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La police a peut-être empêché un acte terroriste en arrêtant Alex


«Nous n’avons trouvé aucun élément à sa décharge», précise une policière.

«Danger imminent» pour le SREL et les enquêteurs certains qu’il préparait un passage à l’acte, ses idées néonazies et la fabrication d’explosifs n’étaient pas que des lubies d’ado.

À la suite d’une dénonciation de l’étranger, le Service de renseignement de l’État (SREL) a estimé qu’Alex représentait un «danger imminent» et qu’il fallait agir rapidement pour l’empêcher de nuire. C’était en février 2020, le jeune homme de 18  ans à l’époque est arrêté le 22 février de la même année à son retour de Suède, d’où il est originaire. L’enquête de la section antiterrorisme de la police judiciaire confirme les informations du SREL : Alex prépare des explosifs et appartient à deux groupements classés comme terroristes, The Base et The Green Brigade. Au nom de cette dernière, il avait incendié une ferme à vison située en Suède quelques mois plus tôt et avait été condamné.

Du peroxyde d’acétone et de la nitroglycérine, entre autres produits chimiques, ainsi que diverses armes – couteaux, dagues, sabres et fusils à air comprimé – et uniformes nazis sont saisis lors d’une perquisition au domicile de son père à Strassen. Les éléments chimiques entrent tous dans la composition de dispositifs typiques des attentats terroristes comme des bombes à clous, à fragmentation ou biologiques. «Nous avons mis la main sur une livre d’explosifs stables», précise une enquêtrice. Ils devaient être destinés à la construction d’un engin explosif mobile. «Il en avait la capacité et l’intention.»

Et le gamin à la voix enfantine s’entraînait. Sur des vidéos filmées par son père, on le voit allumer des objets explosifs de sa fabrication dans des champs ou dans son laboratoire. Il rit bêtement, fait des doigts d’honneur et laisse sa famille vivre sur une bombe potentielle étant donné le caractère instable des produits. «Il a montré son habileté à produire des explosifs en grande quantité. Cinquante grammes de peroxyde d’acétone font l’effet d’une grenade», indique l’enquêtrice.

En parallèle, des perquisitions et des auditions ont lieu chez des amis du prévenu aux Pays-Bas et en Suède notamment ainsi qu’au Luxembourg où deux de ses amis sont entendus au sujet de ses activités. L’enquête est vaste. Les policiers ratissent le net, s’appuient sur les rapports d’enquête de polices occidentales qui enquêtent également sur ces groupes terroristes et effectuent des arrestations. «Nous n’avons trouvé aucun élément à sa décharge», précise la policière. Même ses parents semblent avoir soutenu contre leur gré sa haine de l’autre et ses accès de violence, poursuit-elle. «Il les commandait.» Alex ne semblait d’ailleurs absolument pas impressionné par son arrestation et se serait montré «très hautain lors des auditions» avec la police.

Sang-froid et manque d’empathie

L’adhésion à ces groupes a renforcé la confiance en soi du gamin harcelé et mal dans sa peau qui a été amené à changer d’établissement scolaire à plusieurs reprises. Pour l’enquêtrice, Alex «manque d’empathie» et n’a jamais caché sa passion pour le national-socialisme. Un montage vidéo réalisé par lui-même et diffusé lors de l’audience de vendredi montre, selon lui, «les moments les plus drôles» du film Schindler’s List avec le titre I Like to Move It en fond sonore. On tombe dans l’abject. «Son comportement lors de l’enquête était parlant», poursuit la policière. «Malgré son jeune âge, il faisait preuve d’un sang-froid énorme. Nous n’avions pas affaire à un gamin perdu.»

Mais à un membre respecté des deux groupes terroristes. Il aurait été impliqué dans le recrutement, produisait du matériel de propagande et aspirait à y occuper des fonctions élevées grâce à ses connaissances. «Il était complètement radicalisé», souligne l’enquêtrice, dont les membres de son service étaient convaincus que le prévenu serait passé à l’acte s’il n’avait pas été arrêté. Il avait même isolé des objectifs et établi les plans d’une action coordonnée dans l’espoir de faire sauter un système dans lequel il ne se reconnaît pas. Le jeune homme n’est pas un simple apprenti chimiste fasciné par les feux d’artifice, comme il s’est présenté. Il aime la destruction et un autre type de lumière.

Au fur et à mesure des témoignages des enquêteurs, l’étau se resserre autour du jeune qui, assis sur le banc des prévenus, affiche un calme olympien derrière ses cheveux blonds qu’il porte à présent mi-long comme pour marquer que de l’eau a passé sous les ponts depuis le temps où il arborait une coupe de cheveux inspirée des jeunesses hitlériennes plus conforme à son idéologie. Faut-il y voir un message? L’affaire se poursuit mardi prochain.