Le commissaire européen luxembourgeois, Christophe Hansen, est venu présenter, lundi à la Chambre, sa vision pour l’avenir de l’agriculture, dans un contexte géopolitique tendu.
Match à domicile, lundi, pour Christophe Hansen. Le commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation a entamé une tournée à travers les États membres de l’UE pour présenter sa feuille de route pour l’avenir du secteur agro-alimentaire et en discuter. «J’aime aller discuter, car il est important d’avoir des retours du terrain. La politique européenne ne se fait pas uniquement à Bruxelles, mais avec le Parlement européen et les parlements nationaux», souligne le politicien luxembourgeois.
Sa vision, dévoilée fin février, aurait jusqu’à présent été assez bien accueillie par les agriculteurs. «Il y a un an, ils étaient dans la rue un peu partout en Europe. Le secteur était sous une pression extrême. Je peux comprendre leur colère», affirme Christophe Hansen. Il compte désormais mettre fin à la «polarisation» et renforcer le soutien à un secteur qui se voit confronté à maints défis. Une des plus grandes préoccupations est la charge administrative. «Fin avril, début mai, je présenterai un premier paquet de simplification concernant spécifiquement la politique agricole commune. Un paquet plus large suivra avant la fin de l’année», annonce le commissaire.
Une autre nouveauté, qui vise à assurer aux agriculteurs des revenus suffisants, est la mise en place d’une obligation de conclure des contrats avec les autres acteurs de la chaîne alimentaire. «L’agriculteur sait le mieux quel est son coût de production. Les contrats conclus fixent un prix qui évite que le produit agricole soit vendu en dessous du coût de production, une pratique malheureusement courante», développe Christophe Hansen.
Ces premières mesures doivent rendre plus résilient un secteur qui joue aussi un rôle de taille à un tout autre niveau : la sécurité européenne. «Nous propageons un message clair. L’agriculture et la production alimentaire sont des secteurs stratégiques pour l’UE. La souveraineté alimentaire fait partie intégrante de l’agenda sécuritaire. Si on s’expose à un risque de chantage, on se retrouvera en très mauvaise posture», insiste le Luxembourgeois.
«Pour faire face aux répercussions qui résultent de la guerre en Ukraine, des conflits commerciaux et des tensions avec la Chine et les États-Unis, mais aussi à l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes», il serait «important de donner des perspectives au secteur agricole et alimentaire». Une proposition consiste en la mise en place d’un fonds de dédommagement doté d’un milliard d’euros pour atténuer les impacts financiers des tensions géopolitiques ou des taxes douanières. Les États membres doivent cependant encore s’accorder sur une telle enveloppe dans le cadre du prochain budget à long terme de l’UE, couvrant la période 2028-2034.
Toujours moins de jeunes agriculteurs
Pour l’instant, la souveraineté alimentaire serait garantie à l’échelle de l’UE. «La maintenir n’a rien d’évident», met en garde Christophe Hansen. Un «problème majeur» demeure le faible taux de jeunes agriculteurs. «Ils sont toujours moins nombreux à vouloir exercer ce métier. Moins de 12 % des agriculteurs européens ont moins de 40 ans. Une large majorité a plus de 57 ans. Si on ne parvient pas à inverser la tendance, on se retrouvera dans la situation où l’on ne disposera plus d’un nombre suffisant d’agriculteurs», prévient le commissaire européen.
Pour parer à ce péril, la question qui se poserait est «quelles conditions peut-on créer aujourd’hui pour que le secteur reste attractif et pour offrir aux jeunes une perspective sur au moins 40 ans?». «Sans perspective, pas d’investissements. Sans investissements, pas de modernisation. Et sans investissements ni modernisation, pas de meilleure protection du climat et de l’environnement», énumère Christophe Hansen.
Le commissaire européen agira donc pour de meilleurs prix, de nouvelles sources de revenus – il cite en exemple la production d’énergie –, l’abolition de la concurrence déloyale et des incitatifs financiers afin que les agriculteurs s’engagent dans la protection de l’environnement et du climat.
En ce qui concerne le volet climat, il est aussi prévu d’offrir aux agriculteurs, en coopération avec la Banque européenne d’investissement (BEI), des assurances accessibles contre les dégâts provoqués par des inondations ou sécheresses. De plus, Christophe Hansen se penche sur une augmentation des fonds européens pour la gestion des crises dans le secteur agricole. L’enveloppe se limite actuellement à 450 millions d’euros.