Le Parlement a adopté mardi une motion exigeant l’implémentation des 40 mesures du plan d’action en faveur de la langue luxembourgeoise. CSV et ADR ont voté contre.
La motion souhaite en outre qu’un bilan soit dressé d’ici trois ans. Avec son plan d’action pour la promotion du luxembourgeois, le gouvernement tente de noyer le poisson de la crispation autour de la langue nationale.
Jeudi dernier, le gouvernement a présenté son plan d’action pour la promotion de la langue luxembourgeoise. Annoncée comme une «stratégie sur 20 ans» articulée autour d’une quarantaine de mesures, notamment la création d’un poste de commissaire à la langue luxembourgeoise et d’un Centre pour la langue luxembourgeoise, l’initiative avait pourtant laissé sceptique plus d’un.
Qualifiée de trop généraliste et de «vague» par l’opposition, qui voyait surtout dans ce plan une réaction au succès de la pétition 698 (en faveur du luxembourgeois comme première langue administrative) ainsi qu’une manœuvre de la coalition au pouvoir pour se positionner avant les communales d’octobre, le débat organisé hier à la Chambre des députés sur le même sujet n’aura pas contribué à rendre l’initiative plus crédible.
Déi Lénk : pour une approche constructive
En effet, entendre Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, défendre une nouvelle fois la reconnaissance de la langue nationale au niveau européen dans le but d’obliger les institutions européennes à fournir des réponses en luxembourgeois ou Guy Arendt vanter les mérites d’un Lex Roth pour la langue luxembourgeoise et se demander si les Luxembourgeois ne serviraient pas mieux leur langue s’ils arrêtaient de converser dans une autre, a de quoi surprendre, surtout de la part de libéraux.
Par conséquent, le CSV s’est fait un malin plaisir de jouer la voix de la raison, en se demandant si vraiment recevoir des réponses en luxembourgeois de la part des institutions européennes est une demande réelle et si vraiment «on a besoin» de 40 mesures, dont la moitié, comme le relevait la députée Martine Hansen, «ne sont pas nouvelles».
Fernand Kartheiser, de l’ADR, a décrit un gouvernement qui, en prenant la défense du luxembourgeois, essayerait de se «dédouaner» par un «geste politique». La preuve : la coalition s’excuserait sans cesse de son engagement pour la langue en renvoyant en même temps à l’importance du multilinguisme pour le Luxembourg… Le député ADR a d’ailleurs saisi l’occasion pour identifier bon nombre d’éléments du plan d’action comme directement inspirés de positions défendues par son parti et, enorgueilli par ce constat, a revendiqué avec d’autant plus de force l’obligation dans les hôpitaux et les commerces de parler luxembourgeois, la situation actuelle étant «intenable» et «inacceptable».
Finalement, il n’y a eu que déi Lénk pour identifier les faiblesses du plan d’action gouvernemental et en même temps esquisser ce qui aurait pu être des pistes concrètes pour envisager la langue et la situation linguistique luxembourgeoises. Pour Marc Baum, la nomination d’un commissaire à la langue luxembourgeoise n’est qu’une manière pour le gouvernement de se soustraire à ses «responsabilités». Pourquoi n’avoir pas essayé de rendre compte des tensions existantes entre les langues parlées au Luxembourg? Pourquoi ne pas offrir également le congé linguistique aux Luxembourgeois désireux d’apprendre ou de perfectionner une langue? Pourquoi ne pas promouvoir l’alphabétisation en luxembourgeois dans nos écoles ou mettre l’accent sur l’étude de la didactique des langues dans le contexte spécifiquement luxembourgeois? Autant d’aspects négligés par la stratégie du gouvernement, qui «n’en est pas une, en raison de l’absence de débat et de son contenu finalement plutôt maigre».
Frédéric Braun
Il me semble que ce sont des combats d’arrière garde devant l’influence grandissante du français.