Après un an sans foire puis une année sous restrictions, la kermesse retrouve enfin l’ambiance d’avant Covid pour le plus grand bonheur des forains et avec des nouveaux manèges en prime.
« Oui on a très bien commencé », lance Amé Babacic, l’une des responsables du restaurant Kassel installé sur la kermesse d’Esch-sur-Alzette. C’est un enthousiasme qui est unanime auprès des forains rencontrés hier, sous le soleil. L’odeur des saucisses grillées qui vous chatouillent les narines et se mélange à celle des churros. Les cris de frayeur des manèges à sensation qui se mêlent aux rires des enfants et à la musique populaire crachée par les enceintes. Ça y est la foire comme les adeptes l’aiment, sans restriction, barrière ou masque, la fête de rue est de retour.
« Les gens sont contents de refaire la fête »
Des adolescents qui s’y donnent rendez-vous pour un premier flirt, des grands-parents qui regardent leurs petits chéris les saluer à chaque tour de manège et les challenges entre copains pour attraper des peluches avec une pince qui finit toujours par relâcher sa proie, c’est cette ambiance que les forains sont heureux de retrouver après deux années compliquées, aucune fête en 2020 et des restrictions l’an passé.
«Même si à Esch-sur-Alzette c’est toujours plus calme, les gens sont là, ils sont contents de refaire la fête. Si on avait eu davantage de place dans la ville, on aurait pu faire plus gros et recevoir encore plus de monde», assure Amé. Avec 70 places en terrasse, le restaurant a dressé environ 130 couverts samedi midi. Bien-sûr, la semaine, c’est plus calme. Le restaurant ne voyage qu’au Luxembourg et fait sept foires à travers le pays.
Musiciens et DJs le week-end
Après avoir pris d’assaut les stands de nourriture et les restaurants nomades pendant l’heure de midi, les visiteurs s’attaquent l’estomac plein aux attractions. Il y a du monde partout, chaque manège fait presque le plein même si l’ensemble reste fluide. Les manèges ont pris possession de la place de l’Hôtel de Ville, de la rue Helen Buchholtz et de la place Helen Buchholtz depuis vendredi et seront démontés après le 12 juin. Des musiciens et des DJs se produisent sur la scène les vendredis, samedis et dimanches. Les restaurants et snacks ouvrent tous les jours à 11h, tandis que les manèges se mettent en route à 14h.
Heureux d’être sur «le champ de foire»
«Le monde revient comme avant la période Covid», confirme Cheryl Pelzer, responsable du manège pour enfants Panamericana qui se réjouit de ce retour «à la normale. Enfin!». Elle était là aussi l’an passé «mais avec des attractions dispersées sur plusieurs sites de la ville et les restrictions, l’ambiance n’est pas la même». Cela dit, Cheryl est reconnaissante envers les administrations communales qui se sont toutes investies en 2021 pour ne pas annuler.
En 2020, c’était une autre histoire, «nous étions à la maison». Heureusement les subsides de l’Etat «ont bien aidé. Mais vous savez, être forain c’est plus qu’un métier, c’est un mode de vie. Nous avons l’habitude depuis qu’on est petits de nous déplacer toutes les trois semaines, de vivre ensemble, d’être au contact des gens, donc c’était compliqué pour le moral. C’est triste. Tout ce qu’on veut c’est travailler.» Du coup, elle retrouve le sourire en voyant celui des enfants qui font la queue pour monter sur son manège. «On est heureux. Même l’an passé, quand nous devions désinfecter les sièges et les tickets entre chaque passage, c’était plus de boulot, mais on était contents de reprendre du service, d’être sur le champ de foire.»
Deux nouveautés : le Star World et le Black Pearl
Roy Huard fait partie des nombreux forains qui ont préféré ne pas tenir de stand à la Escher Kiermes en 2021. Son retour fait grand bruit puisqu’il revient avec deux nouveaux manèges : le Star World, des chaises volantes qui montent à plus de 35 mètres de haut et le Black Pearl, un bateau pirate qui se balance. De quoi créer des sensations fortes et voir la ville d’en haut dès six ans. «C’est important de se renouveler régulièrement, c’est ce qui fait venir les gens» explique-t-il ravi d’être de retour lui aussi. Le public semble apprécier ces manèges qu’il a pris en leasing pendant le confinement pour six ou sept ans, la garantie de pouvoir proposer autre chose dans quelques années.
Une vie de bohème de génération en génération
Pendant que les parents forains travaillent sur les foires, les enfants «sont soit en internat, dans la famille ou vont d’école en école», explique Cheryl Pelzer maman de deux enfants de 4 et 7 ans qui elle-même a connu cette vie de bohème étant enfant. «On les retrouve le week-end et pendant les vacances. Le fait de se cantonner au Grand duché nous permet de ne jamais être loin. Moi j’étais chez ma tante tout le temps de ma scolarité».
Une vie qui ne lui a pas déplu, bien au contraire, «sinon je ne serais pas là. Mes parents ont tout fait pour me laisser le choix. J’ai fait des études jusqu’à 22 ans avant de décider de reprendre leur manège. J’aime cette vie. Je pense que je m’ennuierais dans un autre travail. Je préfère faire une journée de 14h ou 16h ici plutôt que 8h enfermée dans un bureau.» L’histoire de famille remonte au moins au temps de ses arrières grands-parents qui avaient un manège de chevaux de bois, «sans moteur, qu’il fallait pousser» et ils se déplaçaient de ville en ville, tractés par des chevaux bien vivants cette fois.