Les contrôles temporaires aux frontières allemandes, mis en place en septembre 2024 pour lutter contre l’immigration illégale, vont être prolongés de six mois. Le Luxembourg compte saisir la Commission européenne, jugeant cette mesure contraire aux règles de l’espace Schengen.
Ces contrôles «réduisent efficacement la migration irrégulière», a fait valoir le chancelier Olaf Scholz dans cette annonce faite avant les élections législatives du 23 février où l’immigration s’est imposée comme un sujet politique central.
Au nom de la «sécurité intérieure» et de la lutte contre l’immigration clandestine, l’Allemagne avait rétabli des contrôles temporaires à toutes ses frontières le 16 septembre 2024, pour une durée de six mois.
La Commission européenne avait alors rappelé que des mesures de ce type «doivent rester strictement exceptionnelles» et plaidé pour qu’elles soient «proportionnées». En principe, de tels contrôles aux frontières intérieures sont proscrits au sein de l’espace Schengen, mais en cas de menaces pour l’ordre public ou la sécurité, ils sont possibles pour une durée de six mois, avec prolongation pour une durée totale n’excédant pas deux ans.
Le Luxembourg compte saisir la Commission européenne
Le gouvernement luxembourgeois ne compte pas tolérer cette prolongation. Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, a souligné à plusieurs reprises saisir la Commission pour faire annuler une mesure qui nuirait fortement au trafic transfrontalier entre le Grand-Duché et l’Allemagne. Plus de 53 300 résidents allemands passent tous les jours la frontière pour venir travailler au Luxembourg.
Le Premier ministre, Luc Frieden, fustige également les contrôles, mais a jusqu’à présent exclu l’introduction d’un recours devant la Cour de justice de l’UE.
Depuis septembre dernier, la police allemande est postée sur les axes autoroutiers en direction de Trèves et de Sarrebruck. Les barrages filtrants provoquent régulièrement d’importants bouchons.
47 000 refoulements, 1 900 passeurs arrêtés
Le chef du gouvernement allemand met en avant l’efficacité de la mesure avec «47 000 refoulements aux frontières, un tiers de demandes d’asile en moins de 2023 à 2024 et l’arrestation de 1 900 passeurs».
Son rival Friedrich Merz, chef des conservateurs allemands et favori des sondages pour devenir le prochain chancelier, a dit vouloir réintroduire des contrôles permanents aux frontières, avec l’objectif de bloquer et refouler tous les étrangers sans-papiers, y compris les demandeurs d’asile.
Mais en cas de victoire, il devra d’abord former une coalition, l’option d’une entente avec les sociaux-démocrates étant la plus vraisemblable.
Sur l’immigration, «nous ne sommes pas si loin les uns des autres» a dit mercredi au magazine Politico la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser, une social-démocrate décidée à «trouver un compromis» avec les conservateurs de la CDU.
Fin janvier, le camp conservateur CDU/CSU a présenté au Parlement des textes sur l’immigration soutenus par le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), brisant un tabou national sur la collaboration avec l’extrême droite.