À la radio en 2020, en version réduite en 2021, la fête de la Musique retrouve enfin le goût des évènements de grande taille cette année, pour six jours de célébrations dans tout le pays, du 16 au 21 juin.
Ils ont mis les bouchées doubles et n’ont pas été avares en propositions : l’année 2022 étant placée sous le signe de l’effervescence culturelle, les organisateurs de la fête de la Musique étaient déjà dans les starting-blocks quand l’évènement avait fait l’année dernière un retour prudent, covid oblige. Cette année, la fête de la Musique va vivre sa 21e édition à travers tout le pays, alors que l’aventure, initiée en France en 1982, fête son 40e anniversaire. Et, après deux rendez-vous hors du commun, l’évènement peut enfin retrouver son public et une certaine liberté.
«C’est un vrai retour à la normale, comme avant la pandémie», se réjouit la coordinatrice nationale de la fête de la Musique, Séverine Zimmer. Mais peut-être pas exactement comme avant : l’édition 2019, qui avait attiré plus de 50 000 spectateurs, proposait 450 concerts en l’espace d’une semaine. En 2022, on plafonne à 300. C’est déjà beaucoup, et plus du double par rapport à l’édition 2021, méticuleusement contrôlée par le ministère de la Santé et avec des contraintes sanitaires sur place. «Cette année nous donne beaucoup d’espoir pour la suite, pas seulement pour nous, mais aussi pour les musiciens qui peuvent enfin remonter sur scène comme avant», reprend Séverine Zimmer.
Du metal aux danses orientales
«La fête de la Musique se célèbre habituellement le 21 juin; au Luxembourg, on a toujours fait durer le plaisir, le temps d’une semaine. Au vu du programme qui nous attend – on en a encore la preuve cette année –, c’est normal!» Ainsi, parmi les 33 communes participant à l’évènement, celles qui se tiennent à la tradition du 21 juin – qui tombe cette année un mardi –, sont largement minoritaires. Ce qui n’empêche pas Echternach, «rare organisateur» téméraire, de prévoir six scènes et plus de quinze concerts en pleine semaine, pour une programmation qui durera jusqu’à la tombée de la nuit autour du jazz, du blues et du rock (avec Fred Barreto ou Benoît Martiny).
Pour la plupart des autres communes, c’est surtout le week-end précédent que la fête se passe. C’est le cas dans la capitale. Pour l’occasion, De Gudde Wëllen se délocalise à l’amphithéâtre du Parc central, au Kirchberg, pour quatre jours fous (du 16 au 19 juin) axés electro, pop et musiques du monde, où l’on pourra «groover» avec le DJ luxembourgeois Rice Krispie, rêver avec le musicien bruxellois David Numwami ou s’enflammer devant la révélation turque Lalalar. En ville, le Mesa Verde piochera dans tout un éventail de sonorités, avec du rock et du metal locaux (Pleasing, Ptolemea, Lata Gouveia Band, Suffocate…), du reggae (Le Vibe), jusqu’aux danses orientales. À Mamer, la musique résonnera trois jours durant (du 17 au 19 juin) sur la place de l’Indépendance, tandis qu’au nord, Ettelbruck mise comme à son habitude sur les réjouissants concerts déambulatoires dans les rues de la ville, et sur trois scènes en plein air.
Ell rejoint la danse
Une fois n’est pas coutume, Dudelange voit les choses en – très – grand, avec onze scènes et la promesse d’occuper le rôle des couche-tard du pays (lire encadré). Mais au sud, on ne pouvait envisager une fête de la Musique sans inviter dans la ronde Esch 2022. La capitale européenne de la culture célèbre à sa manière avec un concept, forcément attaché à la terre. «Minett on Tour», c’est son nom, marque la «collaboration entre l’harmonie de Differdange et dix communes» du sud du pays, indique Séverine Zimmer, pour une journée du 18 juin qui comptera à elle seule 100 concerts donnés par les associations musicales locales. En point d’orgue, un 101e concert rassemblera la totalité des musiciens du projet «Minett on Tour», soit 2022 personnes, pour un grand «show» final au stade d’Oberkorn.
Cette édition de la fête de la Musique est aussi l’occasion «d’accueillir de nouveaux organisateurs». La coordinatrice nationale souligne l’arrivée d’Ell, «qui souhaitait déjà nous rejoindre en 2020». La commune d’à peine plus de 1 200 habitants, qui prendra des airs de guinguette, le 18 juin, lorsque sonneront la folk de The Tame and the Wild ou le punk de Versus You, est «un petit cocon dont on est très fier», ajoute-t-elle. Quant aux collaborations récentes, la participation de cinq radios – bouée de sauvetage de l’édition 2020 – sera reconduite, en mettant à l’honneur, le 21 juin, «la variété et la qualité de la musique « made in Luxembourg »». Séverine Zimmer peut souffler : la «philosophie de cette fête», portée disparue depuis deux ans, est enfin retrouvée.
Une fête en grand à Dudelange
«Voilà bientôt 30 ans que j’organise la fête de la Musique. Ces jours-ci, je passe des nuits blanches, mais quand on aime ce qu’on fait, ça ne compte pas.» John Rech, le directeur de l’emblématique Opderschmelz, est dans une période folle : à peine sorti du festival Like a Jazz Machine, voilà qu’arrivent coup sur coup les deux – copieux – jours de concerts d’Usina22, suivis dans la foulée par la fête de la Musique. Taille XXL, puisqu’à Dudelange, c’est de rigueur.
Dans un prélude quelque peu cérémonieux, les classes d’orgues de Dudelange, Differdange et Sarreguemines donneront un concert à l’église Saint-Martin, le 17 juin. On commence tranquille avant de taper fort le lendemain, pour une fête «spectaculaire», estime Séverine Zimmer. De fait, ce sont pas moins de onze scènes qui feront vibrer toute la Forge du Sud, dès le début d’après-midi, avec des concerts pour toute la famille au parc Émile-Mayrisch ou sur la scène «indé», qui accueillera place de l’Hôtel-de-ville la sensation belge Meskerem Mees ou encore l’incontournable Chaild.
En tête d’affiche, Dudelange accueillera un groupe culte de la fin des années 1980 reformé en 2017, Crash Test Dummies, l’auteur-compositeur-interprète allemand Joris ou la formation de rock alternatif The Coronas. Si le trio irlandais s’est imposé dès les années 2000, on prononce forcément son nom, aujourd’hui, avec un sourire en coin. «Le groupe avait déjà joué à Dudelange en 2019, et voulait revenir l’année suivante, indique John Rech. Ce qui est amusant, c’est qu’ils ont sorti un album pendant la pandémie avec lequel ils n’ont jamais pu tourner, et depuis, ils en ont un autre qui est prêt. Ce concert sera l’occasion d’entendre leurs morceaux les plus récents et quelques inédits… C’est aussi la raison pour laquelle ils sont programmés à minuit : on aura un super spectacle avec de la lumière et un public qui devrait être bien chaud!»
Le reste de la programmation – de qualité, comme toujours à Dudelange – inclut aussi bien des artistes luxembourgeois qu’internationaux et tient à représenter tous les styles musicaux. Et la fête risque de durer car, après la fin des derniers concerts, place aux «after parties» du côté du Café Why Not et du Vagabond Barrr. Prêts pour une nuit d’enfer?
www.fdlm-dudelange.lu
En bref
6 jours de musique, du 16 au 21 juin, dans tout le pays
33 localités participantes
19 organisateurs
300 concerts gratuits
5 radios partenaires
2022 musiciens réunis au stade municipal d’Oberkorn, le 18 juin