social de l’association (10, rue Auguste Laval, Luxembourg-Eich).

L’ASTI a jusqu’ici distribué aux sans-papiers des bons pour une somme totale de 20 000 euros. Cette distribution a concerné 214 personnes, dont 61 enfants. Ils représentent 105 ménages dont :

  • 32 familles ayant jusqu’à 5 enfants ;
  • 8 familles monoparentales avec 1 à 2 enfants ;
  • 10 couples sans enfants ;
  • et 57 célibataires.

D’où viennent ces gens? Essentiellement de l’extérieur de l’Union européenne : Brésiliens, Péruviens, Sénégalais, Camerounais, Nigérians et Cap-Verdiens, Maghrébins… Mais un quart des demandeurs sont aussi originaires des pays de l’ex-Yougoslavie.

Depuis combien de temps sont-ils là? Leur durée moyenne de séjour au Luxembourg est de trois à quatre années, aucune personne qui s’est présentée n’avait moins d’une année de séjour. Six  personnes sont au Luxembourg depuis plus de dix ans,  dont trois plus de 15 ans.

Où travaillaient-ils? La plupart étaient employés dans la restauration et des campings et 90 % ont un logement stable.

Pourquoi ont-il été réduits à demander l’aide de l’ASTI? Ils travaillaient avant la crise dans des conditions non conformes à nos lois. Non déclarés à la sécurité social, ils recevaient un salaire bien en dessous du salaire minimum légal. Avec l’arrêt des activités économiques, ces personnes se sont retrouvées sans emploi, sans aides de l’État ni droit à l’aide sociale.

Plaidoyer pour la régularisation des sans-papiers

Au-delà de l’aide qu’elle apporte aux sans-papiers pendant cette crise (ce que le «riche Luxembourg n’a pas su faire»), l’ASTI s’insurge contre leur sort : «Nombreux sont ceux qui disposent d’un logement, vivent ici avec leur famille, certains avec des enfants scolarisés. Leur seul tort est de n’avoir pas pu accéder à une autorisation de séjour leur permettant de travailler légalement au Luxembourg. La fermeture des frontières ne leur a pas non plus permis de rentrer au pays d’origine.»

L’ASTI va plus loin et émet un souhait : «Pourquoi ne pas profiter du moment pour régulariser les personnes sans papiers qui vivent et travaillent dans notre pays sans autorisation de séjour? Ces personnes n’ont pas été, jusqu’à présent, à la charge de l’État, ils veulent juste travailler et construire un meilleur avenir pour eux et leur famille.»

L’«humanisme particulier envers les réfugiés» dont a fait preuve le Luxembourg ne pourrait-il pas, s’interroge l’ASTI, s’étendre à ces migrants économiques. D’après l’association, «une régularisation est toujours gagnante pour tous : le travailleur peut faire valoir ses droits, l’employeur sort de l’illégalité en payant cotisations et impôts, l’État voit ses recettes augmenter avec ces nouveaux contribuables.»

En attendant, l’ASTI poursuivra sa permanence de distribution des bons alimentaires aux épiceries sociales.

LQ

L’ASTI renouvelle son appel à dons. Compte ASTI Solidarité CCPL LU72 1111 1515 1501 0000 – mention « soutien aux sans-papiers ».