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L’armée luxembourgeoise impuissante face aux risques nucléaires transfrontaliers


Les piscines d'entreposage du combustible usé peuvent être la cible d’attaques de drones, ce qui inquiète le Luxembourg.

Le gouvernement a alerté l’Autorité française de sûreté nucléaire quant aux risques d’attaques aériennes contre les installations de Cattenom. Mais l’armée luxembourgeoise n’a « ni mandat ni compétence » pour protéger ces infrastructures étrangères, même situées à quelques kilomètres de nos frontières.

La question est technique, mais ses implications peuvent être importantes pour le Luxembourg. Les piscines d’entreposage du combustible usé des réacteurs nucléaires de deuxième génération, comme ceux de Cattenom, en France, et de Tihange, en Belgique, sont-elles suffisamment protégées contre une attaque terroriste par drone ou une chute d’avion?

C’est l’inquiétude exprimée par la députée verte Joëlle Welfring dans une question parlementaire adressée au Premier ministre. Une préoccupation d’autant plus pressante que la Belgique a récemment prolongé la durée de vie des réacteurs Doel 4 et Tihange 3, tandis que la France s’apprête à faire de même pour vingt réacteurs, dont ceux de Cattenom.

Dans sa réponse publiée ce mardi 28 octobre, le gouvernement révèle avoir pris les devants. «(…) Le Luxembourg a attiré l’attention de l’ASNR sur la vulnérabilité potentielle des piscines d’entreposage du combustible usé face à une chute accidentelle ou intentionnelle d’aéronef», précise ainsi la réponse signée par Luc Frieden (CSV).

Une vulnérabilité visiblement reconnue par les concepteurs eux-mêmes : «Le fait que les réacteurs de troisième génération, comme le nouveau réacteur de Flamanville, aient intégré les piscines d’entreposage du combustible usé à l’intérieur de l’enceinte du bâtiment réacteur suggère qu’une telle configuration pourrait offrir des avantages en matière de protection physique», note ainsi le Premier ministre luxembourgeois.

Un risque jugé «très faible» par EDF

Du côté français, l’exploitant Électricité de France (EDF) a réalisé une étude sur ce risque spécifique et le juge «très faible». Mais le gouvernement luxembourgeois note que «les spécifications techniques n’ont pas été partagées».

Interrogé sur les moyens dont dispose l’armée luxembourgeoise pour intervenir en cas de problème, le gouvernement est catégorique : «La défense des territoires belge et français et de leurs infrastructures critiques relève exclusivement de la responsabilité souveraine de la Belgique et de la France, et la défense des centrales nucléaires belges et françaises n’entre pas dans le champ des missions ordinaires de l’armée luxembourgeoise».

Et d’appuyer : «L’armée luxembourgeoise n’a ni mandat ni compétence directe pour assurer la protection d’infrastructures étrangères, même si elles sont situées à proximité immédiate de nos frontières».

Le Luxembourg mise donc sur la préparation, plutôt que l’action, face aux situations d’urgence. Le gouvernement explique ainsi avoir adopté «une approche déterministe» : «Plutôt que d’évaluer la probabilité d’un accident grave, cette méthode consiste à organiser une réponse coordonnée à la crise, quel que soit l’événement déclencheur».

Cette stratégie, baptisée «HERCA-WENRA Approach», a notamment conduit la France à étendre de 10 à 20 kilomètres le périmètre de distribution des comprimés d’iode autour des installations nucléaires. Au Luxembourg, le plan d’intervention d’urgence en cas d’accident nucléaire fait actuellement l’objet d’une révision par le Haut-Commissariat à la protection nationale, «dans une logique d’amélioration continue des dispositifs de préparation et de réponse», conclut Luc Frieden.

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