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La Maison de retour, plus humaine que le Centre de rétention ?


C’est dans les locaux de la SHUK (Luxexpo) que cette nouvelle «maison» a été installée.

Un mois après son ouverture au Kirchberg, la Maison de retour, qui accueille des demandeurs d’asile déboutés, pose un certain nombre de questions dans les rangs de l’opposition.

Alors que la Maison de retour prévue dans l’accord de coalition a ouvert le 1ᵉʳ septembre au Kirchberg (site Luxexpo), celle-ci suscite de nombreuses interrogations.

Par exemple, cette nouvelle structure pour personnes en situation irrégulière est-elle vraiment une alternative plus humaine à la rétention administrative? Certaines organisations d’aide aux réfugiés et des acteurs de la société civile en doutent sérieusement, d’autant qu’ils n’ont pas été consultés dans sa conception.

Quant aux conditions d’accueil, des élus socialistes craignent qu’elles ne soient guère différentes de celles d’un centre de rétention, tant en termes de personnel que d’infrastructures.

En réponse à la question parlementaire de trois députés LSAP –Paulette Lenert, Dan Biancalana et Claire Delcourt – les ministres Max Hahn (Accueil) et Léon Gloden (Affaires intérieures) fournissent quelques réponses.

Sorties autorisées la journée

Si les ministres DP et CSV ne donnent pas d’explication quant à la mise à l’écart d’organisations telles que la CCDH (Commission consultative des droits de l’Homme), ils soulignent que des membres du Collectif réfugiés ont tout de même pu visiter les locaux le 4 octobre.

Quant au concept de cette structure qui remplace désormais la SHUK (Structure d’hébergement d’urgence au Kirchberg), ils détaillent : par rapport au Centre de rétention où sont placées des personnes en situation irrégulière qui s’opposent à leur expulsion et présentent un risque de fuite, la Maison de retour fonctionne en mode semi-ouvert.

Les personnes qui y séjournent peuvent sortir, mais doivent être de retour chaque soir. Trois repas par jour et des soins médicaux leur sont apportés, tandis que les enfants an âge scolaire fréquentent les classes d’intégration dans l’annexe d’Eurocontrol, aux côtés des enfants du foyer Tony Rollmann géré par l’ONA (Office national de l’accueil).

49 résidents actuellement 

Les 33 hommes, 12 femmes et 4 enfants accompagnés qui y sont actuellement hébergés sont répartis dans quatre unités distinctes, dont une réservée aux femmes ou aux familles, et tous bénéficient d’un suivi psychosocial individuel.

Un cadre qui respecte le principe légal d’assignation à résidence – ne pouvant dépasser six à douze mois – ces personnes ayant accepté de collaborer avec les autorités dans l’attente de leur expulsion du territoire.

Une équipe psychosociale expérimentée

Du côté des encadrants, c’est le personnel de la SHUK qui a été réaffecté : ces professionnels du secteur psychosocial disposent d’une longue expérience dans la prise en charge de familles accompagnées d’enfants, insistent Max Hahn et Léon Gloden.

«Cette même équipe avait géré l’accueil des réfugiés ukrainiens, essentiellement des femmes et enfants, au début de la guerre, et a ensuite encadré des familles avant leur transfert dans un autre État membre.»

Des aides pour favoriser le retour volontaire

Concrètement, sur la préparation au retour volontaire, les ministres indiquent que les personnes déboutées sont reçues en entretien pour leur proposer les différentes mesures d’accompagnement. Chaque ressortissant de pays tiers en séjour irrégulier a droit à une aide.

En collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Direction générale de l’immigration a aussi mis en place un projet pour les personnes avec un droit de séjour dans un autre pays de l’UE afin de favoriser leur réintégration.

Les aides incluent frais de transport, assistance administrative et soins médicaux – jusqu’à 500 euros. «Un nouveau concept sur le conseil au retour volontaire est en cours d’élaboration et sera finalisé prochainement», annoncent-ils.

D’autres Maisons en projet

Enfin, si la Maison de retour au Kirchberg se veut «provisoire», le temps de «trouver une structure adéquate pour la remplacer», les ministres la voient perdurer «tant que le site de LuxExpo restera exploitable».

Des recherches sont en cours pour identifier des terrains susceptibles d’accueillir une, voire plusieurs, Maisons de retour durables.