Le conseil communal a voté pour la construction d’un immeuble réservé aux personnes sans-abri afin de les aider à retrouver leur autonomie et à se réinsérer.
C’est un projet qui a fait l’unanimité au conseil communal de la capitale. Le 17 novembre, l’ensemble des membres ont validé le projet définitif de construction d’une résidence dédiée au housing first. Située rue Baudoin, dans le quartier de Hollerich, celle-ci comprendra 11 logements destinés à des personnes sans-abri afin de les aider à se réinsérer dans la société. Les travaux, censés commencer en mai 2026, devraient être terminés d’ici avril 2028.
Lors du conseil communal, Colette Mart (DP) a salué le projet. «On a pensé à beaucoup de détails, notamment pour que chacun ait sa propre cuisine, sa propre salle de bains et ses propres toilettes.» Les résidences housing first sont en effet différentes des centres d’hébergement pour sans-abri ou des espaces de coliving. Ici, chaque personne a son propre logement et une autonomie complète même si elle peut être accompagnée (lire encadré).
Un projet réclamé par déi gréng
Au Luxembourg, plusieurs projets similaires ont déjà vu le jour, comme celui du CNDS-Wunnen (Comité national de la défense sociale), qui va d’ailleurs signer une convention avec la Ville pour accompagner cette nouvelle initiative. Deux autres projets, l’un réservé aux femmes et porté par Hëllef um Terrain et celui du service Coup de Pouce d’Inter-Actions, ont également vu le jour.
Appelé depuis longtemps par les Verts, le projet a été bien accueilli du côté de Christa Brommel (déi gréng). «On a fait beaucoup d’efforts pour créer un immeuble moderne. Il n’y a pas de pompes à chaleur, mais on a trouvé une solution avec la géothermie.» Pour elle, le housing first est la réponse idéale pour les gens ayant avant tout besoin d’un logement. «Le fait de proposer à des personnes marginalisées quelque chose de beau leur permet de stabiliser leur situation.»
«Un projet après l’autre»
Échevine à l’action sociale, Corinne Cahen (DP) a abondé en ce sens, rappelant que l’objectif du housing first est que les bénéficiaires se sentent chez eux. Elle a tenu à répondre à une question de Colette Mart, qui se demandait comment serait géré le nettoyage des logements. Si rien n’est arrêté, Corinne Cahen a estimé que le nettoyage doit pouvoir être réalisé de manière autonome tout en bénéficiant d’une aide en cas de besoin. «Le problème n’est pas tant le nettoyage. Le problème est que ces personnes n’ouvrent pas toujours leur courrier ou ne savent pas comment prendre rendez-vous chez le médecin. Là, le suivi sera extrêmement important.»
Louant un «projet génial» dont la ville «a vraiment besoin», Marie-Marthe Muller s’est tout de même interrogée sur le coût du bâtiment. Le devis, estimé à 4,2 millions d’euros, lui paraît un peu bas. «Est-ce qu’on doit s’attendre à un budget rectifié bientôt ?» À cette question, l’échevin au budget et aux comptes Laurent Mosar (CSV) a rappelé que le devis soumis au vote comportait une ligne «Divers et imprévus» d’un montant de 5 % du prix global pour anticiper une éventuelle hausse. «Mais comme pour tous les devis, il y aura un appel d’offres, ce sera le moment de vérité. Nous verrons alors quels seront les coûts réels», a précisé l’élu, néanmoins confiant dans les estimations de ses services.
Si le projet est encore loin de voir le jour, déi gréng se projettent déjà. «On espère que ce ne sera pas le seul immeuble pour le housing first de la Ville de Luxembourg, a lancé Christa Brommel. Chez Les Verts, nous avons toujours demandé de petites structures décentralisées.» Corinne Cahen ne s’est pas opposée à de futures initiatives. «Si nous avons une parcelle qui s’y prête, nous avons des idées. Mais laissez-nous réaliser un projet après l’autre.»
Une vie en autonomie
Déjà présentes au Luxembourg, essentiellement dans la capitale, les résidences housing first se basent sur le modèle «Pathways Housing First» venu des États-Unis. Le bâtiment imaginé par la Ville comportera six niveaux, dont un sous-sol et des combles au dernier étage.
Au rez-de-chaussée se trouvera le bureau d’accueil avec une salle de réunion ainsi qu’une première unité d’habitation. Les étages 1 à 3 disposeront chacun de trois appartements de 26 à 36 m² comprenant un séjour, une kitchenette, un lit, une salle de douche et une loggia végétalisée. Les combles abriteront une unité de 70 m² avec deux chambres séparées et une terrasse.
Le but est que les bénéficiaires puissent y rester le temps nécessaire et en parfaite autonomie même si un accompagnement (pour le ménage, les documents administratifs, la recherche d’un travail…) pourra être proposé à ceux qui en feront la demande.