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La rougeole persiste en Moselle


Les symptômes qui apparaissent une douzaine de jours après l’exposition au virus sont : fièvre, conjonctivite, écoulement nasal, points blanchâtres à l’intérieur de la bouche et éruption cutanée. (photo: LRL)

Comme la Nouvelle-Aquitaine, où une personne est récemment décédée de la rougeole, la Lorraine est un foyer persistant de la maladie en France. En cause, notamment, un taux de vaccination insuffisant.

Une jeune femme de 32 ans, qui n’était pas vaccinée, est morte de la rougeole au CHU de Poitiers (Vienne) il y a quelques jours, a annoncé l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine.

DOSSIER

Ce décès relance la question de la vaccination jusqu’à pousser Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à demander hier aux personnes non vaccinées de faire un « rattrapage ». L’Agence régionale de santé du Grand Est précise que si « la région a connu une épidémie de rougeole entre février et avril 2017, depuis le début de l’année, le Grand Est ne connaît aucune épidémie de rougeole. »

L’épidémie de rougeole qui sévit en Nouvelle-Aquitaine, depuis début novembre 2017, « persiste » dans cette région. Ce fut également le cas en 2017 dans le Grand Est, et tout particulièrement en Moselle et dans le Bas-Rhin.

Taux de vaccination plus faible

La Moselle est le troisième département de France où la rougeole a le plus frappé en 2017, avec 56 cas « déclarés » (sur 519 en France) et un taux d’incidence très élevé de plus de 5 cas pour 100 000 habitants, alors que les objectifs que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixés en Europe, pour interrompre la circulation endémique de la maladie, sont d’une incidence annuelle de 0,1 cas/100 000 habitants.

L’objectif de l’OMS fixe également le taux de couverture vaccinale à l’âge de 2 ans à 95 %. Or, selon Santé publique France, il était légèrement inférieur à 75 % en Moselle en 2015.

Le bilan épidémiologique de la rougeole en France en 2017, publié par cette agence, révèle que la « circulation du virus s’est intensifiée en 2017 […]. Six fois plus de cas qu’en 2016 se sont déclarés […], en lien surtout avec des foyers épidémiques en Lorraine, Nouvelle Aquitaine et Occitanie ».

Santé publique France annonce aussi dans ce document que « la France n’est pas à l’abri d’une épidémie d’ampleur importante », en raison de la circulation active du virus dans plusieurs départements, dont la Moselle, le Bas-Rhin et dans une très moindre mesure la Meurthe-et-Moselle.

L’Agence de santé publique signale que l’on observe actuellement « des épidémies d’ampleur en Allemagne et en Belgique », notamment frontalières de la Moselle, mais aussi une très forte épidémie en Europe et notamment en Roumanie avec plus de 6 000 cas déclarés en 2017.

Flux transfrontaliers

Chaque année, le Centre national de référence (CNR) des virus de la rougeole, rubéole et des oreillons du CHU de Caen identifie des génotypes du virus et leur circulation géographique. En 2017, les génotypes D8 et B3 ont été identifiés.

Or, la rougeole de génotype B3 circule, selon le CNR, « dans plusieurs pays européens, en Allemagne, Belgique, Italie, mais surtout en Roumanie. » Ce même génotype B3 « était présent en France en 2016, en lien avec un foyer épidémique à Calais ».

En 2017, en France, sur 172 génotypes identifiés, 75 étaient de type B3, dont 33 dans le Grand Est, qui concentre le plus grand nombre de virus de ce type sur le territoire national. Ces analyses pourraient induire que « la première cause de persistance de la rougeole est due à un taux de vaccination insuffisant », confirme l’ARS du Grand Est.

Les flux transfrontaliers du Grand Est avec l’Allemagne et la Belgique et les flux migratoires d’Europe de l’Est, pour lesquels la Moselle et le Bas-Rhin sont une porte d’entrée identifiée, jouent probablement aussi un rôle dans la persistance de la maladie en région.

La Moselle est le troisième département de France où la rougeole a le plus frappé en 2017

Stéphanie SCHMITT/ Le Républicain Lorrain