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L’ADR reproche un «manque de courage» au gouvernement


Fred Keup (au c.) entouré par (de g. à dr.) Jeff Engelen, le néodéputé Dan Hardy, qui remplace Fernand Kartheiser, Alexandra Schoos et Tom Weidig. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le parti d’opposition s’attaque à la majorité CSV-DP, qui ne compterait pas rompre avec la politique de la coalition précédente. Le «bloc de gauche» à la Chambre est lui aussi fustigé.

L’ADR, selon ses leaders, sort de la première année de la nouvelle législature avec le vent en poupe. «Rien n’était évident avant les trois derniers scrutins. Mais, en fin de compte, nous apparaissons comme le grand gagnant des communales, des législatives et des européennes», clame fièrement Fred Keup, le chef de fraction du parti réformateur à la Chambre, à l’occasion de la présentation du bilan parlementaire. L’ADR compte depuis octobre dernier à nouveau cinq députés. «Nous sommes très appréciés parmi les citoyens, bien plus que les autres partis», continue à fanfaronner l’ancien président.

Ce serait aussi grâce au bon résultat de l’ADR aux élections législatives que le CSV a pu revenir au pouvoir. «Luc Frieden doit nous remercier tous les jours d’être devenu Premier ministre», lance Fred Keup. Mais, même si déi Lénk a reproché au parti réformateur, aux tendances chères à la droite populiste, de faire partie intégrante de la coalition conservatrice-libérale, le chef de file de l’ADR à la Chambre se dit plutôt déçu du nouveau gouvernement.

Fred Keup : «CSV et DP  sont très fortement dans la continuité de ce que le gouvernement précédent a mis en œuvre. C’est le résultat d’un manque de courage pour rompre avec la politique de ces dix dernières années qui a mené à plus d’insécurité, de pauvreté, d’inflation, de bouchons, de manque d’infrastructures et à une pénurie de logements qui fait toujours fuir des citoyens, qui doivent s’installer de l’autre côté de la frontière.»

Contrairement aux partis de la majorité, mais aussi aux quatre autres partis formant l’opposition, l’ADR serait la seule formation à être engagée sur une autre voie. «LSAP, déi gréng, déi Lénk et le Parti pirate sont devenus quatre partis que l’on ne peut plus vraiment différencier l’un de l’autre. Ils forment une autre coalition. Il s’agit carrément d’un bloc de gauche. Ils devraient peut-être prendre exemple sur la France et former un nouveau front populaire», développe le chef de file de l’ADR à la Chambre. «Nous sommes, au contraire, plus pragmatiques et constructifs. Mener une opposition frontale n’est pas dans nos intentions», ajoute-t-il.

Augmenter le nombre de députés ?

Plus globalement, Fred Keup déplore le déséquilibre grandissant entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif : «Nous sommes 25 députés de l’opposition à faire face à 35 élus de la majorité et aux ministres pouvant compter sur une multitude de hauts fonctionnaires.» Même si le Luxembourg est un petit pays, l’ADR a lancé mercredi l’idée de revoir à la hausse le nombre de députés et donc aussi les moyens mis à la disposition des partis et de leurs élus.

Ce déséquilibre s’illustre par un manque de respect des ministres envers la Chambre. «On doit sans cesse leur courir derrière. Dans les faits, nous n’avons pas besoin de la présence d’un ministre pour débattre d’une pétition publique», avance Fred Keup.

En tout état de cause, l’ADR entend continuer à mettre en avant ses priorités politiques. La trop forte croissance démographique du pays demeure une de ses préoccupations majeures. «Les initiatives du gouvernement dans le domaine du logement ne sont certainement pas toutes mauvaises, mais en fin de compte, on ne pourra jamais solutionner la crise du logement sans remettre en cause la voie menant vers un Luxembourg comptant un million d’habitants», insiste le chef de fraction.

La famille, la langue, la culture et le maintien de la liberté d’expression sont d’autres priorités de l’ADR. Une liberté d’expression que la presse nationale utiliserait au détriment de son parti, a longuement fustigé Fred Keup, mercredi. Il pense constater un manque de pluralisme et un déséquilibre en ce qui concerne le traitement des différents courants politiques.