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L’AMMD, fragilisée, appelle à l’unité


L'AMMD tente de rameuter les troupes pour conserver sa représentativité. Face à elle, les médecins salariés hospitaliers menacent. (Photo Fabrizio Pizzolante)

Une newsletter interne de neuf pages envoyée par l’AMMD invite les médecins à se serrer les coudes. Se sentant isolée au sein de la profession, l’association met de l’eau dans son vin.

Les critiques ont fusé de toutes parts, si bien que l’AMMD s’est retrouvée isolée. Dans son propre camp, les avis divergent et sa prochaine assemblée générale, prévue le 17 décembre, devrait éclaircir ses positions. Ce même jour doit aussi avoir lieu la première réunion entre l’association, le gouvernement et la Caisse nationale de santé (CNS) à la suite de la dénonciation des deux conventions qui lient les médecins et les médecins-dentistes à la CNS.

Cette «décision historique», comme la nomme l’AMMD, «reflète la volonté claire des médecins et médecins-dentistes de mettre fin à un cadre devenu incompatible avec la réalité de la médecine moderne et avec le principe constitutionnel de liberté d’exercice et de la protection sociale de la population», écrivait-elle dans un communiqué du 31 octobre. Depuis cette date, les collèges médicaux des établissements hospitaliers du pays, la fédération des hôpitaux, l’association de défense des patients et les politiques leur opposent l’argument d’un système de santé basé sur la solidarité et l’accès au soin pour tous.

Une association toujours représentative ?

Le tollé a été tel que le président de l’AMMD, Chris Roller, a multiplié les interventions dans les médias pour tenter de calmer le jeu. «Les médecins et médecins-dentistes ne veulent et ne peuvent plus accepter le carcan légal et réglementaire, à plusieurs niveaux anticonstitutionnel, du conventionnement obligatoire et automatique», déclarait l’association fin octobre. Et d’ajouter que «la résiliation de la convention constitue la première étape d’une démarche politique et professionnelle visant à ouvrir une négociation de fond sur la réforme du cadre légal et réglementaire – incluant la loi de l’exercice médical, la loi hospitalière et le code de la sécurité sociale – afin de parvenir à une nouvelle convention adaptée aux besoins réels de la médecine libérale et aux attentes de la population».

Conventionnement sélectif, autonomie tarifaire des médecins et médecins-dentistes selon une tarification établie «avec tact et mesure» avec un recours aux assurances privées, mise en place d’un financement des frais réels pour les cabinets médicaux et création d’un cadre légal pour l’exercice médical en société font partie des revendications de l’AMMD. La question qui se pose est de savoir si elle sera toujours représentative de la profession. Entre-temps, l’association des Médecins salariés hospitaliers (MSH) entend revoir ses statuts lors de sa prochaine assemblée générale, lundi prochain, et ouvrir son cercle aux médecins libéraux qui officient dans les hôpitaux. De quoi faire frémir l’AMMD, qui a envoyé mercredi une newsletter de neuf pages à tous ses membres pour les exhorter, principalement, à l’unité.

L’occasion aussi de rétablir, selon l’AMMD, quelques vérités qui se sont retrouvées déformées. Elle affirme aujourd’hui que son conseil d’administration s’est toujours opposé à la présence d’investisseurs privés extérieurs à la profession dans les structures médicales. Ce qui n’est pas tout à fait vrai.

Qui autour de la table ?

Cette semaine, un membre du CA, le Dr Eric Sassel, médecin généraliste à Bascharage, a envoyé aux rédactions les trois motions qu’il entendait soumettre à l’assemblée générale du 17 décembre et qui «servent le bien commun», écrit-il. Selon lui, «une écrasante majorité de médecins dit non aux dérives, non à la financiarisation, non à la salarisation et non au reconventionnement sélectif». Selon la dernière livraison du Land, le Dr Sassel s’est fait rappeler à l’ordre par le président de l’AMMD qui lui a rappelé que lui seul était habilité à s’exprimer face à la presse. Et la radio 100,7 a indiqué que le Dr Sassel avait été invité à démissionner du conseil d’administration. Ambiance.

L’AMMD ne sait pas encore à quoi s’attendre le 17 décembre pour la première réunion avec la CNS autour d’une nouvelle convention. Et qui sera autour de la table? La ministre de la Santé, Martine Deprez, a elle-même indiqué qu’elle verrait bien qui prendra place ce jour-là. L’ASBL Médecins salariés hospitaliers pourrait y faire son apparition. L’AMMD se laissera, elle aussi, surprendre. Son appel à l’unité trouvera-t-il un écho favorable au sein de la profession? L’association se retrouve plus que jamais fragilisée. Les trois motions que soumettra au vote le Dr Sassel seront-elles adoptées. Si oui, les revendications de l’AMMD seront bien édulcorées.

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