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L’amertume de Juncker


Juncker a rappelé le douloureux épisode de ses déboirs politiques luxembourgeois pour répondre aux questions tournant autour du mécanisme des Spitzenkandidaten pour les prochaines élections européennes de 2019. (Photo : Editpress)

Le vainqueur des élections qui reste à quai? Ce traumatisme reste bien présent chez Jean-Claude Juncker. Vendredi, à l’occasion du sommet européen informel des 27 pays qui formeront l’UE après le Brexit, il est revenu sur sa chute.

Xavier Bettel était déjà sur le chemin du retour vers le Luxembourg lorsque son prédécesseur, Jean-Claude Juncker, a profité de la conférence de presse de clôture du sommet informel de vendredi pour expliquer à la presse internationale son traumatisme vécu en octobre 2013.

Après une dernière législature à la tête du gouvernement luxembourgeois, semée de scandales à répétition, le Premier ministre perpétuel du CSV a été obligé de céder le flambeau au jeune libéral Xavier Bettel. Pourquoi ce retour en arrière, alors que sa chute au Luxembourg a enfin ouvert la voie à Jean-Claude Juncker pour réaliser son rêve européen?

Eh bien, le président de la Commission européenne s’est rappelé de ce douloureux épisode pour répondre aux questions tournant autour du mécanisme des Spitzenkandidaten pour les prochaines élections européennes de 2019. « Il s’agira des têtes de liste désignées par les familles politiques européennes. Mais il n’y a pas d’automatisme selon lequel celui qui remportera ces élections deviendra aussi mon successeur. Après l’élection, une deuxième campagne commence et il faut réussir à convaincre une majorité de dirigeants européens et de membres du Parlement européen pour être élu président de la Commission européenne», explique Jean-Claude Juncker.

« J’ai gagné les élections luxembourgeoises, mais je ne suis pas resté Premier ministre car une autre coalition s’est formée », complète l’ancien Premier ministre.

Pour éviter Le Pen

Tout ce retour en arrière a servi à Jean-Claude Juncker pour expliquer le paradoxe que la tête de liste qui remportera les européennes de 2019 ne sera pas forcément celui qui lui succèdera au Berlaymont, siège bruxellois de la Commission européenne.

Comme évoqué, Xavier Bettel n’était plus présent au moment de cet épisode nostalgique. Mais le Premier ministre luxembourgeois suit l’idée de son prédécesseur. «On n’élit pas le président de la Commission européenne lors du scrutin de 2019, mais bien un Parlement européen. C’est comme au Luxembourg, où on élit une Chambre et pas un gouvernement », souligne Xavier Bettel, qui reste sceptique sur le concept des têtes de liste en l’absence de listes transnationales.

Mais il défend le droit du Conseil européen de proposer un candidat pour présider la Commission, même si ce dernier n’est pas celui qui a raflé la mise lors des élections. «Cela évitera qu’un jour Marine Le Pen devienne pour 5 ans la représentante de l’Europe après avoir remporté les européennes en tant que Spitzenkandidatin d’une liste des eurosceptiques », conclut le Premier ministre luxembourgeois.

David Marques