2023 fut une année «un peu plus difficile» que la précédente, a estimé la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser, lors de la présentation des actions menées par l’agence.
Contrastant nettement avec 2022 où le taux de chômage avait atteint son niveau le plus bas depuis 15 ans, l’année 2023 fut «un peu plus difficile sur le marché de l’emploi, en raison d’un ralentissement général de l’économie», a constaté ce mardi la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser.
Les chiffres publiés dans le rapport d’activités de l’Agence pour le développement de l’emploi, appuient ses propos : un taux de chômage reparti à la hausse à 5,5 % (+0,7 point de pourcentage en un an) touchant tous les profils, une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi de 15,5 %, un accroissement du nombre des bénéficiaires indemnisés de 28 %… Le tout, sur un marché de l’emploi où le nombre de postes vacants est en chute de 36 %, «ce qui donne de moindres opportunités aux gens qui cherchent du travail», explique-t-elle encore.
La dynamique de 2022 est donc rompue : davantage de demandeurs d’emplois, moins d’offres déposées à l’Adem, moins d’emplois disponibles. Non pas que cela constitue une surprise, cette tendance ayant été amorcée dès l’été 2022, la faute, entre autres, aux difficultés sectorielles, mais aussi au creusement du fossé entre les attentes des employeurs et les compétences des candidats, le fameux Skills gap.
Ce dernier s’est encore accentué en 2023. Il suffit de jeter un œil sur les métiers les plus recherchés par les employeurs et ceux recherchés par les demandeurs d’emploi pour comprendre le phénomène : domaines de l’informatique et de la comptabilité en pénurie de main-d’œuvre d’un côté, emplois dans le secrétariat, le nettoyage et l’aide à la vie quotidienne recherchés de l’autre.
Une fois ce constat dressé, que faire? «Nous devons mener une politique de l’emploi innovante, pour favoriser la résilience du marché de l’emploi avec une adaptation proactive aux nouveaux défis», a déclaré le ministre du Travail, Georges Mischo. Cela fait deux ans maintenant que l’Adem poursuit sa «Stratégie Adem 2025» en tentant d’abord de cerner davantage le marché de l’emploi luxembourgeois. Elle a ainsi mené une dizaine d’études sectorielles, les deux dernières en 2023 portant sur les domaines de l’action sociale, et de la santé et des soins.
Cette même année, elle a aussi rendu obligatoire, lors de l’inscription à ses services, la réalisation de tests de langue en ligne. Son objectif est de «mieux connaitre ses clients, pour mieux les servir et cibler ses efforts», a détaillé la directrice de l’agence. Ainsi, les personnes ayant besoin de parfaire leurs connaissances linguistiques pour retrouver un emploi seront tout de suite orientées vers la formation adaptée.
Plus de 1 000 contrats en apprentissage pour adultes
Car l’un des axes principaux sur lesquels travaille l’Adem pour endiguer l’écart croissant entre les compétences possédées et celles attendues est la formation. Elle a ainsi étoffé son offre d’e-learning et propose «des cours de langues et de compétences digitales de base, ainsi que des programmes visant à renforcer les compétences transversales, très demandées par les recruteurs», en partenariat avec les principaux organismes de formation du pays, précise le bilan. Le demandeur d’emploi peut ainsi suivre l’une ou l’autre formation, souvent gratuitement ou en partie financée par l’Adem.
Une stratégie qui remporte un franc succès puisqu’en l’espace de quatre ans, «la part des demandeurs d’emploi ayant suivi une formation sur les douze derniers mois a quadruplé», selon le rapport, passant de 3 % à 12 % et près de 40 % des participants étaient âgés de plus de 45 ans.
Une autre voie qui a su trouver son public en 2023 est celle de l’apprentissage. «L’année 2023 prend la 2e place du podium de la décennie en matière de placements en apprentissage», note le rapport, avec 2 038 contrats conclus. Ce sont surtout les apprentissages à destination des adultes – pour les métiers d’agent administratif et commercial, de conseiller en vente et d’aide-soignant principalement – et transfrontalier qui ont la cote, car ils permettent aux apprenants de se réorienter ou se perfectionner et aux employeurs d’embaucher des employés expérimentés.
L’année 2023 a été celle au cours de laquelle est entrée en vigueur la nouvelle loi sur l’immigration, en septembre, simplifiant l’embauche de personnel venu de pays situés en dehors de l’Union européenne. Certains profils bien spécifiques se trouvent en effet bien loin, et l’une des missions de l’Adem est de faciliter la mise en relation entre les offres d’emploi et ces talents où qu’ils se trouvent.
Cette loi est un «grand succès», d’après Isabelle Schlesser, puisque «jusqu’à la fin décembre 2023, plus de 75 % des certificats que l’Adem a délivrés aux employeurs, pour qu’ils puissent embaucher des personnes en provenance de pays tiers, sont basés sur (elle) et portent sur des métiers très en pénurie».