Pour avoir harcelé un policier et sa compagne par des messages de manière intempestive et répétée, une quinquagénaire était convoquée jeudi à la barre.
Ils se sont rencontrés fin 2007 dans un commissariat de police de l’est du pays quand elle était en détresse et avait des problèmes dans son couple. À l’époque, elle avait trouvé une oreille disponible. Les contacts se sont intensifiés. Une relation a vu le jour. L’amante n’a toutefois pas digéré quand elle s’est fait évincer. Et puis cela a dégénéré.
« Elle m’importunait tous les jours, par SMS, WhatsApp et courriels. C’était pénible car beaucoup de messages arrivaient sur mon adresse professionnelle. » Le policier avait porté plainte mi-décembre 2015 contre la quinquagénaire. Mais selon lui le harcèlement a débuté en 2014, alors qu’il venait de quitter son épouse. «Quand elle a appris cela, elle s’est mise à m’envoyer des messages.» Le policier (54 ans) dit toutefois qu’à l’époque il avait déjà une nouvelle partenaire. «Je lui ai bien dit que c’était fini entre nous. En octobre 2015, j’ai explosé. Je lui ai dit que si elle n’arrêtait pas, je porterais plainte.» C’est finalement ce qui est arrivé.
Rien qu’entre le 28 novembre et le 4 décembre 2015, en l’espace de sept jours seulement, elle lui envoie 206 messages WhatsApp. «C’était plutôt un monologue de la part de Madame», constate l’enquêteur qui a recueilli la plainte. Il l’avait convoquée pour l’avertir. Sans effet. Elle a persévéré. Jusqu’en juin 2016. Elle n’a épargné personne. Tout l’entourage de la nouvelle conquête du policier y passe.
Via Facebook, elle l’identifie et apprend qu’elle enseigne le piano. «Elle simule donc que sa fille aimerait prendre des cours de piano pour la contacter», rapporte l’enquêteur. Cela ne s’arrête pas là. Elle va jusqu’à contacter une partie de sa famille qui habite à Londres. Quant à son ex-mari, elle le retrouve également. Comme il est ostéopathe, elle en profite pour prendre rendez-vous chez lui…
«Pour moi, c’était une femme vraiment désespérée. Elle n’a pas digéré qu’une nouvelle femme ait pris la place dans la vie du policier», analyse l’enquêteur. Visiblement, elle avait conservé les messages qu’ils avaient échangés les dernières années. Elle n’a pas manqué de les déposer dans une enveloppe dans la boîte aux lettres de sa rivale.
«La morale n’intéresse pas le parquet !»
Jeudi matin, la prévenue de 51 ans était convoquée à la barre de la 12e chambre correctionnelle pour répondre de son comportement. Ses explications, on ne les a pas entendues. Son avocate a fait savoir qu’elle avait dû se faire opérer d’urgence la veille. À travers le rapport d’expertise, quelques éléments ont néanmoins filtré. Au psychiatre, elle avait confié qu’elle n’avait pas supporté qu’il continue la relation alors qu’il avait une nouvelle copine. D’où les nombreux messages envoyés.
Si la prévenue a reconnu avoir été trop loin, son avocate a insisté sur le manque de clarté régnant à la fin de la relation : «Entre fin 2014 et 2015, ma cliente a été promenée. C’est une situation où on peut comprendre qu’un certain désarroi se soit installé.» Me Lise Reibel poursuit : «Elle se sentait l’une parmi les quelques-unes de Monsieur.» Selon Me Reibel, ce contexte doit être pris en compte lors de la détermination de la peine.
Sur certains points, le parquet a rejoint les plaidoiries de la défense : «Monsieur a changé de copine. À un moment donné, il aurait dû être plus clair.» «Mais la morale n’intéresse pas le parquet !», souligne le premier substitut. Il cite un message dans lequel le quinquagénaire écrit à la prévenue que cela ne peut continuer ainsi. «Ça sonne plus ou moins le glas de la relation.» Certes «l’amante évincée et frustrée» aurait eu le droit de se plaindre, estime-t-il. «Mais c’est là qu’elle commence avec le harcèlement. À partir du mois d’octobre, elle envoie message sur message. Là il y a infraction pénale, car elle affecte sa tranquillité.»
De l’avis de l’expert, la prévenue ne constitue pas un danger pour autrui. Actuellement, elle serait suivie par un psychiatre et aurait entamé une nouvelle relation. Le parquet requiert six mois de prison et une amende à son encontre. Il s’oppose à la suspension du prononcé demandée par la défense, mais suggère la possibilité de travaux d’intérêt général (TIG).
Le policier et sa nouvelle compagne, quant à eux, se sont constitués parties civiles dans cette affaire. Ils réclament un total de près de 48 000 euros de dommages et intérêts. «Ce n’était plus vivable.» Voilà les mots du couple à la barre.
Prononcé le 26 avril.
Fabienne Armborst
J’ai bien compris, c’est un policier marié qui a couché avec une personne en détresse ?