À l’initiative du DP, la Chambre s’est penchée, mercredi, sur l’inclusion numérique. Les députés étaient d’accord sur le fait que la digitalisation ne doit pas exclure ceux qui ne préfèrent pas ou ne peuvent pas sauter le pas.
La digitalisation constitue une chance pour le Luxembourg et ses citoyens. Il y a pourtant un phénomène qui existe qui est que beaucoup n’ont pas d’accès au numérique ou n’ont pas les moyens pour sauter le pas», résume Guy Arendt pour parler de l’enjeu de l’inclusion numérique. «Nous avons pleinement conscience qu’une frange de personnes ne sont pas préparées ou n’ont pas la volonté pour profiter des avantages de la digitalisation», reprend-il. L’objectif du plan d’inclusion adopté en 2021 par le gouvernement sera de «garantir la cohésion sociale». «L’accès équitable au numérique doit devenir un droit fondamental», clamera même Guy Arendt.
Sur ces grands principes, l’ensemble des élus étaient d’accord, qu’il s’agisse des gens moins aisés, moins lettrés, plus âgés ou atteints d’un handicap. «Le bateau de la digitalisation peut seulement avancer si le plus grand nombre de personnes est assis à bord», souligne le ministre délégué à la Digitalisation, Marc Hansen. Il a d’ailleurs tenu à confirmer que le gouvernement accorde une «grande importance à garder ouverte la porte analogue» afin de n’exclure aucun citoyen dans la transition numérique.
Diane Adehm (CSV) est un brin plus sceptique : «Il est toujours très difficile d’identifier la vision à long terme de toutes les initiatives numériques prises par le gouvernement. Même si l’on soutient bon nombre d’entre elles, le plan d’inclusion ressemble plus à une opération marketing avec un simple assemblage de mesures au faible contenu». «Figurer dans le top 3 européen de la gouvernance numérique ne veut pas forcément dire que l’on est les meilleurs, mais uniquement qu’on se classe devant des pays qui font beaucoup moins bien», renchérit Sven Clement (Parti pirate). Ces deux critiques ont eu le don d’agacer le ministre, qui a renvoyé vers les importants efforts consentis : «Soyons tout simplement fiers de ce qui a été accompli».
Vers une procuration numérique
Lydia Mutsch (LSAP) rappelle qu’«avant d’accéder au numérique, il faut dépenser une petite fortune». Pour Marc Hansen (déi gréng), «la digitalisation ne doit pas créer plus de problèmes qu’elle n’en résout». Le futur remboursement immédiat des consultations médicales nécessiterait ainsi une solution analogue également.
L’ADR de Fernand Kartheiser plaide pour un emploi renforcé du luxembourgeois sur les plateformes numériques et s’oppose à la disparition des agences bancaires et des guichets de poste. La consommation d’énergie ne serait pas non plus à négliger. Déi Lénk souligne l’importance de ne pas rendre obligatoire le passage au numérique, tout en renvoyant vers les risques qui existent. «Le gouvernement utilise la digitalisation surtout comme un moyen pour faire des économies d’argent. L’analyse n’est pas poussée suffisamment loin», affirme Nathalie Oberweis.
«Le plan d’inclusion n’est pas figé», répond le ministre délégué à la Digitalisation. Une prochaine étape sera l’introduction d’une procuration numérique pour permettre à des personnes tierces d’effectuer des démarches en ligne pour des proches qui manquent de repères et de connaissances dans le monde numérique.
Un portefeuille électronique et
le «visio-guichet» vont arriver
Le gouvernement compte introduire un portefeuille électronique dans lequel pourront, dans un premier temps, être chargés la carte d’identité et le permis de conduire. «Il est prévu que la copie numérique suffise lors d’un contrôle de police, du moins au Luxembourg. Les agents seront équipés de scanners spécifiques», précise le ministre Marc Hansen. L’application «GouvID» servira de plateforme pour ce portefeuille électronique à créer sur son téléphone portable.
En outre, le «GovTechLab» travaille sur la mise en place d’un «visio-guichet». Il deviendra dès lors possible de prendre rendez-vous pour consulter par visioconférence un agent du guichet en charge de la démarche administrative que le citoyen souhaite réaliser.