Camille Schroeder, président de la Baueren-Allianz (syndicat agricole), évoque avec nous le changement climatique, la loi sur la protection de l’environnement et le bilan du gouvernement en matière d’agriculture.
Comment le monde agricole ressent-il le changement climatique dans son quotidien ?
Camille Schroeder : Je suis paysan depuis 40 ans et j’ai toujours vu de l’herbe dans les pâtures, d’avril à novembre, à quelques semaines près, bon an mal an. Mais depuis ces trois dernières années, nous avons des périodes où rien de pousse par manque d’eau. Il n’est donc plus possible de nourrir les bêtes dans les prés comme c’était le cas avant. C’est là où le changement climatique nous frappe de plein fouet. Inversement, nous avons des périodes de fortes pluies, mais c’est surtout la sécheresse qui nous préoccupe. Nous en avons connu une au printemps il y a deux ans et rien ne pousse alors. Une sécheresse en mars-avril, c’est une catastrophe pour l’agriculture. Pour nous, le changement climatique est là.
Cette année, nous avons eu un climat plutôt tropical au printemps. La végétation en a bien profité, non ?
Oui, nous avons semé le maïs fin avril, un peu plus tôt que les années précédentes et après nous avons eu ce temps chaud et humide et le maïs a explosé. Puis après, plus une goutte de pluie. La perte sera de l’ordre de 40%. Beaucoup l’ont déjà coupé, avec six semaines d’avance.
Comment les agriculteurs vont ils s’adapter au changement climatique ?
Actuellement des recherches sont menées pour améliorer les semences, faire en sorte que les plantes résistent à la sécheresse, par exemple, ou à des maladies. Mais on peut faire ce qu’on veut, une plante a besoin d’eau et de soleil, c’est tout. Le moindre déséquilibre pose un problème.
Quel bilan tirez-vous de l’action gouvernementale en matière d’agriculture ?
Il y a d’abord eu la loi agraire qui a été votée alors que le pays subissait les mesures d’économie dictées par le « paquet d’avenir ». Les aides ont été revues à la baisse et il serait temps de faire une première évaluation de cette loi et de l’adapter. Nous devons être prêts à livrer nos revendications à l’automne, quand le prochain gouvernement élaborera son programme. Ce n’est pas à la fin d’une législature que l’on adapte une loi, mais elle devra être améliorée par le prochain ministre. Quand on augmente les traitements de la fonction publique, il faut penser à distribuer une part du gâteau aux agriculteurs aussi. Il y a trois ans, on nous a retiré un morceau de gâteau…
Entretien avec Geneviève Montaigu