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La « plus grande » usine de panneaux solaires d’Europe se dessine en Moselle


Le projet de construction de ce qui est présenté comme la plus grosse usine de panneaux photovoltaïques d'Europe prend forme en Moselle. (Photo : Julien Garroy).

Prêts pour la « troisième révolution industrielle »: le projet de construction de ce qui est présenté comme la plus grosse usine de panneaux photovoltaïques d’Europe prend forme en Moselle, avec des habitants a priori favorables.

Sur l’Europôle 2 Sarreguemines-Hambach, un terrain « clés en main », déjà terrassé, attend le début des travaux d’implantation de cette nouvelle usine présentée par HoloSolis, l’entreprise porteuse du projet, comme « la plus grande d’Europe ».

Lorsqu’elle tournera à plein régime, l’usine, qui nécessite un investissement de 709 millions d’euros, assurera l’indépendance énergétique « d’un million de foyers par an », insiste Jan Jacob Boom-Wichers, le président d’HoloSolis, émanation du groupe européen InnoEnergy.

Avec une capacité de cinq gigawatts, elle pourra créer 10 millions de panneaux par an.

Des chiffres qui interpellent les riverains, intéressés par le projet.

Durant la concertation, qui s’est achevée mardi, une trentaine d’habitants ont interrogé, sur le terrain de la future usine, l’équipe d’HoloSolis à propos des bâtiments qui seront construits: quelle sera leur taille ? Seront-ils bruyants ? Vont-ils rejeter des odeurs ? D’autres redoutent l’implantation d’un site Seveso présentant des risques d’accidents majeurs, alors qu’un autre est déjà présent à proximité.

Jan Jacob Boom-Wichers tente de rassurer et de montrer comment fonctionnera le site: d’un côté sera placée l’unité de fabrication des cellules photovoltaïques, de l’autre l’assemblage.

« Révolution industrielle »

Ce même site avait déjà porté un projet similaire du norvégien REC Solar, pour un investissement de 681 millions d’euros devant créer au moins 1 500 emplois. Il avait été abandonné en 2022.

REC Solar avait déjà recueilli de nombreux avis favorables, comme celui de l’Association de défense contre la pollution de Sarreguemines et environs (ADPSE), qui émettait toutefois des réserves sur l’utilisation de l’eau par le site, jugée trop élevée.

« Globalement, nous soutenons ce projet qui s’inscrit dans une logique vertueuse pour la transition énergétique », a indiqué la porte-parole de l’ADPSE, Isabelle Hoellinger. Comme pour le projet précédent, l’attention de l’association « se porte prioritairement sur la bonne utilisation de l’eau ».

Lors du sommet Choose France en mai dernier, le ministre français de l’Industrie Roland Lescure saluait la production prochaine de « panneaux photovoltaïques Made in France », alors que « pendant des années, on a subventionné des panneaux photovoltaïques qui étaient faits au bout du monde ».

« Notre monde change, on est en train de vivre la troisième révolution industrielle », assure M. Boom-Wichers. Selon lui, l’Est de la France a été acteur de la première « avec le charbon », mais la deuxième, celle du pétrole, a échappé à l’Europe.

En 2022, 900 milliards d’euros ont été donnés à des nations extra-européennes pour « faire venir du gaz et du pétrole », rappelle-t-il.

1 700 emplois 

Lors du dernier atelier de la concertation publique, une habitante retraitée de Willerwald –village dont les premières maisons sont situées à moins de 600 mètres du site– a demandé si des quotas de panneaux solaires pourraient être réservés aux riverains.

« Mon marché favori, c’est le résidentiel », explique M. Boom-Wichers, avec des installateurs locaux et des distributeurs fidèles dans leurs commandes.

Quant à la matière première, et notamment au verre des panneaux, « on souhaite qu’il vienne d’Europe », assurent les porteurs du projet.

L’usine emploiera à terme 1.700 personnes. Et la technicité demandée a aussi justifié, selon Jan Jacob Boom-Wichers, le choix de cette implantation parmi 40 sites dans six pays: « La population a l’habitude de travailler dans des usines » et dispose « d’un savoir-faire unique », souligne-t-il.

En décembre, HoloSolis effectuera sa demande de permis de construire ainsi que d’ICPE (Installation classée protection de l’environnement), pour un démarrage des travaux prévu au deuxième trimestre 2024, et un début de production en 2025.