Le ministre de l’Éducation nationale l’avait annoncé et l’a confirmé. Le projet Alpha – zesumme wuessen sera généralisé dès la rentrée 2026 et tous les acteurs ont le temps de s’y préparer.

Les socialistes ont approuvé le projet Alpha introduisant le choix d’apprendre à lire et à écrire soit en allemand, soit en français. Mais le LSAP garde à l’œil la mise en pratique de ce projet qui sera généralisé à la rentrée 2026. En séance plénière, mardi, la députée Francine Closener a une nouvelle fois interrogé le ministre Claude Meisch sur les craintes qui naissent autour de ce «changement de paradigme», comme le qualifie le ministre.

Ainsi, Francine Closener semble regretter que le choix de la langue d’alphabétisation entre en vigueur dans toutes les écoles fondamentales dès la rentrée 2026 alors que le projet n’a pas encore été évalué. Tout en reconnaissant que le concept est encore récent, la députée tient déjà à prévenir le ministre que les socialistes veilleront à ce qu’il ne détériore pas la cohésion sociale.

Il faudra plus de salles de classe et plus d’enseignants pour mettre ce concept en œuvre. Environ 150 salles de classe et une centaine d’enseignants supplémentaires d’ici 2030, répartis dans les 100 communes du pays. «Les personnels enseignants doivent eux-mêmes déterminer comment ils organisent leur classe et des cours d’appui pourraient être supprimés», alerte la députée, qui rejette catégoriquement cette option.

Ce projet, qui est destiné à combler les inégalités du système scolaire luxembourgeois, ne doit pas faire l’économie des cours d’appui, selon Francine Closener. «Le projet Alpha ne peut être mis en place que si le personnel est prêt et motivé», déclare-t-elle. «On ne veut surtout pas que les cours d’appui disparaissent au profit de l’alphabétisation en français», prévient-elle.

Claude Meisch veut stopper net cette polémique en affirmant que les cours de soutien scolaire seront maintenus. Il profite de l’occasion pour vanter les mérites de ce nouveau concept introduit en 2022 dans quatre écoles, à Differdange, Dudelange, Schifflange et Larochette. Pour la rentrée 2026, le projet sera généralisé pour le cycle 1.2 dans toutes les écoles du pays et sera élargie à toutes les classes d’âge.

Le ministre a reconnu que tout était encore en état de préparation, mais les discussions vont bon train avec tous les acteurs de terrain et les experts du ministère. Les communes sont étroitement liées à cette mise en place, puisqu’elles sont les premières concernées par les infrastructures à prévoir. Il s’agit de mettre une à deux salles de classe à la disposition de ce système pour qu’il fonctionne. Pour le ministre, c’est tout à fait gérable. Comme d’ailleurs le nombre d’enseignants supplémentaires.

Une première évaluation des projets pilotes est prévue dans les semaines à venir. Claude Meisch assure que les personnels auront le temps de se préparer à cette nouveauté et indique que les formations offertes sont «bien fréquentées», ce qui prouverait «un certain engouement pour le projet».

En mars dernier, le ministre de l’Éducation nationale a remis les attestations aux premiers enseignants ayant suivi et validé le parcours de formation Alpha proposé par l’Institut de formation de l’Éducation nationale (IFEN). La remise des attestations à plus de 50 enseignants a eu lieu dans le cadre d’une exposition pédagogique autour du concept, un événement qui a rassemblé environ 350 personnes.

L’exposition organisée par l’IFEN a mis en avant les méthodologies appliquées dans les écoles pilotes du concept, les échanges de points de vue avec les enseignants et la mise en œuvre du concept.

Le parcours de formation permet aux participants d’approfondir leurs compétences sur des thématiques spécifiques, d’échanger avec des experts, d’expérimenter des formats variés d’apprentissage et d’évoluer au sein d’un réseau pédagogique dynamique. Le premier parcours, qui s’étendait sur 14 mois, a débuté en octobre 2023. Pour chaque participant, il est constitué de 40 heures obligatoires de formation, auxquelles peuvent s’ajouter 30 heures supplémentaires selon les choix des participants. L’IFEN propose aussi des formations sur mesure.

Afin de répondre aux besoins des enseignants et d’intégrer les retours des participants, le programme de formation sera progressivement élargi. L’objectif est de permettre à chaque enseignant de profiter de formations adaptées et enrichissantes pour ses pratiques pédagogiques.