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La pauvreté infantile persiste et s’aggrave au Luxembourg


La hausse des prix de l'énergie et l'inflation restent des facteurs aggravants de pauvreté infantile au Grand-Duché.

Avec 25,6 % d’enfants menacés de pauvreté et le 8ᵉ pire rang de l’UE, le Luxembourg voit la pauvreté infantile progresser malgré sa richesse, alerte l’Unicef dans son rapport délivré ce jeudi 20 novembre.

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Dans l’un des pays les plus riches du monde, un constat alarmant persiste depuis maintenant plusieurs années : 25,6 % des enfants de moins de 18 ans sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale au Luxembourg. C’est ce que révèle le nouveau rapport de l’Unicef Luxembourg publié ce jeudi, qui tire la sonnette d’alarme sur une situation qui continue de se dégrader malgré les politiques sociales en place.

Le Luxembourg se distingue comme «l’un des pays les plus riches du monde : son produit intérieur brut (PIB) par habitant est le plus élevé d’Europe et son système de protection sociale est solide», rappelle le rapport.

Pourtant, «la pauvreté des enfants a augmenté de 3,7 points de pourcentage entre 2012 et 2021», plaçant le pays parmi ceux où la pauvreté relative des enfants est la plus élevée. L’Unicef en conclut que le Luxembourg «a perdu dix ans ou plus de progrès dans la réduction de la pauvreté des enfants».

En 2024, 24,1 % des enfants vivaient ainsi en dessous du seuil de pauvreté, confirmant la persistance des inégalités sociales au sein du pays, qui se classe désormais au huitième rang des pays de l’Union européenne pour cet indicateur.

«Plus de 40 % des enfants vivant dans des familles monoparentales vivent dans la pauvreté», précise encore le rapport. Une situation particulièrement préoccupante quand on sait qu’«environ 86 % des parents à la tête des ménages monoparentaux sont des femmes, qui consacrent jusqu’à 49 % de leur revenu disponible au logement».

Le coût du logement constitue d’ailleurs (sans surprise) l’un des principaux facteurs de pauvreté des enfants au Luxembourg, affectant de manière disproportionnée certaines parties de la population.

Cette situation est encore aggravée par «l’augmentation du coût de vie au Luxembourg, comme la hausse des prix de l’énergie et l’inflation, qui touchent de manière disproportionnée les familles à faible revenu et les familles monoparentales», pointe l’Unicef.

Un appel à l’action immédiate

Tout n’est cependant pas si sombre. Le gouvernement a mis en place diverses politiques pour lutter contre la pauvreté infantile : l’exemple des chèques-services accueil (CSA) le démontre. «L’introduction des chèques-services accueil (CSA) en 2009 et leur réforme ultérieure en 2022, qui a permis de fournir des services de garde gratuits aux enfants scolarisés, ont réduit le risque de pauvreté infantile de plus de 3 % en 2023.»

Cependant, «des obstacles tels que la complexité administrative, le ciblage inefficace et le manque de sensibilisation empêchent de nombreuses familles de faire valoir leurs droits», souligne le rapport.

Face à ces constats, l’Unicef propose une réforme combinée des allocations familiales, du congé parental et des services de garde d’enfants. Selon les projections, «les politiques proposées réduiraient la pauvreté des enfants d’environ 1 enfant sur 4 à 1 enfant sur 10, si toutes les nouvelles politiques proposées étaient mises en œuvre».

Parmi les recommandations clés, on retrouve aussi la révision de la méthode de calcul des allocations familiales en maintenant le système universel, mais en ciblant mieux les besoins; l’établissement d’un congé parental universel et inconditionnellement accessible, en supprimant les exigences d’emploi actuelles; une extension de la gratuité de la garde d’enfants pour inclure 40 heures par semaine pour les enfants de 1 à 4 ans; une simplification des processus de demande et une automatisation des aides dans la mesure du possible.

«Les retards dans la lutte contre les taux élevés de pauvreté des enfants au Luxembourg n’entraîneront que des coûts économiques et sociaux plus élevés dans les secteurs public et privé au fil du temps», avertit le rapport.

Pour l’Unicef Luxembourg, le message est clair : «Il est maintenant temps d’agir.» L’organisation souligne que «pour le Luxembourg, placer cette lutte au cœur des priorités politiques signifie investir dans une population plus saine, résiliente et productive, avec des économies budgétaires significatives à long terme».

Quelques chiffres à retenir

En décembre 2024, le nombre de pères en congé parental était plus important que le nombre de mères (8 046 hommes contre 5 625 femmes). Cependant, les hommes sont moins susceptibles que les femmes de prendre un congé parental à temps plein (29 % contre 69 %, respectivement) et sont plus susceptibles de le prendre plus tard dans la période d’admissibilité (93 % contre 15 %, respectivement).

Les 20 % les plus riches de la population jouissent d’un niveau de vie moyen 4,8 fois supérieur à celui des 20 % les plus modestes, «ce qui crée des pressions supplémentaires sur la cohésion sociale», pointe l’Unicef.

Alors que les familles avec un ou deux enfants ont un risque de pauvreté d’environ 15 %, ce chiffre grimpe à près de 40 % pour les familles de trois enfants ou plus.

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