La Luxembourg Art Week, huitième du nom, poursuit sur sa «dynamique» et s’impose toujours un peu plus comme un rendez-vous automnal qui compte pour les galeries, les collectionneurs et le grand public. Découverte.
Début novembre, le rituel est désormais bien intégré. Sur la place du Glacis, au cœur d’un chapiteau de 5 000 m2 aux allures bien plus «professionnelles» que la halle Victor-Hugo, lieu vétuste des premières émotions, la Lux Art Week continue sa croissance «d’art d’art» et impose ses intentions, chevillées au corps depuis 2015 : jouer dans la cour des grands, malgré la «concurrence», sur la même période, d’autres salons d’art contemporain à la notoriété déjà acquise : Art Basel (Miami), Frieze (Londres), Artissima (Turin), Paris+ (l’anciennement FIAC)… «On a su développer une belle dynamique» et affirmer «une identité remarquable», affirme Alex Reding, le promoteur du rendez-vous, en guise d’explications.
Des chiffres témoignent également de cet engouement, avec cet appel à candidatures, contrôlé par un nouveau comité de sélection qui a dû refuser près de la moitié des 140 dossiers arrivés sur la table.
Souvent à contrecœur : «J’ai des amis qui ne seront pas représentés», souffle le galeriste. C’est ce qu’on appelle la rançon du succès, qui tient, toujours selon lui, au contenu de la LAW et à sa capacité à se remettre en question. «Ce n’est pas une foire qui roule toute seule! C’est devenu une plateforme qui réunit tous les acteurs de la vie culturelle» au Luxembourg, qui plus est «porteurs d’initiatives».
Le tout nouveau Konschtpräis
Du Mudam au Casino en passant par l’Institut français ou encore la LAFA (association englobant les galeries du pays), on ne compte pas moins d’une «vingtaine» d’intervenants nationaux au cœur d’une manifestation devenue au fil du temps «tentaculaire», chacun y allant de sa proposition pour un vrai «fourmillement» artistique (conférences, discussions, visites d’ateliers, installations in situ, sculptures XXL dans l’espace public…).
Lors du vernissage, dans moins de deux mois, la LAW profitera d’ailleurs d’un argument supplémentaire à l’appui de cette professionnalisation tous azimuts : pour la première fois, le ministère de la Culture remettra un prix à un artiste luxembourgeois pour l’ensemble de sa carrière dans les arts visuels (Konschtpräis).
Ce n’est pas une foire qui roule toute seule!
Ce festival de bonnes intentions ne doit cependant pas masquer les réelles ambitions de la Lux Art Week : attirer les collectionneurs au portefeuille bien rempli et les galeries prestigieuses et assurer, par là même, d’importantes retombées économiques (quand il ne s’agit pas de pur clientélisme).
Difficile de donner un chiffre ou un volume des transactions générées lors de la LAW. Alex Reding tente tout de même : «En moyenne, on peut dire qu’une galerie vend environ dix œuvres» sur quatre jours, avec un pic visible lors du lancement (facilité par les invitations VIP) et lors de la clôture. Bien entendu, certaines ne vendent rien, et d’autres plus, en fonction de leurs prix, de leur standing, de leur réseau et de l’aspect «abordable» de leur catalogue (plus c’est avant-gardiste, moins ça se vend!).
Les NFT expliqués
Pour cette édition 2022, on observe d’ailleurs un renouvellement net, avec 37,5 % de nouveaux exposants qui se répartiront, comme une habitude, dans trois sections distinctes : la principale (49 galeries «confirmées»), celle «prospective» dite Take Off (25 «émergentes») et une nouvelle, «Solo», mettant à l’honneur six artistes à travers un projet dédié.
Mais comme une notoriété ne se construit pas en huit ans et qu’il faut toujours se tourner vers l’avenir, la Lux Art Week s’adresse aussi «au public le plus large possible», comme en atteste cette dernière nouveauté : un espace «didactique» dédié aux NFT («non-fungible tokens»), crypto-art imperceptible et terrain de chasse des nouveaux spéculateurs. Un paradoxe au cœur de la LAW, qui, elle, ne cache pas sa valeur.
Du 11 au 13 novembre.
https://luxembourgartweek.lu
8e édition
3 jours et demi d’exposition
80 galeries, collectifs d’artistes et institutions
Plus de 17 000 visiteurs attendus
5 continents / 14 pays représentés
85 % de galeries étrangères