Effroi aux antipodes. Alors que les fêtes de fin d’année et leurs traditionnels bols de chips se profilent à l’horizon, la Nouvelle-Zélande déplore une très mauvaise récolte de pommes de terre qui fait craindre une « chipocalypse » à Noël.
Soit une pénurie potentielle de chips, de loin le snack préféré des Néo-Zélandais, et de frites, sans lesquels les fishs and chips ne sont plus.
En cause, un hiver particulièrement humide dont les fortes pluies ont noyé une partie des récoltes.
La Nouvelle-Zélande produit chaque année 525.000 tonnes de pommes de terres, en deux cents variétés différentes, cultivées sur 10.000 hectares, principalement dans les régions de Pukekohe, au sud d’Auckland, d’Hawkes Bay, sur la côte est de l’île du Nord et de Canterbury, sur l’île du Sud.
Les deux tiers de cette production sont transformés en frites (250.000 tonnes) et en chips (75.000 tonnes).
Cette année, environ 20% de la récolte annuelle du pays a fini noyé. Les pommes de terre ont souvent pourri avant même de pouvoir sortir de terre ou n’ont pu être ramassées, les sols gorgés d’eau ne supportant pas le poids d’un tracteur.
« De nombreux agriculteurs ont dû également interrompre la plantation des pommes de terre, qui sont récoltées à l’automne », a indiqué Chris Claridge, directeur de Potatoes New Zealand, qui représente la filière.
« Les variétés les plus affectées par les fortes pluies sont celles utilisées pour les produits apéritifs à base de pomme de terre, ce que nous autres, kiwis, appelont +crisps+ », explique Chris Claridge.
« Deux des quatre sociétés qui fabriquent ce genre de produits dans le pays doivent faire face à des ruptures d’approvisionnement. En attendant que les stocks kiwis (néo-zélandais) remontent, certains groupes importent des +potato snacks+ d’Australie », ajoute-t-il.
Depuis la mi-mars, l’île du Nord a reçu 25% d’eau de plus que la normale, et dans certaines parties du pays, le niveau et la fréquence des précipitations ont battu des records, faisant de 2017 la troisième année la plus humide jamais enregistrée.
« Potatogeddon »
« Nous avons déjà connu des épisodes pluvieux », a expliqué Bharat Bhana, dont l’exploitation se situe à Pukekohe, au sud d’Auckland, une région particulièrement touchée.
« Cette fois c’est très inhabituel. Un tiers de ma récolte d’hiver est perdue, le sol n’ayant pas eu la chance de sécher entre les épisodes pluvieux. Ce sera une année à perte ».
Autre conséquence, la hausse des prix. En août, le kilo était à 2,12 dollars kiwis (1,25 euros) contre 1,94 un mois avant (1,14 euros).
Selon Chris Claridge, le kilo de pomme de terre vaut 25% de plus que d’habitude à cette période: « Normalement, à l’approche de l’été, l’offre est à son plus haut niveau et les prix baissent. Cette année, c’est l’inverse. Les variétés croustillantes sont les plus concernées par cette hausse ».
Quant à l’exportation, si le neuvième plus gros vendeur de pommes de terre du monde parvient à maintenir la quantité exportée (vers les îles du Pacifique notamment), les prix ont en revanche doublé. En Nouvelle-Zélande où la pomme de terre est une affaire sérieuse, certains n’ont pas hésité à parler de « potatogeddon » (forgé sur les deux mots pomme-de-terre et armageddon, terme biblique qui désigne la fin du monde, NDR).
Sur twitter, le hashtag #chipocalypse fait des émules et l’on évoque, pour se faire peur, l’année de la précédente pénurie de patates qui n’est pas si éloignée: 2014, de funeste mémoire pour les amateurs de chips.
Au cas où la météo ne s’arrangerait pas, les Kiwis pourront se consoler avec des plats à base de patates fraîches qui, elles, ne devraient pas manquer pour les fêtes. Chris Claridge l’a solennellement promis à ses compatriotes par voie de presse: ils auront des pommes de terre à Noël.
Le Quotidien/ AFP