La Lorraine a lancé la récolte de ses mirabelles, qui s’annoncent grosses et très sucrées, un or jaune que les producteurs essayent d’améliorer d’année en année, en proposant aussi de nouvelles déclinaisons.
« Ce n’est pas une très grosse récolte, mais on a de beaux fruits, qui ont un peu rougi, grâce aux conditions climatiques », se réjouit, au milieu d’un verger, Quentin Hoffmann, directeur de l’Association régionale d’expérimentation fruitière de l’Est (Arefe). « Ils sont gros, avec beaucoup de sucre ». Un élément essentiel pour les mirabelles : une dose minimum est exigée pour obtenir l’appellation Mirabelles de Lorraine, Indication géographique protégée (IGP) depuis 1996.
Chez Vega Fruits, coopérative qui rassemble 200 producteurs, et par laquelle transiteront environ 4 500 tonnes des 6 500 attendues cette année en Lorraine, on teste donc le sucre de chaque cagette qui arrive. Après avoir extrait le jus d’une poignée de mirabelles, observé ensuite via un réfractomètre, deux jeunes femmes analysent le taux de sucre. Il faut un taux de 15 brix pour l’appellation Mirabelles de Lorraine industrie, 16 pour le fruit de bouche.
Lundi, première journée de récolte – alors que les mirabelles sont les moins sucrées – « on était à 19,5, avec même une pointe jusqu’à 22. Cette année, c’est exceptionnel ! On a quasiment 2 à 3 points de plus qu’à la même période une autre année », sourit Bruno Colin, producteur et directeur de Vega Fruits. A quelques dizaines de kilomètres, au milieu du verger familial des côtes de Meuse, Cécile Blanquier, la petite trentaine, se réjouit aussi en observant ses mirabelliers vibrer les uns après les autres. Depuis quelques heures, une vingtaine de saisonniers s’activent pour faire tomber les petites prunes rondes et jaunes. La récolte durera entre trois et cinq semaines sur la région.
En compotes pour bébé et dans les cosmétiques
Si ces arbres-là sont lourds de fruits, plus bas, dans une autre parcelle, il n’y a rien à tirer. La faute en incombe au gel de la fin avril, se souvient Cécile Blanquier. « Il a fait jusqu’à – 6°C sur certaines parcelles ». Sur celles-là, pas la peine de récolter. La récolte 2017 équivaut à environ 60% des capacités de production lorraine. Des quelque 170 tonnes ramassées, 25% partiront en fruit frais, directement à la vente. Celles-ci seront cueillies à la main. Le reste ira en transformation : compotes, confitures, verrines… « On arrive à sortir tous nos fruits dans des produits différents, et donc à en avoir sur le marché toute l’année », explique la jeune femme, qui ne se destinait pas nécessairement à l’arboriculture, avant de retomber dans le giron familial et de rejoindre ses parents et son oncle au milieu des mirabelliers. Depuis, elle est très investie dans les coopératives, où comme elle de plus en plus de jeunes et de femmes arrivent.
Selon la filière, 28% des producteurs sont des productrices, et 43% ont moins de 40 ans. Une bonne chose, selon Bruno Colin. Qui permet d’innover sur les produits : Vega Fruits fabrique ainsi depuis 4 mois des compotes pour bébé, en petites gourdes malléables. « Les jeunes étaient beaucoup plus sensibles que les anciens. Nous, on ne savait presque pas ce que c’était ! L’idée de la gourde, tout de suite les jeunes ont dit que c’était super ».
Avant les compotes, sans sucres ajoutés et 100% Mirabelles de Lorraine, ce sont les… noyaux qui ont fait l’objet d’une autre innovation : depuis un peu plus de 5 ans, concassés et pressés, ils sont utilisés dans la cosmétique. Il ne reste plus qu’à trouver une issue pour les queues. « Peut-être qu’on arrivera à en faire des tisanes », ironise Bruno Colin.
Le Quotidien/AFP