Mal-aimé par une majorité bien-pensante, l’ADR se réconforte en affirmant que sa différence est sa force et que le peuple a besoin d’alternatives au politiquement (trop) correct.
Dur, dur d’être diabolisé parce qu’on ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Être l’ADR n’est pas toujours une sinécure, à entendre Fred Keup, président du groupe parlementaire, vendredi lors d’un déjeuner de presse. Les intentions de l’ADR seraient souvent mal comprises ou déformées par les autres partis politiques et leurs sympathisants au sein des médias et des ONG. Alors que le parti serait en fait porteur d’une «pensée alternative» représentative d’une grande partie de la population et importante pour la diversité.
«Imaginez que nous n’existions pas», lance le député face aux représentants d’une presse pas assez bienveillante à son goût. «Ce serait un signe de faiblesse de notre démocratie. Il est important que des pensées différentes soient représentées au Parlement.» Son parti serait une chance pour l’exercice de la démocratie face à un bloc commun et homogène. Être cette alternative, «seul contre tous», «5 contre 55», serait «un combat» parfois difficile à mener face à des partis politiques ligués entre eux pour éliminer «la concurrence électorale» que l’ADR croit être pour eux. «On nous pousse dans un coin qui ne nous correspond pas», poursuit Fred Keup.
Or sans l’ADR, il n’y aurait, selon lui, qu’une unanimité totale au Parlement, déclare le président. Aucune raison donc de vouloir l’exclure du Marché-aux-herbes comme une pétition le proposait. Covid, référendum, avortement, nouvelle Constitution, guerre en Ukraine, réforme des impôts, politique d’immigration, vote des étrangers… Le parti marche toujours seul.
Frieden face à un dilemme
L’ADR s’est présenté vendredi comme le vilain petit canard du gouvernement. Heureusement, le peuple aurait, selon le parti politique, compris que son ramage ne se rapporte pas à son plumage et que ses membres sont bien plus tolérants et ouverts que les on-dit politiquement corrects veulent le laisser entendre. À défaut de trouver des gens pour le faire à sa place, l’ADR s’envoie des fleurs et redore lui-même sa médaille.
Sur fond des cours de tennis de Schifflange, Fred Keup a saisi les balles au bond pour les renvoyer au gouvernement qui «manque de courage», à un bloc de gauche un peu trop «homogène» et «culotté» et au Premier ministre pour qui «les temps sont durs». «Le gouvernement manque de courage. Ses décisions ne font pas l’unanimité dans ses propres rangs et dans le bloc de gauche», note Fred Keup. «Le Premier ministre est face à un dilemme. S’il lâche du lest, il va passer pour un faible. S’il tient bon, il risque un conflit.»
Sans oublier, un peu d’autopromotion supplémentaire et un rappel des dossiers traités à la Chambre des députés comme «la réforme des retraites, la lutte contre la pauvreté, une politique de migration raisonnable, la famille, l’État à un million d’habitants responsable de problèmes de trafic, de logement, de culture linguistique; ainsi que la défense de la liberté de penser, de la démocratie, la sécurité, la famille ou l’alphabétisation en français».
«Unité et intégration»
Un dernier thème qui ne réjouit pas le parti qui, du coup, revient à ses bases. « Si 55 députés sur 60 vont sans doute se prononcer en faveur de l’alphabétisation en français, au moins la moitié de la population est contre», assure l’orateur. «Il ne s’agit pas uniquement d’un changement dans l’enseignement. Il s’agit d’une révolution qui risque de bouleverser toute notre société. C’est une question d’unité et d’intégration.»
Le parti craint de voir à terme disparaître la langue luxembourgeoise. «Nous lutterons contre cette alphabétisation en français parce qu’elle sépare les enfants au lieu de les réunir. Dans un pays comme le nôtre, avec autant de nationalités différentes, il faut rapprocher les gens», assure encore Fred Keup, essayant par là même de montrer que l’ADR est plus ouvert envers les minorités qu’il n’y paraît.
Malgré les critiques et les rebuffades, le parti est confiant. «Nous avons gagné trois élections de suite, ce qui montre que la population nous soutient. Au moins 50 %, si pas plus.»
« Le Quotidien », nonobstant son ton ironique, manifeste ici un peu trop de compréhension pour l’ADR selon mon opinion. Ce parti tolère le racisme et l’homophobie, propage une « identité nationale » qui se définit par l’exclusion de tout ce qui ne lui plaît pas, de ce qui est étranger surtout, de ce qui est libéral aussi. Il me manque la distance critique et surtout la mise en rapport.
Ce qui ferait défaut au Luxembourg si l’ADR n’existerait pas? Mais rien du tout à part une suite de scandales et de dérappements! Ce parti n’a rien de constructif à offrir au peuple luxembourgeois, il se fonde sur le ressentiment. C’est son essence même, depuis son début comme « 5/6-Partei ».