Le «poumon vert de la Terre» était au centre d’une campagne de Greenpeace, vendredi, à Luxembourg.
Trois jours avant l’ouverture de la COP30 au Brésil, Greenpeace Luxembourg a décidé d’attirer l’attention sur le plus grand réservoir de biodiversité au monde, menacé par la déforestation : l’Amazonie. Comment? En installant vendredi, place Guillaume-II, en plein cœur de la capitale, des lettres géantes formant le mot Amazonia. Et en proposant divers ateliers au public dans l’après-midi, avant le clou de la journée à 18 h 30, une projection immersive de son et lumière sur les lettres, pour raconter l’histoire de cette forêt, «sa beauté, sa biodiversité exceptionnelle, les communautés qui en dépendent, mais aussi sa destruction alarmante».
Sur le stand de Greenpeace, plusieurs de ses membres, vêtus de blousons verts, se tiennent prêts à parler avec les passants. Altynaï Bidaubayle, chargée de campagne, attend de cet évènement qu’il permette aux curieux de «pouvoir être en contact avec nous et de pouvoir discuter». Oui mais voilà, l’Amazonie a beau se retrouver au centre de l’actualité puisque la COP30 s’y déroulera, comment se sentir proche d’un territoire qui appartient à un monde complétement différent du nôtre?
«On a fait venir le mot Amazonia à Luxembourg pour susciter la curiosité des passants», résume la jeune femme. Ces immenses lettres blanches ont voyagé d’Amsterdam à Bruxelles en passant par Paris, accompagnées la plupart du temps par la délégation des peuples autochtones – «comme on voulait garder les lettres au Luxembourg pour d’autres projets, on a un peu désynchronisé», la délégation est venue au Luxembourg en septembre, sourit Altynaï Bidaubayle.
Le Luxembourg peut agir
À côté de l’installation, une tente immersive est tenue par Youth4Planet. Lorsqu’il entre, le participant se place derrière un écran vert et traverse plusieurs ambiances : celle de la forêt vierge, puis de la forêt abîmée par les incendies causés délibérément par des entreprises d’agroalimentaires, avant que ne soit délivré un message d’espoir. Un avant-goût de ce qui attend les passants à 18 h 30 avec la projection d’un spectacle immersif. Le dispositif est complété par des minividéos enregistrées, des cartes postales destinées aux délégués de la COP30 – une manière d’offrir aux enfants et aux parents un geste à leur mesure, sans moralisme.
Après avoir réduit la distance entre l’Amazonie et le Luxembourg, que les participants se sont mis à la place des peuples autochtones de cette forêt équatoriale, qu’ils se sont «imprégnés de cette beauté», ils peuvent alors «développer le sentiment de vouloir la protéger», glisse Altynaï Bidaubayle. Pour ce faire, une pétition est en ligne et sur le stand de Greenpeace, explique-t-elle avant d’ajouter, lucide, que rien ne se passera sans des décisions politiques.

«Il y a des entreprises qui détruisent la biodiversité et qu’on héberge ici au Luxembourg sans aucun garde-fou. Ça doit nous amener à nous poser des questions sur comment et avec qui nous voulons créer notre richesse», soupire la jeune femme, avant de donner un exemple : «JBS est une entreprise brésilienne, qui a des holdings au Luxembourg et qui profite des avantages financiers qu’offre le pays. Elle est le plus gros producteur de viande au monde et c’est une des principales responsables de la déforestation. Est-ce qu’on est prêt à accueillir ce type d’entreprise dont la principale activité menace la survie de l’Amazonie, indispensable à la préservation du climat?».
Le Luxembourg a un rôle à jouer, assure la jeune femme. Au sein de l’Union européenne où «les problématiques environnementales ne sont plus priorisées» et à la COP30. «On a besoin du grand public, que les personnes soutiennent les actions de la société civile de Greenpeace et d’autres ONG parce que ça permet d’avoir un meilleur rapport de force», insiste-t-elle avant d’avertir : «Cela fait des années qu’on parle de cette question de la déforestation, mais là, on arrive vraiment bientôt à un point de bascule.»