Initié en 2014, le projet Kufa’s Urban Art prend de l’ampleur. Cette semaine, de nouveaux artistes vont embellir les murs de la ville d’Esch-sur-Alzette, avant une fête dédiée à l’art urbain, célébrant ce laboratoire à ciel ouvert.
Depuis lundi matin, c’est le nouvel arrivage! Après les neuf fresques visibles à la Kulturfabrik, nées d’une volonté d’embellissement du site en 2014, suivies de quatre œuvres situées en plein cœur d’Esch-sur-Alzette – ainsi que deux de plus à Villerupt – l’année suivante, Kufa’s Urban Art poursuit sa dynamique avec sept nouveaux artistes qui, durant toute la semaine, investissent simultanément de nombreux espaces, publics et privés, dans différents quartiers de la ville.
Entre la place du Brill et l’école Grand-Rue, perchés sur leur nacelle et devant d’imposantes surfaces en briques, Mantra, PixelJuice ou encore Tankpetrol s’activent à rendre la ville plus belle grâce à leur patte singulière et leur art aux multiples techniques (peintures, aérosol, collages…). «Mais ce n’est pas que de la décoration, précise Fred Entringer, coordinateur du projet. L’idée, ici, est bien d’utiliser la rue comme moyen d’expression. On va beaucoup plus loin que les tags dégueulasses. Le « street art », c’est du grand art!»
Un constat qui sonne juste quand on tombe sur le travail de l’illustrateur espagnol DULK, à l’univers hyper-coloré et onirique époustouflant. «Il a réalisé une centaine de fresques dans le monde entier, poursuit-il, admiratif. 230 000 personnes le suivent sur Facebook. Lui, comme les six autres, on a de la chance de les avoir à Esch.» D’ici vendredi, veille d’une fête portant haut l’art urbain, le public pourra aller à la rencontre de ces rois de la bombe qui savent se montrer disponibles et loquaces.
«Un spot au niveau mondial»
C’est même l’un des piliers du projet Kufa’s Urban Art. «Il y a celui artistique et l’autre pédagogique, explique-t-on du côté de la Kulturfabrik. Si l’artiste est mis dans les meilleures dispositions pour son travail, il doit aussi transmettre son savoir-faire à des lycéens», à travers l’organisation d’ateliers thématiques. D’où les «très bons échos à tous les niveaux» de l’initiative, qui plaît donc autant – chose assez rare pour le souligner – aux politiques qu’aux locaux, habitants, associations, jeunes en décrochage scolaire, professeurs… Et le succès est tel que l’action s’est étendue à la Grande Région : d’abord, donc, à Villerupt, puis à Longwy, Trèves, Herserange et Thil. Même Wiltz a droit à son «lifting».
«Aujourd’hui, on est présent dans sept villes, et sûrement une dizaine en 2017 avec une première entrée en Belgique, s’enthousiasme Fred Entringer. On en sera presque à une centaine de fresques, ce qui n’est pas négligeable!» Il enchaîne : «Si la ville d’Esch reste le cœur du projet, l’objectif, en 2018, sera d’avoir une galerie à ciel ouvert dans toute la Grande Région.» Un enjolivement au départ «peu ambitieux» qui pourrait devenir «un spot au niveau mondial» dans le futur. Utile, selon lui, pour des villes frontalières «marginalisées» par leur histoire et au faible «potentiel touristique». Une ouverture sur une modernité comme une promesse d’avenir.
Grégory Cimatti