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«La plus ancienne fresque du pays» se trouve… à Hamm !


Ce qui, au XIVe siècle, était encore une fenêtre (à g.) sur la fresque murale permettait aux lépreux qui étaient soignés dans le couvent situé derrière l'église de Luxembourg-Hamm d'assister à la messe. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Les travaux de restauration d’une peinture murale datant du XIVe siècle, en l’église de Hamm, ont été achevés et officiellement présentés mercredi. Un héritage historique inestimable !

Le quartier de Luxembourg-Hamm avait rendez-vous avec l’Histoire (avec un grand «H», s’il vous plaît), mercredi après-midi. En effet, la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, a procédé à l’inauguration de la restauration de la fresque murale médiévale la plus ancienne du pays, selon les historiens.

Lydie Polfer, historienne aguerrie

Pour la bourgmestre de la capitale, Lydie Polfer, l’événement était forcément de taille. En connaissance de cause, la députée-maire explique, dans le costume de l’historienne méticuleuse : «Il y avait déjà une église, ici à Hamm (rue Haute), laquelle datait du XIVe siècle. Elle avait été inaugurée en 1340. Et il s’y trouvait donc cette fresque, qu’on vient de restaurer. Cette église a ensuite été démolie, tandis que l’église actuelle de Hamm a été construite au début du XXe siècle, entre 1902 et 1903. La fresque murale qui s’y trouvait a alors été repeinte une première fois, et ce, dans les années 1960. Elle a ensuite été restaurée une première fois, au début du XXIe siècle, mais entretemps, elle a tellement été salie qu’on n’y voyait plus rien», relate la députée-maire de Luxembourg.

Le collège des bourgmestre et échevins a par après été saisi d’une demande de restauration de cette fresque par des habitants du quartier et la Ville y a donné une suite favorable. «Nous estimons que les églises, qui appartiennent à la Ville, constituent une partie très importante de notre patrimoine culturel, architectural et historique. La rénovation a donc été entreprise, et aujourd’hui, nous pouvons considérer un aboutissement qui dit beaucoup de choses, au-delà de la fresque elle-même, sur l’Histoire de notre ville, de notre communauté et de notre pays. Le résultat final des travaux s’avère impressionnant! Cela me touche parce qu’il paraît, selon les historiens, qu’il s’agit de la plus vieille fresque gothique, non seulement de la capitale, mais de tout le Grand-Duché», s’émerveille la bourgmestre.

La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, en train de scruter les plans avec la restauratrice en chef, Geneviève Reille-Taillefert. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, en train de scruter les plans avec la restauratrice en chef, Geneviève Reille-Taillefert. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

«La lèpre, c’était le Covid de l’époque…»

La fresque en question respire en effet l’Histoire du pays, notamment de par la fenêtre désormais «bouchée» que l’on peut apercevoir sur celle-ci (voir photo ci-dessus). «La légende veut que Jean l’Aveugle mangeait à cet endroit et cette ouverture a d’ailleurs été inaugurée à l’époque de la création de la Schueberfouer. Plus certainement, cette petite fenêtre était une façon pour les lépreux qui étaient soignés dans le couvent situé à l’arrière de pouvoir assister à la messe. La lèpre, c’était le Covid de l’époque… Aujourd’hui, on sait mieux se soigner, mais cela montre une partie de l’histoire de la Ville et de la société. Cela est aussi synonyme du respect que nous avons face à notre histoire et ceci est très important pour moi. De manière générale, avec cette restauration, nous comprenons mieux d’où nous venons et pouvons, dès lors, mieux préparer le futur», estime finalement la bourgmestre.

Claude Damiani

Les tenants et aboutissants du projet

Chronologie :
– 1902 : agrandissement de l’église de Hamm avec démolition de l’ancienne nef.
– 1924 : décoration de l’église dans un style néo-gothique.
– 1966 : décapage des peintures néo-gothiques, découverte de la fresque gothique.
– 18/02/2019 : autorisation du collège des bourgmestre et échevins pour une opération de sauvetage de la fresque gothique (peinture murale).
– 10/05/2019 : décision du collège des bourgmestre et échevins de charger la société Asecrem de l’étude, du traitement, de la conservation et de la restauration de la peinture murale.
– 6/04/2020 : remise du mémoire final de restauration par Asecrem. Les interventions ont été effectuées par Geneviève Reille-Taillefert, Henri Taillefert et Marin Buiret, restaurateurs d’œuvres d’art et monuments.
– 23/09/2020 : inauguration. Budget : coût des travaux de restauration : 51 714 euros TTC (25 % subsides du SSMN inclus). Maîtrise d’ouvrage : Ville de Luxembourg. Maîtrise d’œuvre : Ville de Luxembourg, les deux musées de la Ville de Luxembourg, direction de l’Architecte, service bâtiments, et Sites et Monuments nationaux (SSMN). Corps de métiers : atelier Asecrem (art et création, restauration de monuments), www.asecrem.lu.

«Restaurée avec beaucoup de délicatesse»

Le directeur des deux musées de la Ville de Luxembourg, Guy Thewes, se dit très satisfait du résultat final des travaux de restauration. (Photo  : Claude Damiani)

Le directeur des deux musées de la Ville de Luxembourg, Guy Thewes,
se dit très satisfait du résultat final des travaux de restauration. (Photo : Claude Damiani)

Le directeur des deux musées de la Ville de Luxembourg, Guy Thewes, évoque une restauration qui ravive «la pureté de la fresque murale d’origine».

Le directeur des deux musées de la Ville de Luxembourg, à savoir le Lëtzebuerg City Museum et la Villa Vauban (musée d’Art de la Ville de Luxembourg), Guy Thewes, approuve sans concession aucune l’excellent travail de restauration accompli. En effet, depuis les doléances de résidents du quartier de Hamm qui remontent à 2018 seulement, le projet de restauration de la peinture murale de l’église a été exécuté avec rapidité, mais surtout selon un savoir-faire indéniable.

Coordination par les deux musées de la Ville

«Lorsque des habitants du quartier de Hamm se sont adressés à la Ville de Luxembourg afin de restaurer cette fresque, la Ville nous a confié la mission de nous rendre sur les lieux, pour une première analyse. Après examens approfondis, et à la suite de la sollicitation de spécialistes et de restaurateurs, nous avons pu avoir un avis concret sur la question de cette restauration. Il est ressorti de ces études liminaires que cette fresque remontait réellement au XIVe siècle et qu’il y avait peut-être moyen de la « sauver ». Informée, la Ville de Luxembourg a donné son feu vert, de concert avec le service des Sites et Monuments nationaux, en vue d’engager une campagne de restauration de la fresque murale», indique Guy Thewes.

La suite? La coordination du projet a été pilotée par les deux musées de la Ville. Quant au résultat final, Guy Thewes ne peut que le saluer : «La Villa Vauban, par exemple, est un musée d’art ancien où l’on peut admirer des tableaux des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, lesquels sont considérés comme de l’art ancien. Sinon, il existe peut-être encore des traces de fresques très anciennes dans l’église Saint-Michel (rue Sigefroi), mais si cela devait ne pas être le cas, la fresque de l’église de Hamm est bien la plus ancienne peinture murale du Grand-Duché. Par ailleurs, je suis d’avis que sa restauration a été faite avec beaucoup de délicatesse et que nous avons fait un très bon choix, ce faisant : on retrouve-là la pureté de la fresque originale.»