À l’arrêt depuis près de sept ans, l’ancienne aciérie située entre Esch et Schifflange reprend doucement vie. Depuis vendredi, les lieux font l’objet d’un atelier de conception urbaine.
L’emblématique tour de refroidissement, le four électrique érigé au début des années 90, le château d’eau du côté de Schifflange… L’ancienne aciérie d’Esch-Schifflange («Metzeschmelz») a beau être à l’arrêt depuis fin 2012 (la fermeture définitive du site a eu lieu en février 2016), elle reste ancrée dans le paysage eschois.
Après 140 ans d’activité sidérurgique, le site qui se situe au pied du «Lallenger Bierg» se prépare désormais à une nouvelle affectation : un quartier urbain vivant et mixte proche de l’Alzette. Là où à l’avenir quelque 10 000 habitants doivent habiter, les citoyens sont actuellement conviés à livrer leurs impressions et idées.
L’atelier de conception urbaine «QuartierAlzette» a débuté vendredi. Samedi, quelque 130 personnes ont exploré les lieux tout en transmettant leurs commentaires et suggestions. Dimanche après-midi, ils étaient de nouveau nombreux à profiter de l’ouverture du site. «On habite à Esch, mais on n’a jamais visité les friches. Peut-être est-ce l’une des dernières fois. Ils vont certainement détruire un certain nombre de bâtiments», note Marc, venu en famille.
«Garder un monument sans utilisation, c’est un peu compliqué», confirmera quelques instants plus tard Yves Biwer face à l’emblématique tour de refroidissement. Pour le directeur administratif de l’Agora, la société de développement déjà chargée d’aménager Belval, pour continuer à faire vivre un bâtiment, il doit avoir une affectation au-delà d’être un monument historique : «Car cela demande de l’entretien. Mais s’il est utilisé, c’est du tout gagné.»
«On se croirait dans un film de science-fiction»
Difficile d’imaginer que d’ici 2023/24 les premiers bâtiments pourraient être sortis de terre. Les premières routes pour viabiliser le site sont même prévues dans deux à trois ans. «On se croirait dans un film de science-fiction», entendait-on ainsi un visiteur. Entre l’ancienne scorie, les rails et toute la ferraille, on tombe sur deux mélangeurs immortalisés avec 500 tonnes de résidus métallurgiques. «On a l’impression que cela s’est arrêté en pleine opération.» La réponse d’un ancien ne tardera pas : «C’était comme ça.»
La visite se poursuit en direction de la commune de Schifflange où se trouve 10% du site. C’est là que se situe également le château d’eau. Autour des étangs qui pourraient se transformer comme centre touristique, il y a l’idée d’installer dans le fameux «Pompelhaus» le musée de la Sidérurgie et du Patrimoine industriel. Actuellement le musée des Sidérurgistes (ouvert chaque premier samedi du mois) se trouve près du monument de la grève de 1942.
Le fait que le site accueillera autour de 10 000 habitants, soit le nombre actuel de résidents à Schifflange, ne fait pas peur à la commune. Au contraire, son bourgmestre Paul Weimerskirch parle d’une plus-value : «La construction d’une école fondamentale, par exemple, pourra également subvenir à nos besoins.»
Les plus de 60 hectares de vestiges industriels et le projet du site n’ont pas fini d’impressionner ceux qui y ont travaillé pendant de longues années et les habitants de la région. «Même si je suis déjà passé en voiture. Là, je tombe des nues», note Philippe Stachowski. Venu depuis Hettange-Grande, il voit le projet comme un pari audacieux et intéressant dans la zone frontalière : «C’est une façon intelligente de désengorger par exemple Luxembourg et donner une image dynamique du Sud.»
Fabienne Armborst