Le Premier ministre et président du CSV a lancé une pique malvenue en direction des syndicats, jeudi soir, lors de la fête d’été de son parti. Il a notamment clamé, sur le ton de la boutade, avoir vouloir épuiser OGBL et LCGB pour qu’ils disent «oui à tout».
La réunion tripartite de mercredi, qui a permis de relancer le dialogue social, s’est terminée en pleine nuit, au bout de 11 heures de tractations «très difficiles», selon Luc Frieden. Il souligne le «grand succès» d’avoir réussi à ramener les syndicats et le patronat à une même table. En amont de la poursuite des négociations, lundi prochain, le chef du gouvernement a cependant commis un faux pas, qui restera, a priori, sans conséquences.
«Pas habitués à faire des heures supplémentaires»
Jeudi soir, à la fête d’été du CSV, Luc Frieden a fanfaronné «avoir retenu (NDLR : les syndicats) le plus longtemps possible (…) pour qu’ils finissent pas dire oui à tout». C’est pourtant le gouvernement qui a dû faire une concession majeure en assurant définitivement à l’Union OGBL-LCGB le maintien de leurs prérogatives exclusives en matière de conventions collectives.
«Ils avaient mauvaise mine, ce qui démontre qu’ils ne sont pas habitués à faire des heures supplémentaires», a renchéri le Premier ministre.
Nora Back (OGBL) : «Passons à autre chose»
Vendredi matin, il n’a pas tardé à téléphoner aux présidents des syndicats pour présenter ses excuses. Des excuses que Nora Back et Patrick Dury ont acceptées. Dans une longue interview accordée au Quotidien – à paraître lundi –, la présidente de l’OGBL affirme que «nous avons déjà tous dit sous le coup de l’émotion des choses qu’on n’aurait pas dû dire. Il s’est exprimé dans un cadre décontracté et ça s’arrête là. Passons à autre chose». Par contre, elle déplore que le Premier ministre ait uniquement visé les syndicats : «Cela veut dire quelque chose. Il n’a pas dit que le patronat avait mauvaise mine».
L’opposition fulmine
Les partis de l’opposition fulminent. Marc Baum (déi Lénk) estime que le Premier ministre «se moque des 25 000 manifestants» qui étaient dans la rue le 28 juin et qu’«il n’est plus soutenable». Djuna Bernard (déi gréng) accuse Luc Frieden de «mettre de l’huile sur le feu et démontre qu’il n’est pas un bâtisseur de ponts». Taina Bofferding (LSAP) estime que le chef du gouvernement a affiché un «comportement honteux». «Il veut abaisser (les syndicats) pour faire bonne figure auprès de ses amis du patronat», lance Sacha Pulli, le secrétaire général du LSAP. Marc Goergen (Parti pirate) juge «très grave» les propos du Premier ministre.