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La santé infantile mérite plus d’attention


L'Ombudsman, Charel Schmit, a présenté le rapport aux députés en les priant de consacrer plus de place au thème de la santé infantile. 

Globalement, l’accès aux soins est considéré comme plutôt positif pour les enfants de 0 à 12 ans. Mais tout n’est pas rose dans ce domaine et des Assises nationales ne seraient pas de trop.

Parmi les jeunes de 11 à 12 ans, 43 % de filles et 29 % de garçons déclarent des problèmes de santé multiples, avec au moins deux problèmes de santé plusieurs fois par semaine, voire quotidiennement, au cours des 6 derniers mois, dont notamment l’irritabilité ou la mauvaise humeur, la nervosité, des difficultés à s’endormir ou de la tristesse.

Concernant la santé mentale, on observe un fort impact de l’âge : plus l’âge augmente, plus la santé mentale et le bien-être des adolescents diminuent. Pour les 11-12 ans, la prévalence des adolescents à risque de dépression est de 8 % pour les garçons et de 15 % pour les filles.

Pour les 17-18 ans, elle est de 19 % pour les garçons et de 34 % pour les filles. Ces chiffres sont livrés dans l’enquête HBSC (Health Behaviour in School-aged Children), renouvelée au Luxembourg en 2022. L’audit réalisé auprès de la médecine scolaire et présenté en 2024 note de son côté une augmentation des troubles du spectre de l’autisme et des troubles des comportements alimentaires.

Des études révèlent à suffisance que la santé des enfants et des adolescents mérite une attention particulière de la part des décideurs politiques, appelés à œuvrer pour leur garantir le meilleur accès aux soins, dès le plus jeune âge.

Cette question a été au cœur des préoccupations de l’OKaJu, l’Ombusdman pour les droits de l’enfant, qui en a fait le thème de son rapport d’activité 2023. «Dans quelle mesure le système de soins luxembourgeois garantit-il un accès aux soins respectueux des droits de l’enfant pour l’ensemble des enfants de 0 à 12 ans?», interroge l’OKaJu.

En 2023, près de 91 000 enfants au Luxembourg sont âgés de 0 à 12 ans au 1ᵉʳ janvier 2023 (soit 1 habitant sur 7). Le pays ne paraît pas si mal doté, au premier regard.

Selon l’Observatoire national de la santé, avec 123 pédiatres en activité, le pays dispose de 0,99 pédiatre pour 1 000 enfants de moins de 18 ans en 2022, soit une densité de 0,18 pédiatre pour 1 000 habitants, équivalente à l’Allemagne, mais supérieure à la France (0,13), à la Belgique (0,14) et aux Pays-Bas (0,11).

Ces chiffres ne reflètent pas la réalité, car ils ne prennent pas en compte les enfants des travailleurs frontaliers dont une partie non négligeable fréquente des pédiatres au Luxembourg (avec 5 800 enfants non résidents reçus par des pédiatres en 2022, et 12 000 actes enregistrés).

Les professionnels interrogés dans le cadre de cette enquête de l’OKaJu, l’Ombusdman pour les droits de l’enfant, ont reconnu qu’au niveau tant de l’accès à la pédiatrie que de l’accès à la pédopsychiatrie/santé les baromètres d’accessibilité que sont les distances, les horaires, les délais d’attente et les services adaptés aux enfants) étaient les moins bien notés, en particulier celui concernant les délais d’attente.

Les parents n’ont pas dit le contraire. L’un d’eux, médecin de profession, admet que les choses sont plus simples pour lui, mais il suit « beaucoup de parents et d’enfants où l’accès aux soins est très difficile, surtout aux soins psychologiques, mais aussi à leur pédiatre en cas d’urgence, les délais d’attente à la polyclinique sont beaucoup trop longs, il manque des pédiatres mais aussi des pédopsychiatres et psychologues pour enfants».

Concernant les consultations chez les médecins généralistes, l’augmentation du nombre d’enfants vus en consultations est de +18 % en 10 ans, avec 34 500 enfants vus en 2012 (avec une moyenne de 2,2 consultations par enfant) et 40 800 en 2022 (avec une moyenne de 2,3 consultations par enfant).

Des enfants de toutes les tranches d’âge sont suivis par les médecins généralistes. En 2022, les urgences pédiatriques de la KannerKlinik notent 59 231 passages d‘enfants et d’adolescents aux urgences.

Un thème absent des débats

Les maladies de l‘appareil respiratoire restent la première cause d‘hospitalisation chez les enfants en bas âge. Entre 2014 et 2022, il y a eu 147 nouveaux cas de cancers pédiatriques chez des enfants âgés entre 0 et 14 ans.

On observe une forte augmentation des problèmes de surpoids et d‘obésité alors que les troubles de santé mentale (troubles du spectre d‘autisme, troubles des comportements alimentaires) sont globalement en hausse.

Face à de tels constats, l’OKaJu recommande au gouvernement de mettre en place une stratégie commune en faveur de l’accès aux soins pédiatriques et préconise l’organisation d’Assises nationales de la santé de l’enfant et des soins pédiatriques.

Parce que c’est «un sujet crucial qui trouve difficilement sa place dans le paysage politique», juge l’OKaJu.