De minuscules cabines climatisées comprenant matelas et draps propres… L’image renvoie aux célèbres « hôtels capsule » au Japon, mais c’est en Arabie saoudite où débute ce dimanche le grand pèlerinage musulman que ces chambres particulières font leur apparition.
Quelque deux millions de fidèles musulmans venant des quatre coins du monde sont attendus cette année au hajj, l’un des cinq piliers de l’islam. Ce pèlerinage de plusieurs jours nécessite parfois des efforts physiques considérables, notamment à cause de la chaleur écrasante dépassant 40 degrés celsius en ce mois d’août.
Pour rendre le pèlerinage plus agréable à ceux qui ne peuvent s’offrir une chambre d’hôtel, une association caritative a décidé, en collaboration avec les autorités saoudiennes, d’installer cette année une vingtaine de « capsules de sieste » dans la ville de Mina (ouest), adjacente à celle de La Mecque.
Ces chambres particulières, qui seront gratuites, représentent une « solution économique » pour les pèlerins, assure Mansour al-Amer, à la tête de Haji and Mutamer Gift Charitable Association.
Les cabines, de 2,64 m² et 1,2 m de hauteur, sont fabriquées en fibre de verre pour protéger du soleil et peuvent être disposées les unes sur les autres pour gagner de la place.
La température à l’intérieur est réglable par l’utilisateur qui dispose également d’un miroir et d’une prise électrique pour charger son portable.
Les pèlerins pourront ainsi se reposer pendant trois heures au frais et les services de nettoyage profiteront des horaires de prière, cinq fois par jour, pour changer les draps et stériliser les cabines, explique M. Amer.
Economie collaborative
« Cette idée est déjà répandue dans plusieurs pays, comme le Japon. Nous pensons qu’elle est tout à fait adaptée aux endroits très fréquentés comme La Mecque », commente M. Amer.
« Les capsules font partie de l’économie collaborative, comme ces vélos que l’on peut louer une heure avant de les laisser à quelqu’un d’autre », soutient-il.
Douze cabines de ce type ont déjà été testées avec succès près de La Mecque au cours du mois du ramadan, avec une soixantaine de personnes par jour, selon M. Amer.
Tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie le hajj, s’il en a les moyens, et l’afflux de centaines de milliers de personnes représente un défi logistique majeur pour les autorités saoudiennes.
Cette année, elles ont lancé une initiative appelée « smart hajj », avec des applications pour aider les pèlerins à trouver leur chemin ou obtenir des soins médicaux d’urgence auprès du Croissant-Rouge saoudien. Les autorités sont aussi en mesure de localiser les pèlerins grâce à l’application.
Le ministère du Pèlerinage gère également l’application « Manasikana » qui fournit une traduction pour les fidèles ne parlant ni arabe ni anglais.
Ces démarches coïncident avec un vaste plan de modernisation en cours en Arabie saoudite, l’un des pays les plus conservateurs du monde.
Ryad a levé en juin l’interdiction faite aux femmes de conduire, un changement inspiré par le prince héritier Mohammed ben Salmane, présenté comme réformateur.
Mais le royaume saoudien a dans le même temps resserré son étau sur les dissidents, en témoigne l’arrestation d’une douzaine de militantes pour la défense des droits humains ces dernières semaines. Certaines ont depuis été libérées.
Le Quotidien / AFP