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La thérapie équestre en péril à Mondercange


Isabelle Kremer, ergothérapeute de 36 ans, mère de deux jeunes enfants, travaille au centre de Mondercange deux jours par semaine, en «mi-bénévolat». (Photo : Isabelle Simon)

Le Centre équestre thérapeutique de Mondercange, reconnu d’utilité publique, traverse une période difficile. Mais l’Association thérapie équestre ne baisse pas les bras.

«Ce cheval est triste, il est tout seul. Moi aussi à l’école, à la pause, je suis seul dans la cour, alors je peux bien le comprendre. Et c’est pour ça que je veux rester avec lui.» Ces paroles sont celles d’un garçon d’une dizaine d’années, au Centre équestre thérapeutique de Mondercange.

Pendant qu’il caresse l’animal blessé, laissé au repos dans son box, il ne le sait pas, mais il vient de fournir un bon résumé de ce que permet la thérapie animale. Projection, identification, empathie ainsi que la mise au jour du lien entre souffrance physique et souffrance psychique.

Depuis 40 ans, ce centre de thérapie équestre accueille des personnes à besoins spécifiques : enfants souffrant de troubles moteurs, d’autisme ou de difficultés scolaires, mais aussi des adultes atteints de maladies dégénératives. Pour faire face à une demande croissante, au fil des années, la structure s’est agrandie, a étoffé son offre de thérapies. Et désormais, en plus des 13 chevaux, l’on y croise des lapins, un chien, des poules….

Depuis 40 ans, ce centre de thérapie équestre accueille des personnes à besoins spécifiques. (Photo : Isabelle Simon)

Tous sont des espèces de docteurs à poils et à plumes qui aident les patients à acquérir un peu de confiance, de mobilité et d’apaisement. Des animaux qui ne pourraient faire leur «travail» sans les six employés et la trentaine de bénévoles que compte le centre pour les former et s’en occuper.

«Ici, ce n’est pas comme pour une thérapie classique où l’on a juste besoin d’une salle», explique Isabelle Kremer, ergothérapeute. Et qui dit plus de demandes, dit plus d’animaux, plus de personnel, plus de frais.

«On a vendu un jeune cheval»

Entre l’explosion des prix de l’énergie, de ceux du foin, sans parler des salaires à indexer successivement, l’association a du mal à suivre. Une partie des dépenses est financée par le ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre des projets scolaires.

Mais c’est très loin d’être suffisant. L’une des solutions consisterait à faire payer plus cher le prix de la séance, mais «la CNS ne rembourse rien et on ne peut pas trop augmenter les prix, sinon les gens ne pourraient pas suivre», indique encore Isabelle Kremer.

Le constat est pourtant implacable. «Si on ne trouve pas de fonds, ça sera la fin. Pas maintenant, mais à long terme», annonce à regret la jeune femme. Toutefois, l’ASBL qui gère les lieux, l’Association thérapie équestre, ne baisse pas les bras, loin de là, et tente de limiter les frais : «On regarde chaque poste de dépense pour l’optimiser. On est même en train de voir au niveau des chevaux, lequel pourrait faire plus ou autre chose.»

Entre l’explosion des prix de l’énergie, de ceux du foin, sans parler des salaires à indexer successivement, l’association a du mal à suivre. (Photo : Isabelle Simon)

Le Centre équestre thérapeutique est mobilisé tous azimuts : «On a vendu un jeune cheval, on a déposé une demande auprès du ministère de la Santé…», énumère encore Isabelle Kremer. L’association est à la recherche de partenaires.

«Ça peut être des firmes ou des gens qui veulent nous soutenir», précise-t-elle, citant notamment les entreprises qui, dans le cadre de leur stratégie de responsabilité sociale, chercherait un projet – «On en a plein nous», déclare-t-elle dans un grand sourire.

Ce dimanche (lire encadré), l’ASBL proposera sa fête de printemps, où seront présentées lors d’un «Rainbow Show» les activités entreprises par les enfants pendant l’année. L’occasion de se rendre dans ce lieu incroyable et, pourquoi pas, de le soutenir. «Chaque don nous aide, qu’il soit petit ou grand. Même proposer de travailler bénévolement, c’est précieux aussi.»

Elle n’en est jamais repartie

Alors qu’elle était encore au lycée, Isabelle Kremer est passée au Centre équestre thérapeutique pour les besoins d’un devoir à rendre. Le coup de foudre pour cet endroit a été tel qu’elle a ensuite choisi des études qui lui permettraient de se consacrer à ce domaine.

Cette ergothérapeute de 36 ans, mère de deux jeunes enfants, travaille au centre de Mondercange deux jours par semaine, en «mi-bénévolat», comme elle dit. Ce n’est pas son métier principal, mais c’est ce qui lui «fait plaisir», reconnaît-elle dans un grand sourire. On travaille sur l’écoute, le respect des règles, la concentration sur une tâche…»

Avec les enfants en difficulté, elle brosse les chevaux, part en balade, construit des parcours. Leur explique aussi le consentement à travers le comportement d’un lapin qui ne veut pas être caressé. L’idée est que ce qu’ils apprennent ici leur soit utile : «On fait beaucoup de transitions vers la vie normale en l’expliquant par le comportement des animaux.»

Les enfants qui lui sont confiés l’espace de deux heures et demie n’ont pas toujours une vie facile : «Souvent, ils viennent ici le matin et me disent qu’ils ne sont pas heureux, qu’ils sont énervés, que leur semaine était horrible… mais qu’ils sont contents d’être là».

Le vendredi, elle s’occupe de deux enfants souffrant de troubles moteurs. Monter à cheval stimule les mêmes muscles que ceux utilisés pour marcher, les corps se redressent, s’apaisent. Elle a vu des enfants autistes s’ouvrir et un petit garçon apprendre à dire «Cooper stop» pour parler au cheval. Pas de miracle, non, mais un moment hors du temps qui fait du bien.

La fête à bride abattue

Comme l’an dernier, l’Association thérapie équestre a prévu une grande fête de printemps à Mondercange à laquelle tout le monde est invité. L’idéal pour découvrir les actions proposées par le centre et ses résultats, faire connaissance avec les équipes et les animaux et, bien évidemment, passer un bon moment.

De nombreuses «chouettes activités pour enfants» sont prévues, promettent les organisateurs, ainsi qu’un concert, de quoi se restaurer et d’autres animations plus spécifiques comme le Kakalotti. Vous ne connaissez pas ce terme ? Normal, il s’agit d’une tombola un peu particulière à laquelle on gagne si un cheval défèque sur la petite parcelle du champ que l’on a choisie… Les fonds récoltés serviront à financer les activités du Centre équestre thérapeutique.

Centre équestre thérapeutique, 3, rue de Pontpierre à Mondercange. Dimanche de 11 h 30 à 18 h. www.atelux.lu

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