La station d’épuration de Beggen a commencé sa mue

Pas adaptée à la croissance démographique de la capitale et ses communes alentour, la station d’épuration de Beggen est en chantier depuis fin 2024 et dispose déjà de l’un des quatre nouveaux réacteurs attendus.

Lorsqu’elle est chassée des toilettes ou qu’elle s’écoule d’un évier depuis les hauteurs de la capitale, l’eau usée est dirigée en contrebas en direction du quartier de Beggen, à la frontière avec Walferdange. Ici se trouve la très discrète, mais non moins vitale, plus grande station d’épuration du pays qui dessert Luxembourg mais également Bertrange, Strassen et Leudelange ainsi que Roedgen (commune de Reckange-sur-Mess) et la partie ouest du Findel (commune de Sandweiler).

Bordée par l’Alzette et située dans une rue perpendiculaire à l’axe principal et très passant de Beggen, la station d’épuration passe pourtant presque incognito. Dans les environs, aucune odeur ne trahit sa présence. Sur site, elle est pourtant bien présente, quoique discrète et supportable, comme l’illustre Luc Ley, le responsable des lieux : «Pour les uns, Chanel c’est formidable mais les autres détestent. Alors oui, il y a une odeur, on ne peut pas le nier mais c’est une odeur standard». Si ce n’est pas l’odeur, l’important chantier en cours ne devrait pas non plus déranger le voisinage. Là aussi, la station d’épuration est néanmoins en train de vivre une mutation impressionnante.

Entamés l’an dernier, des travaux d’extension globale sont amenés à se poursuivre jusqu’en 2031. Rien que le devis estimatif de 295 314 228 euros illustre l’ampleur du chantier dont le but est d’ajuster les capacités d’assainissement à la hauteur de la croissance démographique. «La Ville de Luxembourg a eu une croissance plus forte que prévu alors que pendant très longtemps nous étions 85 000 habitants», rappelle Simone Beissel, échevin responsable en matière d’infrastructures et de nouvelles constructions, à l’occasion du bilan 2024 des services eaux et canalisation de la Ville (lire ci-contre).

«Les chiffres freinent un peu en ce moment, mais nous avons eu une augmentation de 3 000 habitants par an et nous avons donc compris qu’il fallait absolument agrandir la station d’épuration, d’autant plus que les localités autour grandissent également.»

Avant 2024, la charge maximale de la station était de 210 000 équivalents-habitants et cette dernière doit atteindre les 450 000 équivalents-habitants en 2031, soit une hausse de 114 %. Le dernier agrandissement de la station ne remonte pas à des dizaines d’années pour autant. C’était en 2012 et à ce moment, «j’étais toute fière, on pensait être tranquille pour 30 ans», confie l’échevin. «Lors des études, la boule de cristal n’était pas claire et nous avons pris le mauvais chiffre», assume le directeur à propos de la station inaugurée il y a treize ans. «Et lorsque l’on avait terminé, on a vu que si la population avançait encore de cette manière, cela deviendrait une catastrophe.»

Cette fois, Luc Ley promet «qu’il n’y aura pas de problèmes pour 30 ans». Pour ce faire, l’extension comprend un digesteur de boues d’épuration (le troisième) et quatre réacteurs SBR (Sequencing Batch Reactor). Un de ces derniers est déjà opérationnel depuis la fin d’année dernière et a permis d’augmenter de 5 000 équivalents-habitants la capacité maximale. La méthode SBR est une clé de l’extension puisqu’elle permet un assainissement en plusieurs phases dans un seul et même réacteur, alors que «nous avions eu une frayeur car, étant sur le territoire de Walferdange, nous n’avions plus de possibilités pour s’étendre» raconte l’échevin.

Au maximum, un réacteur peut traiter simultanément 8 000 m³ d’eau. Soit plus de deux piscines olympiques de trois mètres de fond qui, une fois traitées grâce à des bactéries éliminant l’azote, peuvent être déversées dans l’Alzette en six heures environ.

Cette technologie permet d’ailleurs d’augmenter la qualité de l’eau déversée dans la rivière. «Avant, la qualité de l’eau avait des valeurs correctes mais les restrictions pour nettoyer les ruisseaux, les fleuves et la mer, ont considérablement augmenté alors on ne peut pas les comparer avec les valeurs de la future station», annonce le responsable de Beggen. «Maintenant, elle est nettement plus propre qu’il y a 15 ans et en 2030, elle sera extrêmement plus propre», promet-il.