Les leçons de l’accident qui a fait cinq morts début septembre sont en train d’être tirées. Même si l’erreur est souvent humaine, des mesures pourront être prises pour limiter les risques.
Lundi 1er septembre, vers 18 h 10, un accident de la circulation s’est produit sur la N15, entre Feulen et Heiderscheid, quand une voiture et une camionnette sont entrées en collision frontalement et ont pris feu. Cinq personnes sont décédées. Ce qui en fait l’un des plus graves recensés sur les routes luxembourgeoises. Et ce ne serait pas le premier à cet endroit, selon les informations du député Pirate Sven Clement. Une personne y a perdu la vie en 2020.
Ému par le drame, Sven Clement a assailli la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, de questions sur la potentielle dangerosité de la nationale 15 et sur les éventuelles mesures prévues pour éviter qu’un tel accident ne s’y reproduise. Or, selon la ministre, la N15 ne serait pas plus dangereuse qu’une autre.
Elle se base dans sa réponse parlementaire au député sur les résultats d’une analyse de l’état des routes nationales réalisée tous les trois ans depuis 2012 par l’administration des Ponts et Chaussées à la recherche d’éléments accidentogènes et d’endroits potentiellement dangereux.
Or, malgré l’accident qui a coûté la vie à cinq personnes, le tronçon de la N15 entre Heiderscheid et Feulen n’a jamais été identifié comme tel, de sorte que la dernière analyse de la situation remonte à 2016 et concernait la partie située entre Heiderscheid et Heiderscheidergrund. Des améliorations y ont été apportées par la suite.
La nationale 15 est en bon état. La route est entretenue régulièrement, la signalisation correspond aux normes légales, le tronçon sur lequel l’accident a eu lieu est en ligne droite et la vitesse y est limitée, énumère Yuriko Backes. Et si des glissières de sécurité n’auraient pas permis d’éviter l’accident, l’installation d’un radar fixe à cet endroit pourrait, après analyse, s’avérer opportune.
L’erreur est humaine
Le groupe de travail «audits de sécurité», qui réunit différents acteurs de la sécurité routière entre autres, est arrivé à cette conclusion. Il se réunit systématiquement pour analyser les circonstances des accidents de la circulation qui ne font pas l’objet d’une enquête judiciaire. Cela a été le cas pour l’accident du 1er septembre dernier. Les analystes ont dû se contenter des éléments récoltés sur les lieux à défaut de pouvoir recourir aux éléments du dossier d’enquête, explique la ministre.
Le groupe de travail cherche à déterminer comment rendre certaines routes plus sûres grâce à des mesures infrastructurelles ou techniques. Il émet ensuite des recommandations aux différents services de l’administration des Ponts et Chaussées. Il peut s’agir d’améliorer la visibilité, d’optimiser les écoulements d’eau, d’adapter le revêtement de sol, de monter des glissières de sécurité ou d’améliorer la signalisation. Les problèmes plus complexes nécessitent des projets de génie civil. Des mesures relevant du code de la route peuvent également être prises pour encourager les automobilistes à changer leur style de conduite au volant.
Car, la ministre a tenu à le préciser, les collisions frontales sont plus souvent dues à une erreur humaine (vitesse élevée, manœuvre de dépassement risquée, distraction…) qu’à l’état de la route. Des défauts techniques du véhicule ou les conditions météorologiques viennent renforcer les risques d’accident en cas d’erreur humaine. Comme toujours, la vigilance au volant est de mise ainsi qu’une conduite adaptée aux conditions de circulation.
Le ministère n’envisage pas de campagne de sensibilisation aux risques d’accidents sur les routes nationales pour le moment. Mais il n’écarte pas l’idée pour autant, a assuré Yuriko Backes.