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Lars von Trier provoque encore avec le violent « The House that Jack Built »


Matt Dillon dans la peau d'un tueur en série surnommé "Monsieur Sophistication", qui veut faire de ses assassinats des œuvres d'art. (capture YouTube)

Après le sulfureux « Nymphomaniac » il y a cinq ans, le cinéaste danois controversé Lars von Trier revient toujours en mode provocation avec « The House that Jack Built », un film très violent sur le parcours d’un tueur en série.

Long-métrage de plus de 2h30 en salles mercredi, avec Matt Dillon dans le rôle titre, The House that Jack Built se déroule aux États-Unis dans les années 1970. Le film, composé de cinq parties – relatant chacune un « incident », à savoir un meurtre – suit Jack (Matt Dillon), un tueur en série surnommé « Monsieur Sophistication », qui veut faire de ses assassinats des œuvres d’art. Le spectateur découvre peu à peu ses pensées, à travers sa conversation avec un inconnu appelé Verge (Bruno Ganz).

Rendu au départ ridicule par ses troubles obsessionnels compulsifs et son obsession maniaque du nettoyage, qui suscitent même le rire, Jack sillonne les routes dans sa camionnette, le tout sur fond de musique entraînante, de Fame de David Bowie à Hit the Road Jack. Mais au fur et à mesure que le film avance, que sont décrits ses crimes et qu’il prend des risques, l’horreur s’installe. Connu pour ses scènes de sexe et de violence parfois extrêmes, Lars von Trier ne recule devant aucun tabou, d’images de corps lacérés ou mutilés en mises en scène particulièrement insoutenables avec des cadavres.

Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes (avec la mention « scènes violentes » sur les tickets d’entrée), le film avait provoqué le malaise d’un certain nombre de spectateurs. Certains avaient même quitté la salle, en particulier après une scène choquante mimant une partie de chasse, dans laquelle des enfants se font assassiner, et une autre où une femme se fait découper les seins, transformés en porte-monnaie.

« J’essaie toujours d’aller loin. Ce serait malhonnête de ne pas le faire. Les choses qui arrivent dans la vraie vie, qui est pire, devraient et pourraient être filmées », avait souligné à Cannes le réalisateur de 62 ans, qui se revendique « politiquement incorrect ». Estimant qu’il « aurait fait un grand » tueur en série, il avait reconnu avoir fouillé au plus noir de son âme pour écrire son personnage. « Je mets de moi dans tous mes personnages. Mais pour Jack c’est évident. Il se voit comme un artiste, moi aussi ».

Palme d’or à Cannes en 2000 pour Dancer in the Dark, Lars Von Trier a souvent déclenché la polémique, agaçant ou mettant mal à l’aise certains par ses provocations, quand d’autres sont séduits par son audace et ses qualités de mise en scène.

LQ/AFP